By Rezo Nodwes -24 octobre 2019
par Alin Louis Hall
Jeudi 24 octobre 2019 ((rezonodwes.com))– Les alléchantes affaires philanthropiques ne représentent pas l’unique secteur dans lequel les ténors du Core Groupe ont investi sans état d’âme. Après le siphonnage de l’argent de la reconstruction, les thuriféraires de la commisération se devaient à tout prix de planifier une minutieuse dilapidation des Fonds Petrocaribe. Pour cette délicate entreprise, la psychologie tordue du roi du carnaval aurait, semble-il, établi qu’il serait un bien meilleur chien couchant. Aussi, en imposant la « soulouquerie rose », le Core Group renouvela-t-il sa profession de foi dans le mensonge historique de la démocratie néocoloniale. Ces pratiques du pire continuèrent avec l’accouchement au forceps de l’émanation la plus achevée de la société coloniale sans sanction. En clair, cet indéfectible attachement du Core Groupe à la caravane de toutes les duperies et leur soutien sans faille à un suzerain de pacotille comme le « bonhomme banane » confirment leur statut de syndicat néocolonial.
Seulement voilà que la Convention de Vienne et la Chartre des Nations Unies ne prévoient aucun cadre juridico-légal pour que des diplomates se regroupent à l’intérieur d’un état souverain particulièrement pour organiser un carnaval meurtrier de satrapes. Depuis le tremblement de terre de janvier 2010, les dépositaires du cordon sanitaire que Talleyrand avait recommandé pour Haïti organisent sans interruption la mise en orbite des malandrins. De ce fait, rien n’est négligé pour laisser les Haïtiens cuire dans leur jus. Aussi, importe-t-il de rappeler que le « banditisme légal » avait même reçu la bénédiction d’un prélat de la Sainte Eglise catholique et apostolique. « Je lui ai dit qu’il fallait vraiment mettre son pantalon de Sweet Micky pour pouvoir diriger ce pays, on ne peut pas vivre dans la tergiversation pour pouvoir vraiment remettre Haiti sur les rails[1] », avait martelé l’Archevêque Kébreau. Bien entendu, ce n’est pas notre souci ici d’autant plus que les brebis et les moutons se sont finalement rendu compte que la multiplication des bananes appartenait à la science-fiction.
Le Core Groupe doit donc se résigner à l’évidence que le rejet de la « soulouquerie rose » et de la caravane du faire semblant est total. A aucun moment de notre histoire, la répudiation d’une équipe au pouvoir n’a jamais été aussi collective et nationale. Evidemment, le mauvais chemin pris par Haïti sert à dissuader les autres peuples qui voudraient emprunter cette voie. Pour les légataires du Code Noir, la débâcle haïtienne représente la pédagogie pour mettre en garde les pays qui veulent faire écho au principe fécond de l’autodétermination. Alors, sans relâche, il nous faut dénoncer la trajectoire que la surdétermination géopolitique a imprimé pour la première expérience de décolonisation. Pour dire les choses autrement, la notion d’humanité est restée restreinte à la population des puissances du monde atlantique. En tout état de cause, l’approche du Core Groupe procède d’un racisme subtil qui s’exprime manifestement par un refus d’appliquer le concept d’être humain aux petits enfants de la brutale transplantation. Personne n’est dupe ! Le rejet de l’altérité apparait souvent sous des apparences affables. Pour mettre à jour le Code Noir, les droits de l’homme et d’ingérence humanitaire offrent le meilleur alibi.
Dans le même diapason, on retrouve sans surprise cette attitude ambivalente chez les créoles noirs et mulâtres qui se sont toujours présentés comme les meilleurs interprètes de l’eurocentrisme. Ces derniers n’ont jamais vraiment appliqué le concept d’être humain à la masse afro-paysanne. Certains se sont même présentés comme les dignes représentants de la civilisation. Aussi, est-il concevable cette psychose qui avait atteint beaucoup d’Haïtiens. En effet, ces derniers ont cru qu’il fallait absolument revendiquer le statut d’interlocuteur authentique du monde occidental. Sans recul, ils s’y prêtèrent à ce jeu afin de valider leur certificat d’émancipation. Aussi, pour être considérés comme des êtres humains, se sont-ils limités à ce qui paraissait raisonnable à leurs yeux et ont ainsi renié leur serment de vivre libres ou mourir. Cette hérésie gagna à sa cause des signataires de l’Acte de l’Indépendance comme Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer. On s’explique que, de son propre gré, le premier agita en premier l’idée d’indemniser les colons. Devant le braquage de la France en 1825, le deuxième prit le chemin de la moindre résistance vers la capitulation. Cet état d’esprit est devenu par la suite un courant de pensée dominant.
