Privatisation : Source de dysfonctionnement du système

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By Rezo Nodwes -24 octobre 2019

Lorsque vous demandez un bon, un nouveau ou un changement du système, vous ne demandez que l’application des lois et des principes du système, car le système vous donne déjà tout ce que vous demandez et tout ce que vous devez avoir en tant que citoyen. Les mauvaises politiques publiques de vos gouvernements sont les causes d’injustice, d’inégalités et d’iniquités qui vous forcent à vivre dans des conditions inhumaines, ignobles et immorales.

Jeudi 24 octobre 2019 ((rezonodwes.com))– La politique économique de l’Etat central de vendre les ressources les plus importantes du pays au secteur privé est antinomique aux principes de la constitution qui veut que l’Etat central soit le distributeur exclusif des services publics. Cette politique affaiblit l’Etat central au sens que l’Etat passe ses obligations fiscales et ses responsabilités civiques à des institutions privées qui elles-mêmes détiennent les monopoles pour devenir les seuls maîtres à penser et à faire au détriment et de l’Etat et du peuple.

La rareté de la gazoline et le non-accès à l’électricité prouvent que l’Etat central échoue à sa mission de promoteur de justice sociale. Ultimement, l’instabilité politique actuelle est le fruit de la privatisation où peu possède si beaucoup et que si beaucoup possède si peu.

Le système veut que le gouvernement soit proche de ses citoyens pour qu’il serve leurs intérêts à travers l’accès réel aux services publics et à travers le renforcement politique et administratif des gouvernements locaux. Il prévoit un principe de justice sociale basée sur le respect des droits humains, l’institution de gouvernements démocratiques, l’aménagement du territoire et la défense de la souveraineté nationale. Partant de ces principes, Thomas Jefferson dirait que les gouvernements haïtiens n’existent pas parce qu’ils ne servent pas les intérêts de leur peuple.

Alexis de Tocqueville lui-même dirait que les gouvernements haïtiens n’existent qu’à Port-au-Prince, car les pouvoirs et les services publics ne sont pas délégués et distribués aux gouvernements locaux comme le veut le système en ses articles 66 à 88. Alexander Hamilton et James Madison avanceraient que les gouvernements haïtiens ne font rien pour préserver la vie et la liberté de leurs citoyens. 

John Jay lui-même dirait qu’un gouvernement qui privatise ses ressources de base et qui donne la gestion de ses ports à des particuliers s’embarque dans la misère.  Matt O’Sullivan and Piyush Goyal diraient qu’un pays dont les services publics sont distribués par le secteur privé est condamné à souffrir continuellement.  Corrado Gini dirait qu’en Haïti il y a une inégalité maximale puisqu’un groupe minime possède tous les revenus pendant que le grand nombre n’en a rien. 

Tous ces théoriciens, fédéralistes, socialistes et chercheurs auraient raison, considérant la manière dont l’Etat accorde des contrats sans rescousses législatives et sans défenses réglementaires au secteur privé représenté par les commerçants tels que les syro-libanais Boulos, Bigio Acra, Debb, et Abdallah, les constructeurs tels que les européens Madsen, Brant, Mews, et Vorbes et les fournisseurs de services tels que les mulâtres Baussan et Moscosso qui tous bénéficient de franchises douanières pour faire venir leurs marchandises de l’étranger.  

Pendant que le système offre un guide pour la construction d’une Haïti où la liberté, les opportunités et la société civile peuvent s’épanouir, la politique publique de l’Etat se dévie de ces principes en instituant la privatisation pour incarner le capitalisme et le néolibéralisme dans leur plus parfaite forme. Le problème avec la privatisation en Haïti c’est qu’il n’y pas de compétition dans les contrats ; une seule compagnie contrôle une ressource essentielle. NOVUM de Sheriff Abdallah contrôle le marché du pétrole, NATCOM et DIGICEL la télécommunication et les mêmes familles, le secteur de l’énergie.

Le secteur privé haïtien opère avec l’immunité politique et la réduction de taxes pendant qu’ils chargent des coûts très élevés aux consommateurs. La privatisation, dictée par le besoin de profits au détriment de l’Haïtien, plonge l’Etat dans de contrats à long-termes sans clause pour les revisiter en cas de d’insatisfaction ou de performances piètres du distributeur.

Elle viole les principes fondamentaux de la décentralisation par déconcentration, produit des inégalités économiques et des discriminations sociales au niveau des collectivités territoriales, promeut la corruption et engendre les mouvements sociaux pour les redditions de compte et de changement de système.

Le système que prévoit la constitution est un instrument d’édification d’un gouvernement responsable et capable de militer pour une réforme économique collaborative qui utilise ses ressources propres pour remédier aux disparités socio-économiques qui empêchent les citoyens d’atteindre l’autosuffisance et la détermination vers la justice sociale. Il ne prévoit pas la privatisation et définitivement pas le monopole, comme il en est actuellement à cause de l’incompétence visible des gouvernements de gérer les choses publiques.

Tenant compte de la centralisation des ressources entre les mains d’une minorité minime sans conscience et sans responsabilité sociale envers le pays, il est demis d’avouer que la privatisation ne devait pas être une option pour Haïti, car les compagnies privées n’ont que « profits, profits et encore plus de profits pour elles-mêmes » comme objectifs majeurs.  La privatisation est la principale source de dysfonctionnement du système ; lequel système est conçu bon, mais n’est jamais alloué l’opportunité de se prouver effectif, utile et durable pour le développement économique de chaque Haïtien.
Bobb RJJF Rousseau, PhD
Public Policy and Administration
Diaspora UniversiteThe Blog of Bobb RJJF Rousseau