L’assassinat crapuleux du président en sa résidence : scandale du siècle !

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By Rezo Nodwes – 24 juillet 2021

Lâché comme une proie dérisoire, sans aucun poids, sous l’appétit monstrueux de bourreaux féroces dans une indigence surprenante pour être déchiré, torturé, mutilé et exécuté ; en vain, le président Moïse hurlait au secours de son arsenal de sécurité. Par insouciance, impotence ou complicité, l’attitude bizarre des haut-fonctionnaires du CSPN et des gardes du corps rapprochés de la présidence en situation d’« emergency » se révèle abominable.

Le fait que ce président ait été aigrement décrié en tout et partout – en raison de ses multiples promesses fallacieuses, ses actes arbitraires, son mutisme et sa surdité face aux crimes tragiques subis par la population – n’enlève guère le cachet étonnant de cette exécution sanglante dans les hauteurs de la Capitale, à Pétion-Ville. Un scandale national astronomique qui défraie la chronique dans tous les journaux internationaux !

L’opprobre, la gifle et la responsabilité incombent également aux hypocrites de l’international, particulièrement des Etats-Unis, de la France et du Canada, qui infestent, infectent et inspectent notre pays à travers des coopérations et des conventions qui leur confèrent l’autorisation de fourrer leurs yeux vairons et leurs nez allongés, belle longueur, dans les affaires internes de la république historique.

Samedi 24 juillet 2021 ((rezonodwes.com))– Sur les plans sanitaire, sécuritaire et humanitaire, les lignes rouges « infranchissables » ont été déjà franchies à une vélocité fulgurante, depuis des lustres, pour catapulter le navire national vers un naufrage titanesque. Au profit de quels intérêts cachés locaux et étrangers ? Telle à une jungle ensanglantée, les criminels notoires soi-disant « wanted » par la DCPJ baladent dans la rue et aux salons des ministères et du palais national, en toute quiétude, sous les yeux receleurs des ambassades, des autorités de la police et de la justice.

Une fierté épique dans la cynique cruauté épicée d’un vedettariat dithyrambique, les Mawozo, Izo, Ti-Lapli et Babekyou sont constamment « live » sur les réseaux sociaux pour se vanter de leurs barbaries, faire des chantages et proférer des menaces à la PNH, à la primature et à la présidence qui accuseraient des retards dans la rémunération informelle des gangs dont ils sont les « vaillants » capitaines. Ces crapules véreux qui véhiculent avec des mitraillettes, M-60, AK-47 et kalachnikovs à visière levée dans nos villes avilies et nos bidonvilles décivilisés ont été jusqu’à imposer des révocations cavalières de certains ministres pour les remplacer dans l’immédiat par d’autres têtes officielles « détraquées » qui s’alignent avec leur ligne insensée.

Le décor effroyable est planté

En ces derniers temps ombrageux et orageux, Haïti fait l’expérience sinistre de gigoter dans une arène dramatique où les assassins, les fraudeurs et les gros poissons de la corruption bien connus et bien lotis peuvent respirer comme des poissons dans un aquarium exposé au Cirque du soleil. Parallèlement, les femmes violées et maltraitées, les entrepreneurs décapitalisés, les enfants meurtris, les commerçantes assassinées et les jeunes ironisés inhalent, comme des poissons hors de l’eau, un air toxique de déception, de désespoir, d’agonie, dans le syndrome de l’antichambre de la fin ultime.

Dans ce sombre paysage sauvage de démence de la raison – truffé d’aliénés officiels qui sans gêne fédèrent les bandits G-9, familles et alliées au lieu de les traquer pour les mettre en cage – enfants, étudiants, professionnels, touristes étrangers, entrepreneurs, professeurs, journalistes, infirmières, médecins, avocats et policiers ont été anéantis de manière spectaculaire. Pour mieux satisfaire les délices sanguinaires de Lucifer, des corps sans têtes et des têtes sans corps ont été offerts sur un plateau machiavélique par des corps sans cœurs et sans cerveaux placés à l’hypophyse et au cœur de nos institutions régaliennes. Une schizophrénie criminelle paroxysmique ! Même après versement de rançon par leurs familles dépouillées et surendettées, certaines victimes du kidnapping cruel ont été décapitées et d’autres jetées sur des piles de fatras.

