By Rezo Nodwes -30 juin 2020
Une quarantaine d’années au service de la formation de plusieurs générations, toute une vie professionnelle dédiée à la justice, aux droits humains et à l’équité, Mimose A. Janvier s’était distinguée par sa piété, sa discipline, son intégrité, son courage et sa générosité.
Mardi 30 juin 2020 ((rezonodwes.com))– La matrice planétaire languit en de nombreuses décennies avant d’accoucher de telles espèces humaines dotées de science et de conscience de ce niveau enviable tel que celui affiché par la juge Mimose Alexandre Janvier. A l’instar de Martin L. King, Nelson Mandela et Mère Theresa, l’esprit et l’âme qui habitaient le corps de cette femme au grand cœur, avaient bénéficié d’une onction divine singulière.
La référence à ces trois légendes de l’humanité, Prix Nobel de la paix, à titre de comparaison avec Mimose Janvier, n’est pas naïve. Oui, cette âme fascinante éclose aux Gonaïves en 1960 qui a marqué et transformé les cœurs, les esprits et les vies pendant ses soixante ans d’existence terrestre, méritait bien en contrepartie de ses œuvres magnanimes les couronnes de reconnaissance les plus miroitantes. N’était le cachet politique et de lobby à l’échelle mondiale qui prévaut dans les nominations mais qui lui faisait défaut, posthume ou anthume, le nom de Mimose A. Janvier à la galerie des personnalités immortelles de la trempe des récipiendaires incontestables du Nobel de la paix, aurait été une décision judicieuse et objective.
La formation religieuse, l’éducation, la justice, le social, Mimose A. Janvier se donnait à cœur joie et s’adonnait énergiquement aux projets porteurs devant Dieu et au profit de l’humanité. Fondatrice de l’école secondaire « Le Paradis », membre fondateur de la fondation ARC, co-fondatrice de la fondation internationale Recadrer-Haïti, présidente de la chaîne nationale et internationale de prière, responsable de la chorale des enfants et du groupe des dames de l’Eglise Baptiste de Flon, personnalité distinguée de plusieurs organisations, présidente de l’organisation de femmes juges – CHAIFEJ, la spécialiste en investigation dans les crimes financiers s’engageait et véhiculait une idéologie de partage de savoir, de savoir-faire et de savoir-être intra et intergénérationnelle. Jamais humain ordinaire n’a été motivé de manière si «désintéressée » dans autant d’initiatives porteuses pour fasciner les esprits, émerveiller les cerveaux et illuminer les chemins d’autrui.
Un flot de témoignages positifs, d’horizons divers
Sans préjudice de genre, d’âge et de classe socioéconomique, ne court pas les rues cet important niveau d’unanimité dans les témoignages sincères d’humanité et de traitement respectueux d’une personnalité « officielle » de cet acabit envers ses semblables. Un modèle de sagesse, une source de motivation pour le cadre sérieux, une référence en matière de probité, un recours pour l’affamé, la veuve, l’orphelin, le déshérité et le persécuté, Dieu nous a proposé une Mimose aimante et dynamique toujours disposée à aider, conseiller, stimuler et encadrer dans la virtuosité. Par ses prouesses, tout azimut, les institutions locales, nationales et internationales au sein desquelles elle a siégé y reconnaissent une âme vertueuse, un esprit curieux, une juge animée de la perspicacité de Salomon et une fidèle issue de la filiation d’Abraham.
L’institutrice née s’attelait à modeler tant sur le plan de la science que de la conscience les trésors et les diamants bruts pour les peaufiner et les mettre au service de la société. « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas ». L’enseignement de Mimose se juxtaposait à ce principe canonique de l’éducation familiale véhiculé par les Saintes Ecritures, en Proverbe 22. Elle se délectait à raconter avec passion le parcours victorieux d’Esther pour indiquer aux jeunes filles les gratifications du sentier du courage, de la dignité et de la fidélité.
Curiosité intellectuelle, goût pour la prière et du sens de solidarité émaillés de facultés de décoration et d’art culinaire, une pléiade de jeunes filles façonnées à l’école de Mimose ont développé une polyvalence théorique et pratique. Atouts majeurs qui leur sont d’une grande utilité tant au bercail que dans la diaspora pour mieux gérer leurs relations familiales et parallèlement étendre les perspectives professionnelles.
La résidence privée de madame Mimose et du révérend pasteur Rosemond Janvier servait de dortoir familial, de cadre amical et d’hospice pour accueillir dans l’hospitalité des enfants, des jeunes et des vieillards en vue d’affermir leur estime de soi, leur garantir un espoir, les nourrir et les armer physiquement, intellectuellement et spirituellement.
Une fondation philanthropique en hommage à Mimose A. Janvier
Devoir de gratitude et de mémoire, impeccables sont les perspectives de la grande famille élevée par madame Mimose consistant à concevoir une fondation caritative et implémenter de nobles projets afin de promouvoir les visions et les valeurs incarnées dans les gènes photogènes de cette lumière divine. Il n’existe pas meilleure façon de maintenir allumé le flambeau de la justice sociale, du partage et de la protection des plus vulnérables tenu avec ferveur par cette femme géniale qui vivait avec les autres et qui faisait vivre les autres.
Des centaines d’enfants et de jeunes ont pris ou repris goût à la vie et des centaines de vies ont été réorientées vers le sentier de l’église, vers des comportements sains et loyaux après avoir été aiguisés et exposés aux conseils salutaires de cette marraine aux multiples filleuls, tous les âges confondus. Des dizaines de jeunes devenus universitaires et des dizaines d’hommes et de femmes aux esprits accablés ont savouré de la bénédiction d’en haut dont la famille Janvier a été gratifiée.