Singulièrement, il importe de souligner que l’Acte de l’indépendance est aussi signé par certains hommes dont les recherches n’ont pas encore permis d’établir ni leur poids réel dans la lutte ni leur contribution à la révolution qui craqua l’ordre mondial raciste antinoir. Etaient-ils des encadreurs ? Toutes les spéculations sont permises. Cependant, il s’avère difficile de croire que le document fondateur ait été signé par des hommes dont l’apport est resté énigmatique et questionnable. En ce sens, le débat est ouvert. Qu’à cela ne tienne, le cas de Bernard Loret mérite notre attention. Nous sommes en mars 1802 à la Crête-à-Pierrot au moment où Dessalines allait entrer dans la légende. Quel écolier haïtien n’a pas étudié les paroles célèbres du vaillant général et brillant stratège militaire : « Je vous fais tous sauter si les Français pénètrent dans ce fort. » En plein combat, Loret abandonna ses compagnons assiégés pour rejoindre le camp français. Jusqu’à la victoire de « ceux qui riaient la mort » sur les forces du mal à Vertières, Loret était dans le camp ennemi.
Or voilà que, sans contrition, ce dernier accourut au secours de la victoire à l’entrée triomphale de l’armée indépendantiste dans la ville du Cap. Sans passer par une cour martiale, non seulement il fut réintégré à son poste, mais il eut surtout l’insigne honneur de signer ce document unique dans l’histoire de l’humanité. Lorsqu’on connait la réputation des généraux Dessalines et Christophe qui ne faisaient pas de cadeau, que doit-on conclure ? A la vérité, il convient de reconnaitre une situation où les valeurs et les principes entraient en opposition. Depuis ce premier faux pas, la société qui émergea le 1er janvier 1804 n’arrive pas à poser deux questions fondamentales : « Quels sont les valeurs et les principes les plus importants ? Et pourquoi le sont-ils ? » Les réponses à ces questionnements auraient pu certainement servir de déontologie pour aider à faire face aux dilemmes éthiques qui taraudent la société haïtienne.
Ce n’est plus à démontrer que le nouvel état en formation s’enlisa dans une incapacité à formuler une axiologie. Faut-il rappeler que le document fondateur est rédigé par Boisrond-Tonnerre, un mulâtre qui fit ses études en France à un moment où la question des droits de l’homme et du citoyen était grandement agitée. Aussi, le formatage de la pédagogie coloniale façonna-t-il une doxa imposant aux Haïtiens un horizon mental indépassable en manière de transformation de la société. On s’explique ainsi cette vaste opération de faire semblant qui organise l’ordonnancement et la gestion de la chose publique. En ajoutant la cacophonie logomachique qui en résulte à notre singulière aptitude à rationaliser l’absurde, la stagnation triomphe sur l’inertie et la victoire de l’accessoire est aussi consacrée sur le fondamental. On en veut pour preuve le débat sur les couleurs du bicolore qui, comme un boomerang, revient comme s’il s’agissait de la panacée à notre avenir plombé. Ainsi, les urgences haïtiennes sont contournées et les problèmes transférés aux générations futures. C’est notre opinion que le vrai débat devrait être plutôt sur le mobile de chacun de nos quatre premiers chefs d’état qui ont eu un drapeau différent de celui sur lequel, en tant que signataires de l’acte de l’indépendance, ils avaient juré de renoncer à la France.
En effet, de Dessalines à Jean-Pierre Boyer, on dénombre autant de drapeaux officiels, de régimes politiques et de constitutions. Quel est donc ce phénomène ? Qu’est-ce qui explique nos tâtonnements, nos errements et nos bégaiements ? Comme un miroir aux alouettes, le faire semblant nous renvoie à nos fantasmes et à nos humeurs. D’où toute sorte d’idées les unes les plus saugrenues que les autres comme, par exemple, celle d’attribuer le titre de père du républicanisme à Alexandre Pétion l’inventeur de la présidence à vie. Dans la confusion qui s’installa au sein de la société en formation, la recherche d’une certaine originalité déboucha naturellement sur les coteries et les confréries maraboutiques. Sous l’embrigadement du faire semblant, les Haïtiens ont établi une phosphorescente notoriété à toute épreuve à assurer une brillante postérité aux fausses valeurs. C’est avec cet état d’esprit qu’il faut appréhender l’épanouissement de notre penchant naturel pour le particularisme aveugle et têtu. Du volontariat de la servitude nihiliste (vsn), certains en ont fait une vocation. Un sacerdoce même !