Dommage que madame Habitant et monsieur Hérard ne soient dotés du don d’ubiquité pour s’ériger en bons samaritains et sauveurs des familles victimes, dans l’omniprésence et l’omnipotence d’apprivoiser les animaux du kidnapping. Si seulement nos compatriotes séquestrés étaient Dominicains ou dulcinées des chefs de sécurité de la présidence ; gratinés, vodka et câlins ils auraient dégustés des malandrins du kidnapping au lieu d’y verser des rançons colossales.

En cette décennie post-sismique dans une médiocratie rancie consolidée par la bêtise politique, Haïti a été envahie par le démon. Matin, midi et soir, les sirènes tonitruantes de cortèges officiels inutiles et de corbillards funèbres transpercent le tympan de la population souffrante, décrépie, décatie, estropiée et endeuillée.

Cependant, à croire qu’un président – quoique suspect d’engagement satanique, puisque toujours en des sirènes mortuaires causées par son propre cortège de malheur – pouvait lui-aussi laisser sa peau avec autant de mépris ; inimaginable. Non seulement par le cachet symbolique d’une telle position stratégique, mais aussi par les lourdes ressources logistiques et financières déployées pour assurer la sécurité d’une telle personnalité à la magistrature suprême du pays, la curiosité intellectuelle ne cesserait de douter de la faisabilité d’un tel projet macabre jusqu’à ce qu’il soit concrétisé le 7 juillet 2021.

Au Pèlerin 5 dans les « 5 mètres cinquante » de la résidence présidentielle mosaïque, au voisinage immédiat d’une palanquée de logis misérables, de bric et de broc, dépourvus de bric, de bloc et de mosaïques, un véritable feuilleton d’horreur, offrant la tête de Moïse en sacrifice, a mis en scène des acteurs et bandits principaux demeurés masqués aux premiers épisodes. Très peu probable que les cinéphiles auront droit à visionner la dernière saison de cette série funeste de mélange d’horreur, tragicomédie, diversion et conspiration où des mercenaires latino-américains, trompés par leurs propres patrons, seraient passés pour des bouc-émissaires.

Une production concurrentielle, capable de détrôner la série captivante adulée de la Hollywood, 24H-Chrono/Jack Bauer. Assassinat présidentiel dans une pluie de projectiles, balles dans les fesses de la Première dame, faille des ondes dans les tentatives d’appels au secours du président, inaction des agents de sécurité, discours rassurant des hauts-gradés du gouvernement « Tout est sous contrôle », déploiement de la machine diffamatoire des investigations, « quatre bandits tombés dans le camp ennemi », plus d’une dizaine d’autres arrêtés ; tout se joue en moins de 24 heures. Du cinéma en vivo !

À la Tibobo, l’entrée des mercenaires aurait été gratuite, mais la sortie, payante ». C’est comme si à la suite de leur forfait monstrueux, les « Colombiens » étaient « desounen » pendant des heures dans une certaine confusion mystérieuse opérée par Erzulie Dantor et Bawon Sanmdi, malheureusement pris de vitesse – peut-être à cause des échanges en espagnol que ces loas ne maitrisent pas – dans leur mission de bouclier protectionniste de boucler l’entrée machiavélique à la chambre présidentielle.

Dindons de la farce des farceurs, manipulateurs et escamoteurs du gouvernement de facto, quelques-uns de ces missionnaires, Colombiens dit-on, auraient avalé leurs extraits de naissance au cours d’un raid « très lâche » face à la PNH. Les autres « piégés » capturés naïvement seraient en garde-à-vue, en attente d’être questionnés par le service d’intelligence. Lequel service a été sourd, maladroit et stupide à l’aube du 7 juillet, au moment décisif du SOS lancé par le président en détresse ; puis soudainement tout-ouïe, efficace et habile pour poser la patte de lion, « en pas Charles » sur les « Judas Iscariote » hispanophones, au crépuscule de ce jour « maudit ». Jeu de poker-menteur !

Deal souterrain sur un terrain remblayé et miné, dans un dîner de cons hollywoodien concocté de toute pièce avec des puzzles mal fagotés et mal ajustés pour constituer en vain un tout diffamatoire infect, ces mercenaires ingénus seraient les principaux espions, croupions et cons de la soirée planifiée par les génies d’un complot de trop. Les vrais enjeux de ce jeu diabolique vicié par des politiciens vilains, mesquins et coquins de grand calibre se révèleront vraisemblablement à la Saint-Glinglin.