Outre la communauté de Flon, principale bénéficiaire des œuvres religieuses et sociales de cette famille divine, les zones environnantes, Léogane, Port-au-Prince et Haïti entière peuvent s’en réjouir de côtoyer des leaders religieux et communautaires qui se sacrifient pour se mettre à leurs chevets quand ils sont dans le besoin.
De Paris, Sao-Paulo, Montréal, Floride, New-York, etc., la motivation de nombreux bénéficiaires des œuvres religieuses et sociales de Mimose et du révérend pasteur Rosemond Janvier de monter la structure de solidarité en support aux personnes les plus nécessiteuses a atteint son stade de maturité. D’autres étapes sont à franchir dans les plus prochains jours. Même dans sa mort, l’esprit de la mémorante d’une maîtrise en Droit de l’Université de Montréal continue de cristalliser les rêves d’une société juste et équitable à travers la fraternité et la générosité. De telles personnalités ne meurent jamais.
Des actions à entreprendre, à répliquer et à pérenniser
C’est vrai que les anges festoient en grande pompe l’arrivée de cette âme légendaire dans la maison du Père. Mais, une opportunité a échappé à la vigilance de l’humanité et d’une société digne, celle de savourer la présence d’une telle femme au plus haut sommet des affaires stratégiques de notre nation. Ce n’est pas une plaidoirie du genre de Jeanjean qui demande de « donner le monde aux femmes ». Car, nous avons tristement constaté de nombreuses femmes haïtiennes cyniques trempées aussi dans toutes les malversations. Notre propos tient plutôt de l’intérêt à placer la dignité, la décence, la science et la conscience aux positions méritocratiques. Nivellement par le haut, externalités positives, effets multiplicateurs des fruits de la sagesse, de la justice, de la qualité et de l’efficience auraient été les bénéfices incalculables de l’idéal de Jean Price Mars qui plaide pour l’immixtion de l’élite dans les postes de plus haute responsabilité.
Nous caressons à tout bout de champ le vœu de voir notre pays et le monde gouvernés par des âmes inspirantes, de cette lignée recherchée à l’image de Mimose Janvier, qui concilient les deux facteurs clés de la gouvernance avisée, science et conscience.
Tel un film romantique qui laisse son souvenir mémorable dans la psychè des amoureux, Mimose aromatise toujours de son parfum d’exquisité, de justice et d’amour les endroits bénis par sa présence radieuse. Dans la sphère professionnelle, les collègues de la basoche y voyaient une femme intègre, ponctuelle, respectueuse, disciplinée et efficace. Ses précieux conseils et sa camaraderie sont constamment sollicités par ceux et celles qui visaient la droiture et l’excellence.
Elle n’avait pas reçu la surpuissance divine de transformer l’eau en vin, ouvrir les yeux des aveugles, guérir le cancer. Par contre, au cours de son périple terrestre, Mimose A. Janvier a accompli, à côté du révérend pasteur Rosemond Janvier, beaucoup de miracles à travers les œuvres matérielles et immatérielles déposées dans la mémoire et le subconscient des enfants, des élèves, des jeunes, des camarades et des collaborateurs.
Un extrait de mon livre, inspiré à la lecture et au regard de cette femme exquise
Des personnages d’exception, dans l’ombre ou dans la lumière, sont porteurs des vertus et des valeurs divines couplées de formation de niveau et de qualité. Il existe celles et ceux qui ont rendu de grands services à l’humanité, mais cachés derrière une certaine modestie et donc peu imprégnés de la détermination à s’intégrer activement dans la vie politique. Cette catégorie pose secrètement comme des tableaux de Picasso achevés, mais non exposés aux admirateurs de belles œuvres. Par cette idée, l’on comprend que les récipiendaires des Prix Nobel ne sont pas nécessairement les plus dignes d’éloges et de récompenses en contrepartie de l’accomplissement de réalisations empreintes d’altruisme et de magnificence.
Telle une lampe qui doit révéler sa luminosité pour triompher sur les ténèbres, nous ferions le vœu que les créatures humaines exemplaires occultées, soient activement mobilisées pour faire avancer la vision divine qui fonde son assise sur l’accroissement et la dissémination du bien-être collectif.
Dans « La gouvernance avisée », des idées et projets pour le développement soutenable », J’écris : Science et conscience, panacée de la bonne gouvernance. Science et conscience représentent l’essence de la luminescence qui encense l’excellence et qui procure du sens à l’existence humaine.
La personnalité de référence qui me venait en tout premier lieu à l’esprit (particulièrement sur le plan politique), est sans conteste, Mimose Alexandre Janvier. Elle était lectrice critique de mon premier livre et a été ciblée à le préfacer ou le postfacer. Dommage!
Une lumière s’est éteinte; un mapou est tombé ; une personne fascinante est partie pour l’au-delà, ce 13 juin 2020. Digne fille d’Haïti, une amie, une conseillère, une confidente pour les jeunes, une mère pour tous les enfants, un recours pour les âmes abattues, un espoir pour les désespérés, une formatrice des esprits, des âmes et des cœurs. Source de tendresse pour les veuves, protectrice des orphelins, Mimose A. Janvier était une femme d’exception !
La justice a encaissé un sacré coup ; l’éducation a connu une perte énorme. Une âme au service des autres manquera pour toujours à nos églises et à nos écoles. Mimose A. Janvier incarne la générosité, l’amour, le courage, la paix, la solidarité et la justice.
Tâchons alors de la garder vivante dans notre vie, dans nos cœurs, nos gestes d’amour envers les autres et à travers le respect des valeurs de la probité, la décence, l’efficience, la fidélité et la dignité.
Carly Dollin
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