Taux de croissance entre -0,6 % et 0,0 % : la BRH dresse un sombre tableau de l’économie haïtienne

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14 novembre 2019

Jeudi 14 novembre 2019 – Les perspectives pour l’économie haïtienne demeurent mitigées compte tenu de la situation sociopolitique, a révélé la BRH (Banque de la République d’Haiti). Les prévisions réalisées par les services techniques de la BRH tablent sur la poursuite de la hausse du taux d’inflation annuel au premier trimestre de l’exercice 2019-2020.

Ainsi, en glissement annuel, le taux d’inflation devrait s’inscrire à 20,1% en septembre 2019 puis à 20,3% en octobre et novembre 2019. Toutefois, ces estimations ne tiennent pas compte des différents chocs ayant affecté l’économie à partir de septembre 2019, notamment ceux liés à la rupture des activités de production et des circuits de commercialisation, dont l’impact sur l’offre de biens et services devrait se refléter sur l’évolution des prix à la consommation.

En ce qui a trait au taux de croissance du PIB réel pour l’exercice 2018-2019, il pourrait selon les dernières estimations se situer dans la fourchette -0,6 % et 0,0 % en raison de la dégradation du climat des affaires découlant de la persistance des troubles socio-politiques. Cette situation risque d’accentuer l’attentisme et les anticipations négatives des opérateurs économiques avec des incidences négatives tant sur l’investissement que sur l’activité touristique.

Compte tenu de la conjoncture socio-économique qui prévaut depuis plusieurs trimestres, la BRH a dû faire un arbitrage difficile entre les attentes en matière de croissance et les objectifs de stabilité des prix et du change. Au moment du dernier resserrement des conditions monétaires, les troubles sociopolitiques étaient tels que les décisions des agents ne semblaient pas rationnellement s’orienter dans le sens de nouveaux investissements. Dans le même temps, les coûts d’utilisation des lignes de crédit en gourdes permettaient avantageusement la réalisation de gains de change nets proportionnellement plus importants.

C’est dans ce contexte que les décisions annoncées vers la fin de mai 2019 avaient visé à assainir l’environnement monétaire que les mois précédents de turbulences avaient contribué à déstabiliser. L’idée était d’aligner, à travers l’augmentation des taux directeurs, les instruments de politique monétaire avec l’évolution quantitative des variables qu’ils devraient influencer. Par la suite, les effets positifs d’un ensemble d’actions de nature politique et économique devaient justifier la baisse modulée des taux d’intérêt directeurs pour accommoder une reprise de la croissance plutôt saine et soutenable. Cependant, ces hypothèses ne se sont pas concrétisées en raison du climat socio-politique incertain.

Elles incluaient :
1. La mise en place d’un nouveau gouvernement et le dépôt du budget au parlement ;
2. La signature de l’accord prévu avec le Fonds Monétaire avec des termes relativement inchangés par rapport aux discussions initiales de décembre 2018 ;
3. Une augmentation des appuis budgétaires et des aides liées aux projets de la part des principaux bailleurs;
4. Un relatif apaisement de la situation socio-politique accompagné d’un certain regain de l’activité économique favorisant ainsi un dynamisme des recettes publiques.

Aujourd’hui, la BRH envisage une baisse de ces taux élevés qui se justifie à lumière des considérations qui suivent:

1- La conjoncture qui devrait permettre une gestion modulée des taux d’intérêt sur la base de l’évolution anticipée de l’indice de confiance des agents économiques ne s’est pas réalisée.

2- Dans un contexte de morosité exacerbée, le maintien de ces niveaux élevés de taux, prévus pour être modulé à la baisse, contient le risque systémique d’empirer la profitabilité des entreprises débitrices du système financier et de leurs créditeurs, interpellant conséquemment la Banque centrale par rapport à sa mission de régulateur. En effet, le coefficient d’arrérage est passé de 2,55% en début d’exercice à 4,04% en avril pour atteindre 6,83% en août 2019.

3- La longue stabilité du taux de change ; Celle-ci tend à contenir les variations de l’inflation dues à la dépréciation de la gourde en dépit de nos prévisions à la hausse du taux d’inflation qui ne s’expliquerait pas prioritairement et exclusivement par des facteurs monétaires que le prochain renouvellement du Pacte de Gouvernance Économique et Financière avec le Ministère de l’Économie et des Finances aidera á monitorer.