By Rezo Nodwes -9 mai 2020
Une métamorphose paradoxale qui s’est faite chaire dans le squelette dynamique de nos officiels versés dans un double jeu de personnalité effréné au cours de cette dernière décennie de la médiocratie de la pire espèce.
Samedi 9 mai 2020 ((rezonodwes.com))– Leaders et dealers constituent deux catégories d’acteurs a priori aux antipodes qui sont étonnamment visualisables dans un même corps et un même esprit au sein de notre patrie en déconfiture. Cet amalgame de mauvaise gamme dans la sphère officielle procure une saveur en demi-teinte pour représenter fidèlement deux anagrammes diamétralement opposés.
Dealers de cocaïne, dealers de kidnapping, dealers de mitraillettes, de Kalachnikov, dealers de crimes humains et financiers, champions des gestes et des opus merdiques et impudiques pour devenir les premiers et les champions du législatif, de l’Exécutif et du judiciaire dans une République inaugurée depuis un bicentenaire. Incroyable !
Haïti est devenue un véritable laboratoire de l’expérimentation de la théorie de la vitre brisée «Broken Window Effect»1 qui stipule qu’une seule bêtise est susceptible de causer la multiplication des fissures et des cassures du tissu social dans son intégralité. « Chimen bouton se chimen maleng », les simples signaux de désordre, d’incivilité et d’impunité, amorcent un cercle vicieux qui aboutira à des transgressions plus graves. Si hier, on accueillait dans la légèreté la candidature d’un vandale à la mairie ou à la députation ; alors on laisse le champ libre demain pour que le gangster aspire au Grand Corps, voire à la première magistrature du pays. Que de telles négligences ne se reproduisent plus !
A ce stade critique, il ne fait l’ombre d’un doute que la plaie d’avant-hier s’était transformée graduellement en un cancer. Puisqu’aucun suivi de chimiothérapie n’a été assuré, la tumeur a atteint aujourd’hui sa phase terminale pour plonger le pays dans un chaos quasiment irréversible.
De mal en pis !
Lundi, une suspicion de dealer aperçu au Grand Corps s’éclatait comme un fait insolite. Mardi, un occupant du fauteuil officiel à la Chambre basse a été pris la main dans le sac dans des actes de corruption; mercredi, l’écharpe a été passée à un criminel notoire pour siéger officiellement comme leader, ce qui lui donne droit d’assiéger et de badigeonner d’imposture et d’usurpation les sphères des ministères, des organismes autonomes et de la diplomatie nationale et internationale. Jeudi ; sénateurs, députés, ministres et conseillers spéciaux ont été épinglés dans des actes de kidnapping, de fraudes et de détournement de fonds publics. Vendredi, des bandits de grand chemin recherchés par la justice ont été pourvus de mitraillettes, de kalachnikovs et de munitions en provenance des officiels du législatif et de l’exécutif qui parlent, chantent, dansent, mangent et boivent avec eux quotidiennement. Les capitaines de la présidence et de la primature les bichonnent et les adulent comme des frères congénitaux. Samedi, les officiers de la structure qui jurait de « protéger et servir » traumatisent dans une série de démonstrations crapuleuses. Ils opèrent des actions fantômes pour dégainer devant les bureaux publics, menacer des cadres de l’administration et incendier des véhicules immatriculés SE et OF. Dimanche; des ministres, directeurs généraux, patrons de médias, directeurs d’opinions, conseillers et personnages honorifiques dans le sillage de la primature et de la présidence se convertissent en racketteurs pour vendre des visas, parapher des contrats en dehors des normes du marché public, puis en assassins pour organiser des missions génocidaires tantôt sous les auspices de Barbecue, Tije, gwoje, Nenkankan, Bout-Janjan, Odma, Krisla, Kilikou, Gwovan, Ti-Lapli. Quand ces petits monstres nationaux s’avèrent incompétents, l’expertise de mercenaires et snippers auprès de l’international est sollicitée en vue de mettre des balles à la tête, au cœur et aux poumons de la population exaspérée par les indénombrables mensonges présidentiels polymorphes et multicolores de bananes pourries.
