Lundi 2 décembre 2019 – Le refrain « Se pa fòt mwen/Ce n’est pas ma faute) revient sur les lèvres du président Jovenel Moïse, qui retrouve un peu d’énergie (dans le ton de sa voix), à la faveur de la baisse de régime du mouvement « Lock ».
Après avoir avoué publiquement n’avoir pas eu toutes les informations concernant le secteur énergétique haïtien avant de lancer son programme mort-né d’électricité 24 heures sur 24, le chef de l’État change de registre et préfère renvoyer la faute à d’autres personnes.
« C’est la faute du parlement », a lancé Jovenel Moïse, pour expliquer l’échec cuisant de ses « tentatives » pour amener le courant électrique dans tous les foyers haïtiens, dans toutes les rues et dans toutes les entreprises, en 24 mois.
Sans accuser cette fois-ci ses meilleurs ennemis, les Vorbe de Sogener, le leader Tet Kale a indiqué avoir acheminé le contrat signé avec les Taïwanais pour l’électricité au parlement qui, de son coté, n’a jamais planché sur le sujet. Un parlement, qui pourtant, a fait les quatre volontés du président pendant plus de deux ans et qui a écarté, selon les vœux de celui-ci, le dossier PetroCaribe, pour tenter de l’enterrer à la Cour des Comptes.
La Chambre des Députés, à majorité Tet Kale et alliés, ayant sauvé Jovenel Moise d’un procès en destitution, est devenue pour le président le bouc émissaire pour un budget déposé très en retard et n’ayant pas été conçu d’une manière à amener la croissance et la répartition des richesses dans le pays.
« Les députés m’ont retourné le budget », s’est plaint Jovenel Moïse, qui n’a pas jugé bon de révéler pourquoi son gouvernement n’a jamais remanié le projet de budget pour le déposer à nouveau au parlement.
Même son de cloche pour le sujet épineux des élections « à la Dermalog ». Le président Jovenel Moïse, qui a, manu militari, bloqué les élections des collectivités territoriales, impute encore une fois la faute au parlement qui n’a pas voté la loi électorale. Entre-temps, des millions de gourdes sont utilisées pour payer salaires, frais et faux frais à des membres d’un conseil électoral inutile et à leur suite.
En France, le président se vantait d’avoir pleins de pouvoir pour faire ce qu’il veut dans toutes les institutions, y compris le parlement, le président se plaint maintenant de n’avoir aucun pouvoir…
La faute est à la constitution de 1987, affirme le président. Jovenel Moise promet donc de changer rapidement cette loi-mère.
Le président n’attend, semble-t-il, que le deuxième lundi de janvier pour constater la caducité d’un parlement moribond et se donner les pleins pouvoirs pour mater la révolte populaire, promulguer sa constitution et installer une paix de cimetière.
Si toutefois…