By Rezo Nodwes -29 mars 2021
En plus d’être un joyau pour sa famille, un poteau d’appui pour des orphelins, une source d’eau qui arrose des terrains arides, un frérot pour ceux qui le côtoient, Ricardo monte au créneau pour léguer à la postérité la cerise sur le gâteau. Bourré d’émotions, de spiritualité, d’anecdotes, d’expression de courage, de gratitude et de pensées positives, « Hunger for Hope » raconte l’histoire fascinante de l’ancienne gloire nationale du ballon rond.
Lundi 29 mars 2021 ((rezonodwes.com))– Très précoce – capitaine et meilleur buteur de la région en sélection nationale des moins de 15 ans puis des moins de 17 ans, à l’aube des années 2000 – Ricardo faisait briller notre drapeau d’un bleu étincelant et d’un rouge flamboyant. Aujourd’hui, le natif de la Cité Anacaona continue de garder allumé au plus haut niveau le flambeau de la fierté et de la dignité humaine. Un véritable roseau résilient face aux vicissitudes de la vie qui voyait des opportunités même dans la déception grâce à son mental de gladiateur tissé à sa psychè imperturbable qui l’a formaté comme un taureau invincible au cerveau créatif. Aujourd’hui, RicarGoal – sobriquet gagné en contrepartie de ses multiples buts – se fait agneau dans une humilité agissante au chevet des plus démunis. Chapeau Ricardo !
Un début de carrière dans la rue, pieds nus, torse nu, sandales accrochées aux mains, dans une précarité matérielle stupéfiante, sur un espace restreint inondé de poussière, Ricardo s’est frayé un succès intégral en atteignant le sommet de la pyramide de Maslow. « Hunger for Hope » est une pièce succulente qui expose les hauts et les bas de ce fonceur, à la foi inébranlable, couronné footballer professionnel à grand succès en raison des circonstances précaires de sa famille. Les parents de ce prodige du sport roi n’ont pas été scolarisés, mais ils caressaient le rêve ambitieux de lui offrir l’opportunité de s’exposer à une formation de meilleure qualité.
Si ce professionnel chevronné – sacré champion au MLS avec son club Columbus Crew SC en 2008, actuellement coach, professeur, entrepreneur – ne pouvait pas avoir la garantie d’un plat chaud par jour à son plus jeune âge, son âme « humaine » l’invite à s’évertuer pour que d’autres humains, particulièrement des enfants de couche défavorisée, n’aient pas à expérimenter pareilles péripéties. A travers cet esprit de partage, la joie et l’espoir inouïs que Ricardo nourrit à l’apothéose de son périple exemplaire révélé au grand public, Patrice Dumont déduit à juste titre que « ce talent ne vit pas uniquement de pain ».
Par le biais de sa généreuse fondation « Lespwa, Lavi » confiée au leadership remarquable de l’agronome Berthony Duvelsaint, Ricardo Pierre-Louis offre de l’espoir à plus de 600 enfants, garçons et filles, pour explorer le génie qui se cache en eux. Tous des boursiers de la fondation, Ricardo leur accorde le billet divin de cheminer sur la route de l’excellence sportive et académique avec l’option de poursuivre leurs études universitaires, notamment aux Etats-Unis.
Depuis 2013, la fondation « Lespwa, Lavi » affiliée à la « Bismarck Cummunity » dessert 300 enfants dont environ 65 filles qui espèrent fouler le sol des universités américaines en des programmes sports-études. Parallèlement, 300 autres dont les parents sont en difficulté face aux défis de l’existence, sont nourris au quotidien et fréquentent l’école de la fondation qui leur ouvrent des perspectives d’avenir dans un optimisme rayonnant.
