Un budget prévisionnel estimé dans la fourchette de 80 à 100 millions de Gourdes a été annoncé par le Premier ministre démissionnaire Jean Michel Lapin pour réaliser le carnaval, mais plus de 200 millions selon l’opposition. À Port-au-Prince, aux Gonaïves, aux Cayes des tensions sociales ont contrarié l’organisation de la plus grande fête populaire haïtienne pour laquelle des fonds ont été déjà avancés.
Port-au-Prince, dimanche 1er mars 2020 –Le Chef du gouvernement démissionnaire Jean Michel Lapin qui participait, vendredi 28 février, à la cérémonie de réception des reliques de Pierre Toussaint, à Food for the Poor a dû faire face au sujet. Les rapports des dépenses relatives à l’organisation du carnaval national annulé en raison de troubles sociaux n’ont jusqu’ici été communiqués par le comité, idem pour le carnaval des Cayes 2019 où le leader Têt Kale brillait par ses propos grivois.
Des fonds décaissés pour la construction de stands partis en fumée, des sommes allouées à des ateliers de déguisement non consommées interpellent des organisations sociales. L’organisation socio-politique ‘’Vive Haïti’’, dans une note ouverte s’est prononcée en faveur de rapports justifiant les décaissements des fonds de l’État.
‘’ Le carnaval exige toute une mise en place. Des dépenses doivent être consenties une semaine à l’avance, d’autres nécessitent 2 semaines avant les festivités, des avances doivent être consenties 4 semaines précédant le carnaval’’, a concédé Jean Michel Lapin, réagissant sur des voix exprimées dénonçant une supposée gestion opaque du budget.
Jean Michel Lapin, également ministre de fait de la Culture, a évoqué des secteurs stratégiques nécessitant des subventions à l’avance.
‘’Des dépenses pour le déguisement des rois et reines, des avances de fonds pour accompagner les opérateurs sonores se sont révélées impératives. Nous allons nous rassurer que les œuvres ont été effectivement accomplies pour exécuter la balance’’, a-t-il résumé. Avant de souligner des opérations de récupération possible de fonds en cas de violation de certaines clauses.
Dépolitisation de la culture
Deux années consécutives (2019 aux Gonaïves et 2020 à Port-au-Prince), l’organisation du carnaval national battait de l’aile en Haïti. Des politiques, selon le Premier ministre Lapin, en font une récupération politique de la plus grande fête populaire haïtienne, au détriment de l’expression et de la vulgarisation culturelle, dénonce-t-il. Des artisans, des créateurs se retrouvent, depuis deux ans, à la traîne en raison d’une politisation de la culture et une volonté manifeste de saper tout effort visant à refaire l’image d’Haïti à ses potentialités culturelles.
Mais Lapin a-t-il eu vent du déroulement du Carnaval de Rio au Brésil en 2020 ?
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com