By Rezo Nodwes -20 mai 2022
La grève des greffiers lancée le 12 avril dernier par l’Association nationale des greffiers haïtiens (ANAGH) a de fortes incidences sur la tenue des sièges en affaires civiles, non sur des dossiers qui mobilisent des intérêts pécuniaires, dénoncent des avocats qui fréquentent le tribunal de Paix de la section Sud de Port-au-Prince.
Vendredi 20 mai 2022 ((rezonodwes.com))–
Plus d’un mois après avoir annoncé un arrêt total de travail pour exiger de meilleures conditions de travail, l’octroi de cartes de débit et une révision de la grille salariale, les greffiers des 18 juridictions judiciaires du pays se font questionner sur leur démarche.
Des greffiers en grève se mobilisent pour la tenue de siège en habeas corpus et accompagnement des juges pour verbaliser des scènes, néanmoins manquent à l’appel dès qu’il est question de dossier d’intérêt collectif, dénoncent des avocats.
Jeudi, au Tribunal de Paix de la section Sud de Port-au-Prince, des professionnels du Droit, remontés contre le comportement des greffiers appellent le Ministère de la justice et de la sécurité publique (MJSP) à assumer ses responsabilités dans le désordre qui règne dans le système judiciaire.
Des dossiers de justiciables moisissent dans les tiroirs, des assisses criminelles sont dans l’impasse et des procès d’envergure sont continuellement reportés, s’indignent des avocats.
Me Jean-Darick Dorceus, coordonnateur de la structure «Sans mon avocat », se dit préoccupé par l’attitude des greffiers motivés par des intérêts individuels, mais renoncent à s’engager dans des dossiers qui relèvent de la société.
Constat similaire dressé par Me Jean-Claudel Pamphile, qui évoque un virage dangereux pris par la justice. Des greffiers, cheville ouvrière dans la tenue des audiences, s’affichent intéressés par des offres pour accomplir leur mission.
En outre, des grévistes réclament des sommes excessives pour assister des juges dans des dossiers, se mobilisent pour des audiences en juridiction d’habeas corpus, mais font fi des engagements envers des justiciables. De telles attitudes fragilisent le système judiciaire en proie à des pratiques de corruption.
À ce stade, des rencontres organisées entre le MJSP et l’ANAGH n’ont porté aucun fruit. Les lignes ont très peu bougé en ce qui concerne les négociations pour adresser la grève. L’association des grévistes et le gouvernement restent sur la corde raide et les justiciables en font les frais.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com