Haïti : quand la violence populaire fait peur aux oligarques et défenseurs du système

Haïti : quand la violence populaire fait peur aux oligarques et défenseurs du système post thumbnail image

By: Rezo Nodwes 25 août 2022

Jeudi 25 aout 2022 ((rezonodwes.com))–

Dans toute l’histoire de l’humanité les grandes luttes pour la liberté,  l’autonomie,  l’indépendance ont toujours été marquées par la violence, certaines plus radicales que d’autres.

Dans une situation de crise organique où les décideurs politiques, les éléments de l’élite ne peuvent en aucune manière résoudre les problèmes structurels qui rongent la société,  on ne peut s’attendre qu’à la violence.

Quand le peuple se retrouve seul face à son destin et perd confiance en ses dirigeants qui sont incapables de contenir la situation , le pire peut arriver . Il est fort probable de basculer vers l’anarchie.

Ce qu’il faut comprendre ,en politique ,les gouvernants sont les serviteurs du peuple ,s’ils se retrouvent dans une position où leur inaction ou encore même leur action favorise un petit groupe au détriment de la majorité,  tôt ou tard cette majorité va se rebeller et elle n’aura d’autre option que la violence pour renverser la situation.

Jamais dans l’histoire du monde un petit groupe d’exploitants n’a laissé la liberté aux exploités de par leur bonne volonté ou par pitié de les voir trop souffrir . Au contraire autant que ces derniers peuvent exploiter le peuple ils le feront avec rigueur et sans recul car leur existence est conditionnée à la domination de l’autre . Demander à des oppresseurs de libérer des opprimés c’est comme demander à un vampire d’arrêter de boire du sang alors que sa survie en dépend.

 l’histoire nous a montré clairement pour qu’Haiti puisse arracher son indépendance de la France, les esclaves étaient obligés de répandre la violence partout dans la colonie . Ces derniers ne pouvaient en aucune situation négocier leur liberté avec les colons dont la richesse de leurs nations reposait sur l’esclavage.

Malheureusement l’intérêt des opprimés n’est jamais en adéquation avec l’intérêt de l’oppresseur en politique; ce qui conduit toujours à la violence des uns contre les autres .

Il y a aujourd’hui des supposés intellectuels qui veulent se comporter en donneurs de leçons invitant le peuple à se comporter comme de petits moutons face à la misère noire ,  la cherté de la vie , l’inflation galopante,  le kidnapping… tout en ignorant que ce dernier  est en train de subir la plus grande violence face à un système conçu pour sa destruction.

Je voudrais leur demander quelle violence est pire de voir plusieurs personnes calcinées dans un État où la police est censé garantir la sécurité ?

Quelle violence est pire  de voir des jeunes filles  abusées violées par des malfrats sur le regard complice de nos dirigeants ?

Quelle violence est pire que de voir des milliers de personnes fuir leurs résidences pour se réfugier dans la rue sur des places publiques ?

Quelle violence est pire de voir des familles mourir de faim  à cause de cette pauvreté extrême ?

Quelle violence est pire de voir des jeunes filles et garçons diplômés se prostituer pour avoir un job ?( aujourd’hui en Haïti un bac chat est plus important qu’un bac+ 4 ou 5)

Quelle violence est pire de voir un jeune recevoir un transfert de 1000 us ,la banque lui remet 100000gd alors qu’il aura besoin de 150000 gd ou même plus pour acheter ces mêmes billets de 1000us ?

Face à ces genres de situations on ne peut en aucune manière accuser le peuple d’être responsable de la violence car c’est ce dernier qui est train de subir la violence des dirigeants, des banques , de l’oligarchie et des bandits qui sont protégés par les VIP ( gwo palto).

A un moment donné la violence devait changer de camp pour que les opprimés puissent enfin regarder les oppresseurs en face et  leur dire qu’ils ont aussi des droits et que malheureusement contrairement à eux ils n’ont pas de visa américain canadien et français, leur existence est attachée à cette terre léguée par les ancêtres.

Toutefois,  l’erreur à ne pas commettre c’est initier une violence sans idéologie car cette dernière n’aboutira à rien sinon qu’à notre autodestruction.

Cette erreur a été commise par nos ancêtres, ils ont fait la guerre de l’indépendance mais n’avait aucun plan aucun projet de société et aucun ideal pour se constituer en nation.

Ce qu’il faut comprendre la violence populaire peut être un pas vers le changement positif si et seulement si derrière il y a une vision.

Les français l’ont montré à travers la révolution de 1789  caractérisée par de fortes scènes de violences mais qui par la suite a été récupérée par l’élite intellectuelle en proposant un nouveau modèle de société, une nouvelle  organisation de l’État .

La Chine l’a fait également à travers leur révolution car quelques années après avec l’arrivée de Den xiaoping au pouvoir qui a succédé à Mao le pays a connu de la croissance économique en suivant un plan bien établi  sur 4 grands axes  : agriculture,  industrie , science et technologies, défense.

Les intellectuels haïtiens qui  ont la liberté de leur pensée doivent jouer un rôle crucial dans ce processus d’encadrement de la violence populaire pour initier une vraie réforme en Haïti au niveau des secteurs vitaux de la société  .

Il est un fait : le pays est malade;  le mal est profond; Les médicaments ne peuvent pas traiter cette maladie;il faut une intervention chirurgicale pour remédier à la situation.

S’il faut passer par la violence populaire pour construire un pays où les services sociaux de base et la sécurité sont garantis il n’y a aucun mal en cela. Dans ce cas la violence populaire ne peut être qu’une appropriation par le peuple de la violence d’État, une contestation de son monopole, un transfert de souveraineté à la nation et une lutte intense du citoyen contre le pouvoir qui devient tyrannique .

La France pays défenseur de la démocratie a bâti son État de droit sur la  violence de 1789.

À  noter que les intellectuels consultants à la  BRH et membres de cabinets ministériels , employés des oligarques et également les journalistes dont leur survie dépend du financement ou sponsor de l’élite économique et des dirigeants corrompus ne peuvent que vous encourager à accepter la situation telle qu’elle est et à condamner toute tentative de chambardement.

Le système leur est profitable.

Mathias L.DEVERT

Politologue

MS Sciences Po Grenoble ( France )

mathiasdevert@gmail.com