Champion du bluff, sans étoffe

Premier citoyen de la Cité, en théorie représentant diplomatique et politique emblématique vis-à-vis des interlocuteurs internes et externes, devant faire figure d’autorité pour assurer la bonne marche des institutions, un président serait un personnage mythique. Là où sa vue ne peut examiner, son odorat ne peut humer et son ouïe ne peut auditionner, le président reçoit des conseils salutaires de ses collaborateurs et conseillers spéciaux qui devraient l’épauler dans diverses sphères où ils ont déjà fait preuve de compétence et d’expérience pertinente.

La Cité octroie à son excellence un budget conséquent l’habilitant à embaucher des cadres, des experts et des firmes pour embaumer son environnement d’une belle présence scientifique afin d’exceller dans sa mission d’assurer de meilleures conditions de vie. S’il galvaude les ressources à sa disposition et le prestige de sa fonction envieuse en recrutant des « cons sans temps » comme consultants, des mercenaires thuriféraires comme docteurs et des pervers comme experts ; affaire qui le concerne. Mais malheureusement, toute la société en paierait les frais des pots cassés dans les pots de vin et les postes de sinécure onéreuse au frais de la présidence, distribués dans l’incompétence, l’impotence, la négligence et la mauvaise gouvernance.

À l’instar d’Anthony Fauci, Valerie Jarrett et Joseph Stiglitz à la Maison Blanche, de Philippe Aghion aux Elysées ou de Joseph au service de Pharaon, à défaut du don divin d’expliquer les rêves et les cauchemars de la Cité, des experts pondent des réflexions et analyses profondes à un président pour éclairer ses décisions, à son profit et pour celui de l’atteinte du bien-être collectif pour lequel il a été élu. Tout un ensemble d’entités de contrôle, de supervision et d’intelligence sont censées être au chevet de la présidence pour contribuer à la rendre dynamique, proactive, efficiente. 

Tellement de collaborateurs à son service, si un président sait faire preuve de leadership et d’une écoute active pour trancher dans la justesse, un quidam aurait l’impression qu’un président réunirait tous les corps de métiers. Dommage que l’imposture et l’arrogance présidentielle couplées de la flagornerie intellectuelle empêchent d’accoucher de vrais diagnostics dans la rigueur en vue de relater les forces et faiblesses des actions publiques dans la sincérité.

Hautain, un taureau grondant tout le temps comme un tonneau vide, Moïse n’écoutait pas ; car les critiques des adversaires seraient aussi une forme de consultation gratuite pour éviter de se leurrer et de se piéger en des initiatives conçues grossièrement. J’en veux pour preuve la décision aveugle de fixer extrêmement à la hausse le prix à la consommation de l’essence le 6 juillet 2018. Des antagonistes politiques montaient au créneau en prenant leurs bâtons pèlerins en des pèlerinages éclairants dans les médias pour attirer l’attention de l’homme de Pèlerin sur les signes annonciateurs d’une exaspération populaire.

Pourtant, c’était seulement quelques minutes après la rage exprimée dans les pillages et les incendies de plusieurs magasins que le président têtu allait rétracter : « Nou pale, mwen tande ». Depuis cette aventure malencontreuse pour le régime PHTK où le peuple « zonbifié » a été sorti de sa léthargie catatonique pour challenger les pétrovoleurs, la puissance régalienne s’était tout bonnement métamorphosée en un pouvoir de perturbation qui manigançait diffamations, diversions et stratagèmes de procrastination dans l’espoir d’une bouffée d’oxygène supplémentaire dans la bulle officielle.

Après sa caravane propagandiste de chronophagie budgétivore, onéreuse et oiseuse, au bilan catastrophique, souffrant gravement de document cadre ; pareil à un chauffard ivre en vitesse de croisière dans la mauvaise direction, Moïse a récemment opéré un « U-Turn » abracadabrant sur le « highway » de la démagogie pour continuer de mariner la population dans la farine. « Trop tard dans un monde trop vieux » pour accorder un « Tirès » exécrable à une population exploitée, toujours dans le miséréré, après que les grosses babines cleptomanes du sillage présidentiel ont piaffé et bavé sur les fonds du Petrocaribe, entre autres.