Reconnaissance sur toute la ligne
Tout au long de la biographie, le lecteur peut y déceler une vie disciplinée par une proximité paternelle « open minded » et une rigueur maternelle attachée aux valeurs d’une éducation de qualité, en dépit des lacunes scolaires. Cette combinaison « optimale » d’une attitude protectionniste rigide et d’un leadership souple de maman et papa a finalement permis à Ricardo de concilier football et école qui lui assurent une autonomie adéquate dans la pérennisation de son succès.
Marque de gratitude envers sa famille, des amis et des mentors, le meilleur buteur de tous les temps de Lee University – dont le nom est gravé au tableau d’honneur – a reconnu que le Créateur a mis beaucoup d’anges sur son chemin. Un chuchotement de son ami Louisino Garçon, une objection du capitaine Daniel Mentor, une invitation impromptue, une altercation, un conseil, un mot d’espoir à la suite de sa chute, un geste de solidarité en des chaussures empruntées, les déclics et les incitations pour consolider le focus prenaient des formes diverses pour indiquer au battant que la route du succès est pavé d’épines.
Le profond message véhiculé tout au long de cette biographie passionnante se veut un refrain sublime de la pensée positive véhiculée dans les Saintes Ecritures et répandue par des motivateurs de la trempe de Robert Kiyosaki, Anthony Robbins et Napoleon Hill qui nous rappellent en permanence que les défis sont dressés sur notre sentier pour être surmontés ; non pour nous humilier.
Succulent, ce récit bien écrit dans la même humilité qui caractérise son auteur est conté dans un anglais accessible au lecteur simplement initié à la langue de Shakespeare. Chaque anecdote, chaque rencontre et chaque expérience sont vécues dans la passion. Telle une série entrainante de la Hollywood où les épisodes consécutifs sont reliés par un fil conducteur alléchant qui hypnotise le cinéphile, il devient difficile au lecteur de « Hunger for Hope » de savourer la première phrase sans en être aimanté à terminer le livre au complet. « Tu voudras » !
Football et école, une alliance salvatrice
La clé de voûte de la mobilité sociale est souvent arrachée dans une arène tonitruée de cris paniquant, de psychose, de combats intenses, quasiment impossible à une personne de la classe moyenne de ne pas s’illusionner de lire sa propre histoire dans la biographie trépidante de Ricardo. Ce sont d’ailleurs les témoignages sincères qui pleuvent très tôt dans le cercle des amis qui se rencontraient sur la plateforme Savoir-Faire qui honoraient Ricardo, accompagné de sa courageuse sœur Delma Joinville, ce samedi 27 mars. Des exemplaires commandés pour être partagés avec le public de SFUS, mais le plus grand souhait étant que le livre se traduise en français pour qu’il soit accessible à tout Haïtien, car source de motivation.
Le professeur Henrilio Julsain, la docteure Shella S.F Lominy et le realtor Weldy Pierre se sont raffolés dans chaque page de cette biographie poignante qu’ils ont déjà dégustée dans un arbitrage gratifiant au regard de leurs contraintes professionnelles. Parmi ces premiers lecteurs issus majoritairement de la classe défavorisée, propulsés à des échelles sociales enviables, l’émotion des expressions relatées par l’auteur sont similaires, à la seule différence du domaine et du champ d’action. Mais, les mêmes surprises, les mêmes gifles, les mêmes remontadas.
« Ricardo’s story is my story » témoigne dans un franc-parler Pierre Jean Jacques au préface du livre de Ricardo. Effectivement, ceux qui connaissent le parcours de l’actuel entraineur des Grenadiers peuvent avoir l’impression que par moment le pronom personnel reflétant Ricardo aurait pu se remplacer par le nom de l’ancien capitaine au caractère fort des Bleu et Rouge.
Tous deux, poussins du Cavaly, Jean Jaques a également commencé sa carrière tout jeune, dans la précarité, mais dans une rare discipline et une rigueur autopunitive pour renoncer aux folies de la jeunesses avant de gravir des échelons au plus haut niveau qui l’ont in fine amené à l’arène professionnelle en Uruguay, en Grèce, en France.
