par Ricot Marc Sony
Mercredi 30 octobre 2019 – En marge de la troisième édition du festival « Rencontres des cultures créoles », Jaden Pwezi a accueilli dimanche l’écrivain Franckétienne, invité d’honneur de cette édition dédiée, par ailleurs, à l’île de La Réunion.
Récitals poétiques, slams, chants, cette soirée prologue a tracé une route avenante vers les prochains jours.
Dans un style un peu sobre, bardé d’un large sourire dessiné sur son visage, l’auteur de «Mûr à crever», a pris la parole devant plus d’une centaine de gens attentifs et impatients d’écouter l’un des plus grands artistes érudits haïtiens.
Franckétienne a mené la causerie de manière discontinue tantôt il parle de sa vision pour Haïti, tantôt il parle de de son enfance.
« La spirale c’est un peu comme ça, c’est la discontinuité de l’histoire, et la reprendre, sans oublier où on était » affirme-t-il.
Un Franckétienne qui en a marre de parler de littérature mais plutôt de sa vie, qu’il considère comme un exemple pour les gens qui sont présents. Avec un peu d’ironie il lance « Je ne peux pas parler tout le temps de mes livres, de littérature, parfois je ne comprends même pas ce que j’écris ». Franckétienne préfère donc évoquer ses souvenirs à Ravine Sèche où il est né, une petite zone de province située dans le département de l’Artibonite, à 87 km de Port-au-Prince.
Élevé à Port-au-Prince, Franckétienne avoue qu’il n’a pas eu une enfance facile surtout dans les conditions dans lesquelles sa mère l’a mis au monde. « C’est ce qui fait de moi un artiste et un écrivain. Si j’avais eu une enfance facile, j’aurais pu être être un écrivain, mais pas celui que je suis en ce moment».
Franckétienne use d’une verve érudite pour voguer sur les sujets qui le tient à cœur, tels que l’inexistence de la mort, la supra conscience, la physique quantique, …
Soucieux de l’attention au public, Franckétienne a détaillé ce qu’il appelle la trilogie du mal, dans laquelle le peintre constitue l’alliance entre sexe, pouvoir et argent. Dans une ambiance légère, humoristique, il a partagé beaucoup de souvenirs et a révélé qu’il a fumé dès l’âge de six ans.
Après la causerie, Jaden Pwezi a continué dans une ambiance poétique, comme à son accoutumée, avec Coutchève Lavoie Aupont, animateur de la soirée qui a fait appel à plusieurs diseurs et diseuses pour déclamer des textes. Marie Murielle Morné, s’est fendue d’une interprétation de Vyero d’Emeline Michel et le public a pu profiter d’artistes tels que Ed Dariliks, Eklips, Kevin, …
A noter que l’association Vagues Littéraires, porteuse du festival, a fait don d’une vingtaine de livres de Franckétienne à Jaden Sanba permettant de lancer une collecte de livres pour le projet de bibliothèque de ce nouveau centre culturel dans le paysage créole haïtien.
Jaden Pwezi est un événement hebdomadaire réalisé chaque dimanche au local de Jaden Sanba à la rue O.
Notons que Rencontres des cultures créoles est lancé depuis lundi au Café Tap Tap. Ce rendez-vous culturel est organisé depuis octobre 2017 par l’association Vagues Littéraires.
Plusieurs conférences, causeries et ateliers auront lieu à Port-au-Prince. Les initiateurs du festival croient que la culture ne doit pas prendre de pause. Même en temps de crise, la diversité culturelle, précisément la culture créole doit être mise en avant.