Des inculpations voluptueuses sur des places publiques, sur les ondes des médias, d’un certain système « peze souse » pris en otage par des oligarques corrompus, Moïse avait promis de couper les sept têtes de ce serpent multicéphale venimeux qui jadis sponsorisait sa campagne présidentielle. Factice politique de correction, deux poids, deux mesures, dans la réaffectation des contrats publics avec des prestataires de services énergétiques et technologiques, le champion des sorciers faisait la chasse aux sorcières.

D’une part, des bourgeois « awousas » étaient contraints de fuir le pays pour ne pas subir les accidents et décapitations proférés par le chef d’État en état de ruse mesquine. D’autre part, des contrebandiers « aloufas » de l’élite économique crasseuse, se la coulaient encore plus douce dans l’octroi de contrats juteux, en dehors des règles de passation du marché public.

Subterfuge, sophisme et paralogisme de vouloir faire endosser le fardeau des sept péchés capitaux de ce régime inculte et cupide à des profiteurs et opportunistes égocentristes que ces anciens candidats mégalomanes adulent, récompensent et honorent dans l’indignité et la déloyauté.

Ce Moïse imposteur qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez – d’ailleurs victime de sa propre myopie –  ne pouvait véritablement emmener le peuple assoiffé et affamé à la terre promise en mettant de l’argent dans sa poche et de la nourriture dans son assiette. Sa stratégie improvisée de mélange stupide d’eau, de terre et de soleil, sans point d’ancrage et sans études de faisabilité, a été une fausse thèse et de la foutaise.

Un premier quinquennat en des slogans creux, puis un deuxième en des mensonges effrontés, les sangsues et bossus du PHTK nous ont gratifiés de dix ans de perdus, évaporés en des œuvres farfelues et superflues. Parallèlement les fuites massives de cerveaux et de capitaux vers les cieux voisins, floridiens et européens se sont amplifiées par la gourmandise d’une clique vorace qui a galvaudé le trésor public. Des investigations élémentaires ont déjà permis d’identifier des biens mal acquis, notamment des maisons luxueuses, d’anciens parlementaires de ce clan des 400% bulshit qui valent des millions de dollars. 

Encore un 6-7 juillet diabolique

Quoique petit dirigeant, monsieur Moïse était comme tout humain fait de chair et d’os ; il avait une femme et des enfants qui indubitablement subiront les chocs traumatiques de ce désastre pour le restant de leur vie. Puisse Dieu leur accorder le courage d’y faire face, surtout dans la conscience de verser dans le respect des valeurs universelles, car le salut est personnel.

De bonne guerre, la présidence haïtienne est formellement protégée par une multitude de corps policiers dont l’USP, la CAT-Team, voire des mercenaires étrangers. Par le truchement du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), le président est capable de mobiliser CIMO, BOID, BRI, UDMO, GIPNH, SWAT, ANI et l’armée d’Haïti, s’il le désire. Pourtant, pendant que le président est attaqué, à terre, gémissant, sanglotant, baignant dans son propre sang ; pas une balle de tiré en sa faveur ni une égratignure subie par un seul de ses proches « bodyguards ». Pourtant, un garde du corps devait jurer d’offrir sa propre vie en holocauste en s’attelant à sauver le VIP pour lequel il est recruté.

Avec la lampe de Diogène de Sinope, le bon sens continue de puiser dans la matière grise pour échapper de cette syncope des réflexions intenses qui demeurent dubitatives aux explications de conspirations fournies par ces dirigeants petits à la tête de la Cité. Dans ce galimatias puant et répugnant, auteurs intellectuels et acteurs officiels semblent se confondre fidèlement pour concocter un opus alléchant digne d’une œuvre hollywoodienne à couper le souffle, bonne pour les oscars.

