Par : Vitalème ACCÈUS
Mardi 24 décembre 2019 – Les fêtes de Noël et du nouvel an approchent à grand pas. Le scintillement des guirlandes devant les boutiques et le concert des pétards dans tous les coins de rue sont très rares dans les grandes villes, y compris la capitale haïtienne.
La crise socio-économique qui perdure depuis plus de deux (2) ans et le récent blocage des rues par des milliers de manifestants pour réclamer de meilleures conditions de vie et protester contre un système accusé de les maintenir dans la misère ont porté un coup dur aux festivités.
A quelques jours des fêtes marquant la fin de l’année 2019, bar-restaurants, boutiques et autres maisons de commerces restent ternes, malgré la tradition et les décorations sont quasi invisibles dans les rues.
Par contre, des gadgets et autres jouets pour enfants sont sur le marché. Mais c’est à croire que les acheteurs ne s’intéressent pas vraiment à la fête. Les conditions pour festoyer manquent cruellement et le sujet s’invite à peine dans les discussions.
Pour bon nombre d’Haitiens, cela est dû à la crise économique qui étrangle actuellement le pays.
Aujourd’hui en Haïti , plus de 6 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (soit moins de 2, 41 dollars US par jour) et plus de 2,5 autres millions sous le seuil de pauvreté dite « extrême » (établi à 1,23 dollar US par jour, par la Banque Mondiale). La monnaie nationale (gourde ) continue de se déprécier, alimentant une inflation à deux chiffres qui a dépassé la barre de 17% en mai 2019, selon l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI).
«Le manque d’argent ne donne pas envie, voire le courage de fêter. Il aurait fallu un miracle», regrette une mère de famille, vendeuse de vêtements usagés.
Dans les marchés de Delmas, Delmas 31 et Delmas 32, c’est le même refrain. «Avec cette crise presque personne ne fait des affaires. Les clients ne viennent pas. Même si tu sors, la probabilité est forte que tu rentres sans revenu», raconte un commerçant au grand marché de Delmas 32 .
Visiblement, tout le monde semble déplorer cette situation et souhaite un dénouement heureux. Mais, l’intensité des récentes manifestations dans le département des Nippes , les sorties revanchardes dans la presse de Jovenel Moïse dans la gestion des contrats d’électricité et les invitations avortées au Palais National laissent croire que la crise est loin d’être résolue.
Mais quelle que soit la qualité de la banane et la physionomie du cabri, local ou amélioré, la fête aura bel et bien lieu pour certains en Haïti!
Vitalème ACCÈUS
acceus2009@gmail.com