Depuis l’aube jusqu’au crépuscule, du lundi au dimanche, de janvier à décembre, les négativités vont crescendo; les scandales et les actes criminels s’amplifient. Au cours de ces dix dernières années, Haïti est passée du stade d’une fenêtre brisée à celui d’un effet domino horrible vécu comme une explosion généralisée de tous les acquis de l’éthique, du civisme et du sens patriotique.
L’insécurité s’impose comme un Goliath; l’injustice s’accélère dans un champ libre; le blackout prend de la largeur, le déshonneur et l’indécence se déploient à vive allure; la parole présidentielle est incohérente, vacillante et banalisée; l’autorité publique est anéantie; le mensonge évince la probité ; la flagornerie officielle s’extériorise sans aucun gène; le chawa-pete pourrit la jeunesse; la pratique perverse « Ouvè le kò» a mis K.O l’idéologie innovatrice «Ouvè lespri». La crasse l’emporte sur la classe. La criminalité prend du terrain ; les cons, les dealers et les kokorats officiels ont envahi les sphères stratégiques de la République.
Ce décor psychotique monstrueux se résulte en une véritable grossesse ectopique en perdition que seule une césarienne ou une couche miraculeuse saura délivrer.
Complicité multiple dans ce micmac
Sur la ligne brisée de la démocratie occidentale oscillant entre les méthodes de prêt-à-porter et le « taillé sur mesure », on le croyait rarissime que des êtres sans scrupule, à double, triple et quadruple face – jadis versés dans des exercices égocentriques et des gymnastiques aériens, terrestres et maritimes illégitimes causant des victimes en contrepartie de centimes infinis – pullulent en remportant les palmes dans les couloirs nominatifs et électifs sans le moindre sens de l’esthétique, de la dialectique, de l’éclectique et de la maïeutique socratique. La médiocrité, la bêtise, l’ivrognerie et l’insouciance font évasion dans les espaces théoriquement sacrés de la nation.
En dépit de leur nature de dealers révélée au grand jour, les faux amis et pharisiens de l’extérieur ont tout manigancé pour imposer des incapables, des gens de mauvaises vies et mœurs comme des leaders au sommet de l’Etat. Dans quel intérêt, sinon que celui d’exécuter leur agenda mesquin dans le « j’approuve » officiel ! Ricardo Seitenfus2 baptise l’ingérence de la communauté internationale dans les élections présidentielles frauduleuses de 2011 pour placer le néophyte Ti-Simone à la tête du pays, de stratégies du caméléon.
Élément basique de tout système démocratique classique, les crimes physiques et psychiques commis par des sadiques officiels et officieux ne devaient violer les augustes références de la justice. Par ces temps ténébreux, on constate que de tels principes protectionnistes et dissuasifs sont jetés aux oubliettes historiques par des gènes ataviques qui encouragent l’impunité en raison de leurs intérêts narcissiques. Amnésiques malgré eux – à cause des coups tragiques et fatidiques encaissés à la tête, au tronc et aux membres inférieurs et supérieurs par de faux supérieurs schizophréniques qui les intriquent dans des promesses fallacieuses illusoires et dérisoires – les citoyens ont pris l’option regrettable de plébisciter des bandits au timon des affaires. Mille gourdes ne sauraient jamais compenser les effets pervers de l’indécence et l’incompétence placées au pouvoir. Le destin d’une nation ne peut se jouer tel un jeu de hasard à Las Vegas ou un « PlayStation » à Disney World.
Impudiques, névrosiques, alcooliques, chimériques, ces représentants déraisonnables élus en contrepartie de mille gourdes ou de mauvais deal avec des contrebandiers politiques, diplomatiques et économiques, sont des agnostiques qui pratiquent des actions abominables. De manière sarcastique, certains d’entre eux composent des musiques de dénigrement qui critiquent des figures emblématiques et symboliques de la République. Sans éthique, sans tritures scholastiques ni ecclésiastiques, ils mastiquent les valeurs intrinsèques enveloppées dans l’intégrité, la dignité et la méritocratie.