En tout cas, la vérité et la justice feront encore faux bond dans ces rebondissements de faux orchestrés par des faussaires et des faiseurs au faux-air d’investigateurs et de salvateurs qui jurent « gros orteils enterrés » d’accorder justice à la famille présidentielle. À la JeanDo et à la Dorval, le dossier de JoMo serait aujourd’hui surchauffé, sur toutes les lèvres, avant d’être renvoyé demain aux calendres grecques. De toute évidence, ce ne sont pas ces nasses de pacotille, vieillies et pourries, qui sauront piéger les gros poissons confortables impliqués dans ce crime spectaculaire. La justice, excellence de l’âme (sic. Socrate), élève une nation ; tandis que la justice haïtienne est cette femme aux yeux bandés qui voit de toutes les couleurs. La déduction de ce syllogisme est évidente ; avec la complicité intéressée de traitres fils et de Pharisiens de la communauté internationale, notre nation s’effrite. Sans une prise de conscience généralisée, il y a matières à douter de la crainte d’une disparition criante de cette république.

L’assassinat en sa résidence du « président » en fonction pour indécent et déloyal qu’il fut, dépeint le trop-plein de la dégénérescence d’une société fragilisée dans toutes ses infrastructures et superstructures. Absolument personne ne mérite de « casser sa pipe » dans l’ignominie et la lâcheté ; à plus forte raison, un « président » ne devait jamais exhaler son dernier souffle avec autant de dédain et d’infamie.

Menteur comme un arracheur de dents, imposteur, usurpateur, ce que sa bouche disait, sa main ne l’accomplissait pas ; ce président était faux sur toute la ligne, on le sait. Cependant, pour plusieurs raisons – dont le choc post-traumatique à encaisser par sa famille, la portée symbolique du poste présidentiel et surtout la présence cruciale du président dans les procès sur les crimes financiers et humain dont il épinglé – Jovenel Moïse ne devait pas trépasser de cette façon si odieuse.

À qui profite ce crime ?

Image de toute une nation effilochée, malheur sur Haïti, déshonneur pour les États-Unis, horreur pour toute l’Amérique, quel que soit les enjeux et les intérêts mesquins en jeu, sur le plan d’un héritage mondial, le jeu criminel ne vaudrait jamais la chandelle. Le récit indigestible d’un président sauvagement assassiné, en toute indignité – partout sur la planète – salit la mémoire de l’histoire universelle.

Sur un angle individuel, aucun observateur critique ne saurait être en mesure de pointer à l’index les bénéficiaires du crime. Cependant, on sait qu’au regard des références de justice, le déficit est intégral. Un siècle après, ce n’est pas évident que la vérité jaillira sur cette conspiration démoniaque au plus haut niveau.

Par contre, en raison de leurs attributions de « Bodyguard », détenteurs d’informations de première main, responsables de ministères régaliens, par leur incompétence ou leur connivence – dans le cadre d’une investigation objective – un ensemble d’acteurs du gouvernement et du système judiciaire méritent de répondre à des questions spécifiques sur ce drame.

Un poste présidentiel, quoique banalisé dans la répugnance et entaché du qualificatif de facto et arbitraire, ne devait jamais se badigeonner dans la boue et les immondices. Même s’il nageait dans la « dictature » et l’arbitraire à travers des menaces d’accidents et de décapitations de ceux mis en croix face à ses intérêts personnels mesquins, les clés de la nation se trouvaient entre ses mains, bien que « souillées » dans plusieurs dossiers louches. Par le cachet symbolique de la plus haute magistrature, il s’agit d’un coup terrible pour la démocratie dont Haïti constitue une référence.

Pour le besoin de la cause et pour la cause du besoin, ce n’est certainement pas de la sorte que le président de facto devait lui-aussi « payer sa dette à Dame Nature ». L’impassibilité observée dans les discours et les actes populaires face à ce drame témoigne une fois de plus combien le peuple en avait marre de la gouvernance mazette et cynique du dauphin de Michel Martelly. Loin d’une perception de maturité politique, la dialectique y déduit plutôt dans ce calme olympien le 7 juillet 2021 une expression de « Je m’en fous » des citoyens si leur premier représentant devait boire la ciguë. Tant mieux évidemment pour Haïti qu’un climat de tension ne s’ensuive. Mais, toujours est-il, d’une telle perte, le bon sens ne saurait en rire.

En cavalier seul, Moïse détenait depuis plus d’un an les pouvoirs fébriles de décisions cavalières de nommer, révoquer, décréter la perversité, sponsoriser et fédérer des gangs, dans un vide total de contrebalance. On aura appris la leçon que dans une société, l’on ne deviendrait pas vraiment plus fort quand on serait exposé à aucune censure. Quand Montesquieu cogite pour accoucher les fameuses réflexions sur l’existence et les rôles des trois pouvoirs dans une démocratie, c’est dans l’intérêt individuel et celui de toute la société.