L’espérance d’une carrière footballistique professionnelle est très courte, environ dix ans. Parallèlement, plusieurs années sont restées à vivre au technicien du terrain qui finit par accrocher ses « crampons ». Autant planifier l’après. Malheureusement, plusieurs athlètes prometteurs, aveuglés par la myopie de la gloire éphémère, ont entièrement abdiqué au sacrifice requis par l’école et sont donc pris au piège de l’inaptitude et du chômage survenu à partir de la trentaine. De cette incapacité d’intégration sociale après le jubilé sportif, même d’anciennes gloires de la sélection nationale sont tombées dans le cercle vicieux de la disette et de la misère abjecte. Triste réalité.
A l’instar d’une pléiade de joueurs emblématiques de ce sport roi tels que Beckenbauer, Platini, Zidane, Rijkaard, qui ont opté de faire carrière d’entraineur, Ricardo Pierre-Louis, Jean Jacques Pierre, Turlien Romulus, Carlo Marcelin, Webens Princimé et Daniel Mentor s’inscrivent parmi les personnalités qui savaient intelligemment associer l’école au football. Puissent les jeunes d’aujourd’hui emboiter le pas à cette vision émancipatrice qui anticipe les ouvertures et opportunités après la trentaine.
Un modèle de rude travailleur qui a surmonté des challenges de taille dans la persévérance et la confiance de son coach Henry Moyo, Ricardo a pu intégrer le Collège aux Etats-Unis. Licencié en « Business Administration », puis détenteur d’une maitrise en « Business Education », rares footballers professionnels au monde en ont réalisé autant.
Prolifique sur le terrain – meilleur buteur de la sélection nationale junior et aussi 101 buts marqués en 69 matchs au collège – RicarGoal l’est tout aussi dans la véritable vie. Il a déjà offert quatre beaux buts à son exquise femme Nikita, du North Dakota. « Cela promet beaucoup, car je ne crois pas que le jeune couple est même déjà à la phase de la deuxième période de ce match jouissif ». Attendons voir.
Le propriétaire du club « Magic Soccer FC » au North Dakota garni de 600 enfants dont approximativement 35% de fillettes a étendu le bien-être intégral qu’il savoure aux Etats-Unis en donnant de l’espoir à des centaines d’enfants en Haïti, précisément à Verettes, qu’il accueille à sa fondation « Lespwa, Lavi » (www.lespwalavi.org). Dans une large vision d’altruisme intergénérationnel, Ricardo a renvoyé l’ascenseur à un nombre pléthorique de gamins dépourvus du minimum vital en leur faisant rêver de bonheur à travers des incitations dans une combinaison athlético–académique.
Étalée sur quinze carreaux de terre, la fondation « Lespwa, Lavi » a déjà lancé des programmes sociaux très porteurs dont une institution scolaire bilingue, un école de football et une église. Les bienfaiteurs de ladite mission envisagent d’autres projets de plus grande envergure dont la construction d’un stade, de logements sociaux et d’un hôpital au profit des habitants de la région. En collaboration avec la « Community of Bismarck » et bien d’autres partenaires à monter à bord, Ricardo rêve de transformer cette surface mise généreusement à sa disposition par la Communauté de Verettes, en une véritable terre promise au profit des familles et des enfants croupis jadis dans la vulnérabilité et la pénurie.
« Soccer Is More Than a Game » ! En attendant un contexte propice à des ventes-signatures en des rencontres fourmilières à titre de vœu au « Success Story » livré par Ricardo, les plus curieux peuvent s’en abreuver sur Amazon. Emouvant, inspirant, « Hunger for Hope » est écrit dans un style limpide pour vous et pour vos enfants. A chaque page, à chaque chapitre, du début à la fin, vous allez vous en raffoler. Bon appétit !
Carly Dollin
carlydollin@gmail.com