Il n’est donc plus une surprise lorsque l’on perçoit que ces hauts dignitaires indignes détruisent les inspirations, les imaginations et les aspirations de nos diplômés en Informatique, Electrique, Mécanique, Statistique, Sociologie, Economie, diplomatie, etc. Les jeunes sont cloitrés dans un chômage critique qui les obligent à utiliser des gymnastiques et des aérobics assortis de méthodes de mendicités innovatrices, afin de se préparer à se jeter de l’autre côté de l’océan atlantique.
Déshydratation du corps économique et social
A quand donc la fin ultime de cette fuite massive de cerveaux et de capitaux aiguë qui déshydrate les sources productives des secteurs privé et public du pays ? La nation se réduit pratiquement à deux classes, la moyenne étant meurtrie et en voie de disparition. Il semble que cela tombe à pic pour les hypocrites de l’international qui s’apprêtent à accomplir leur agenda de s’installer avec facilité dans notre périphérique et notre profondeur pour jouir en solo de nos saveurs atmosphériques platoniques. En effet, les aspirations politiques et de contrôles stratégiques d’une nation sont surtout l’apanage de la classe intermédiaire qui concrétise en général les prescrits de la mobilité sociale vers l’apothéose du sommet de la gouvernance.
Cette ère technologique étant dominée par les notions géo-référencées de latitudes, longitudes et donc la traçabilité des transactions bancaires, serait-il véritablement un hic pour les prédateurs de ce monde de cerner dans une clarté lumineuse, de concert avec la banque régulatrice, les opérations ténébreuses des criminels du Petrocaribe et de la CIRH ?
A l’instar de la caricature ignoble du dictateur Jean Claude Duvalier, plein aux as lors de son départ du pouvoir en 1986 à destination de l’Hexagone et qui retournait au bercail dans la crasse, décati, sans un sou; n’est-il pas à présager un pareil sort pour les dilapidateurs du Petrocaribe et de tous les autres responsables des forfaits perpétrés sur les richesses du sol, du sous-sol, de la mer et de l’espace national.
A l’image des gros poissons pris dans les filets de la DEA, on va les sucer jusqu’au dernier centime et les déporter au bercail pas après qu’ils aient purgé leur peine, prétexte. Mais, après qu’ils finissent, au cours de leurs périples d’incarcération à « l’Alcatraz du Sud », de partager les fichiers techniques de leurs partenaires de mauvais deals et surtout vider tous leurs comptes bancaires repérés dans les paradis fiscaux.
Rien de nouveau sous les cieux étoilés. Aucune nouveauté à l’Hexagone ni sous les Feuilles d’Erables. Les mêmes hypocrisies, les mêmes bluffs, les mêmes exploitations, les mêmes jeux, enjeux et anti-jeux déloyaux : « Tout par et pour l’Occident » ; périssent les faibles et les ratés incapables de ramer confortablement dans les piscines toxiques et d’évoluer dans les cours des grands manipulateurs.
Un législatif risible et irascible
Incapables de réflexions synergiques, incultes des œuvres stylistiques, bornés dans la dialectique et la maïeutique socratique, nombreux sont ces faux leaders qui n’abdiquent pas devant le fric pour défricher tous les tiroirs des bureaux du terroir en emportant tout sur leurs passages cycloniques maléfiques. Dans leurs excès de mégalomanie et de cleptomanie maladives, ces dealers officiels verseraient même dans le kidnapping afin d’accroître leurs pactoles, sans penser un jour qu’ils devront finir en taule.