Sur le plan des démarches de la justice, l’absence de Jovenel Moïse nuira amplement aux marches efficaces des dossiers flagrants de justice à assurer au profit du pays. A titre de président sous ce régime cruel et cleptomane, et donc dans le « secret du diable », il fut détenteur d’informations clés pour faciliter la tenue de nombreux procès. Épinglés à maintes reprises dans le dossier du Petrocaribe, des visages comme ceux de Laurent Lamothe, Michel Martelly et Jovenel Moïse n’auraient pas dû être absents sur la sellette pour attendre le verdict de la justice.

La politique autrement

Trop de négligence politique dans l’option aveugle de plébisciter le vagabondage sur le sage que la société paie au prix fort ; il nous faut un rééquilibrage du paysage social à amorcer dans le déclic de soutenir d’autres visions supportées par leitmotiv, « The right person at the right place ». La science et la conscience doivent se résoudre de pénétrer dans les axes politiques afin de définir, à travers des processus de négociation intelligents, les projets publics de santé, sécurité, justice, éducation, loisir, promotion de la culture et des valeurs. L’atteinte du bien-être collectif, dans l’intégrité et la dignité, ne saurait être l’apanage de politiciens affairistes, de législateurs incultes, sans lecture ni écriture, de dealers véreux qui se métamorphosent en vrais faux leaders.

En lieu et place de colloque, le professeur Henri Dorléan[1], président de la AFPEC, provoque la conscience collective en évoquant le nouveau paradigme d’un « soliloque éthique » qui serait une profonde introspection révélatrice de la nécessaire quête du bonheur collectif. Les structures et superstructures de la société auraient à la fois un rôle crucial à y jouer. L’église, l’école, la presse, l’université et la société civile devaient s’atteler à éviter de plonger dans le chaos sans précédent qui défile à vive allure dans notre Cité.

Trop de sang innocent a déjà coulé, sous les yeux de l’international, au su et au vu des pays dits amis d’Haïti.  Par ses actions et ses inactions, ce régime a déjà mis en deuil de nombreuses familles. L’économie patine dans une asthénie sans précèdent ; le tissu social est décousu, le politique bat de l’aile. Chaque bouffée d’oxygène toxique accordée au statuquo, en pure perte et dans le désespoir, cause d’énormes déficits tangibles et intangibles à la nation.

Il est grand temps de siffler la fin de cet enfantillage, comédies, crises, psychoses, méfiances provoqués en ces films d’horreurs qui ont perduré et qui entrainent dans la providence maudite la fermeture des entreprises, le verrouillage des portes de salut, la déception, le désespoir, la dépression, la famine et la vulnérabilité de la population croupie en des conditions exécrables.

Le ver est dans le fruit ; des spécimens – on dirait d’une espèce inhumaine d’une lignée hantée et damnée – sont encore très puissants dans les parages des institutions sensibles de la république. La vigilance doit être de mise pour que la bêtise et la perfidie ne se récidivent dans une ambiance kakistocratique pire que celle subie en cette décennie d’inepties inédites.

Temps de conscience collective, de recul, du sens de service public, de réflexions et de planifications soutenues. Il faut une pause par le truchement d’une transition de rupture avec la courageuse attribution de nettoyer les écuries d’Augias. Haïti ne doit pas s’empresser, sous cette ingérence malveillante de la communauté internationale pour organiser des  élections douteuses qui déboucheront indubitablement sur de sempiternelles crises sociales.

L’économiste Français Fréderic Bastiat aurait évoqué le « sophisme de la vitre brisée », quand des esprits épiloguent dans le sens d’opportunités quand une crise se produit. Une destruction ne saurait être une opportunité. En revanche, l’absence insolite des trois pouvoirs, dans cette démocratie indigeste, devrait interpeller la conscience des citoyens avisés dans un « complot salvateur », à travers un consensus politique historique pour rétablir la confiance et la paix dans la Cité, prémisses de la création de la richesse et de justice sociale.

Tant vaut le dirigeant, tant vaut le pays !

Carly Dollin
Instructor-PhD Student in Economics
Master Student in Statistics 
Washington State University (WSU)
wsu.edu