Il faut croire que des bougies sataniques ont été allumées à l’effigie de ces stratèges du législatif infâme pour qu’ils soient tombés sous des pièges en contrepartie de leurs sacrilèges. On se demande perplexe, quand est-ce que ce peuple stoïque lancera-t-il décidément le coup de sifflet final vers la victoire méritocratique pour se débarrasser de cette grossesse politique ectopique qui hypothèque son bien-être psychologique dans un ensemble de pratiques illogiques. Malheureusement, les bandits de l’opposition sadique, cynique et masochiste n’avaient pas su profiter de façon logique pour avaler leurs orgueils chtoniens en vue d’emprunter dans la concession les chemins critiques de la quête du bonheur collectif.
Une présidence électrocutée, puis remembrée miraculeusement
Les épisodes de la sainte colère populaire inaugurés depuis les 6-7 juillet 2018, menant à la série macabre de pays lock à plusieurs reprises, suffisaient pour envoyer la bêtise de la gouvernance « mazette » au vestiaire. Cependant, en raison de la déraison des faux antagonistes qui ne pouvaient s’asseoir sur une même table, de l’oxygène toxique et des prothèses allaient être fournis à ce régime déchu qui a graduellement transformé son « Ti Rès » de souffle, en un ouragan dévastateur.
Rancune, hostilité, aversion, pétrophobie, la colère présidentielle allait se mêler de la partie pour que le champion des sorciers lance la chasse aux sorcières en promettant des accidents et la décapitation des têtes des « serpents venimeux » qui sifflaient et festoyaient jadis dans ses parages. Les acolytes du régime deviennent de plus en plus frénétiques et paniquent dans un luxe pharaonique en faisant la navette et le pèlerinage ironiques dans des slogans comiques vantant une modique « Ti Rès » aux mélancoliques pour éviter l’activation des plaques tectoniques qui auraient déclenché des catastrophes sismiques qui les ont déjà placardés dans des conditions pathétiques.
De la caravane de mensonges effrontés et des promesses fallacieuses, la présidence a sorti une carte de kokoratisation « Ti Rès la pou pèp la » pour tenter de se remarier dans une alliance « Je t’aime, moi non plus » avec une population qu’elle a mille fois bafouée. Les conseillers officiels et officieux faisaient flèches de tout bois par des chantages, des menaces, accusations et diffamations pour forcer ce pacte invivable entre 11 millions de révoltés contre un seul insouciant au bouton des axes stratégiques dont il fait un usage scandaleux par des mauvais deals opaques tant au terroir qu’avec des bandits étrangers.
Depuis l’intronisation des capitaines de cette équipe politique perverse, arrivés comme des extraterrestres dans les affaires de la nation, dealers et leaders s’associent, se côtoient et se flattent pour amplifier nos laideurs et nos malheurs dans une immense douleur !
Messieurs les dealers, vous pensez vraiment que « vous n’êtes pas des égarés » ? Vous feriez mieux de demander à vos aînés, aujourd’hui dans vos parages, qui ont déjà purgé leur peine de plus de dix ans dans la géhenne réservée par la DEA. Vous accumulez des billets rouges et des billets verts, au détriment des projets de santé, de loisir, d’éducation. En dépit de vos millions mal acquis, vous ne défendez même pas une circonstance atténuante auprès de vos communautés en pensant à construire une école, un parc de jeu ou un hôpital au pays. Vos comptes bancaires en Floride ont atteint les plus de dix «digits», au profit de vous-mêmes, vos clics et vos familles. Mais, détrompez-vous, des agents invisibles vous tendront des pièges tôt ou tard, car depuis des décennies, l’histoire ne fait que se répéter.
Incapables de déceler le sort périlleux de ceux qui jouaient le même jeu que vous, il faut décidément déduire que vous êtes de véritables « Boukis » qui se croient malicieux.
Carly Dollin
carlydollin@gmail.com
1 La théorie de la fenêtre brisée (Broken window theory) est née d’un article des professeurs de criminologie James Q. Wilson et George L. Kelling en 1982. https://media4.manhattan-institute.org/pdf/_atlantic_monthly-broken_windows.pdf
2 Dans l’échec de l’aide internationale à Haïti: Dilemmes et égarements.