En clair, la panne d’inspiration des uns enchevêtrée à l’ignorance des autres a largement contribué au formatage d’une mentalité servile. Ce conditionnement mental expliquerait ce champ libre exploité par l’ordre néocolonial. Ce phénomène sociétal promeut le chemin de la moindre résistance par la consécration de la facilité et encourage les Haïtiens à rester à la surface des choses. D’un point de vue structurel, fonctionnel ou organisationnel, le faire semblant est devenu notre fibre existentielle et sert de mécanisme compensatoire face à cet état permanent de déréliction. La masse afro-paysanne est la première victime de cet engrenage mortifère. Dans le même diapason, il importe de comprendre les motivations réelles de la dilapidation préméditée des Fonds PetroCaribe. C’est notre point de vue qu’il existe des aspects culturels homéostatiques qui nous transmettent une antipathie naturelle pour les masses. Là réside l’essentiel du message subliminal de ce crime financier. De la transformation de la société, il n’a jamais été question.
A la vérité, la mystification commence avec l’Acte de l’Indépendance rédigé et signé par les pères fondateurs sans la moindre référence au principe de droit le plus élémentaire. Faut-il rappeler que les travaux de Jean-Jacques Charéron avaient été rejetés parce qu’ils ne transposaient pas suffisamment le « caporalisme » dominant. Le choix se porta à la dernière minute sur la griffe de Boisrond-Tonnerre dont l’inspiration et la griffe n’avaient pas manqué de susciter la curiosité de Guy-Joseph Bonnet. Selon Edrick Richemond, le rédacteur de l’Acte se devait de confier à Bonnet : « Je me suis enfermé dans une chambre, j’ai bu deux tasses de café, trois coups de rhum et l’œuvre a coulé de source. » Toutefois, un fait significatif mérite d’être souligné. Pas un de ces chefs congos qui avaient refusé de déposer les armes à l’arrivée de l’expédition Leclerc n’a signé le document fondateur. Etaient-ils présents aux Gonaives le 1er Janvier 1804 ? La question reste pendante. Depuis, le faire-semblant constitue le socle d’un apartheid systémique des créoles noirs et mulâtres qui ne reconnaissent aucun droit à la masse afro-paysanne.
Si la minorité créole continue d’assumer le simulacre du « vivre-ensemble », le reste de la population s’accommode à de curieux arrangements. L’existence de ces rapports sociaux faussés qu’on croyait appartenir au passé n’avaient pas manqué d’attirer l’attention de l’occupant en 1925. Lisons le commandant américain John H. Russell qui faisait remarquer que « les paysans qui forment la masse (85%) de la population et qui ont si longtemps été maintenus par leurs frères dans un état d’arriération ont la mentalité d’un enfant de pas plus de 7 ans élevé dans de bonnes conditions [2]. » Le moins qu’on puisse ajouter à ce tableau est qu’il a gardé toute son actualité. Au risque de nous répéter, de la promotion des fils et filles de l’arrière-pays, il n’a jamais été question. Pourtant, la négritude totalitaire cosmétique de la bande à François Duvalier avait annoncé en grande pompe le déplacement des marqueurs sociaux. Hélas ! L’ordre duvaliérien par la terreur organisa le « chen manje chen » et ce régime anachronique institua le faire semblant comme l’unique source d’inspiration des représentations du pouvoir.
Evidemment, la psychopathologie affectant les petits enfants de la brutale transplantation a rendu ces derniers incapables de développer une intelligence situationnelle collective pour passer le flambeau transgénérationnel. S’il faut sortir du trou, au lieu de s’arcbouter derrière le mécanisme compensatoire du passéisme historique, les Haïtiens devraient plutôt valoriser ce que nos ancêtres ont fait de bon et aussi reconnaitre leurs torts. Aussi, importe-t-il d’approfondir la réflexion pour faire une révolution contre nous-mêmes afin de sortir de l’impasse politicienne permanente. On se rappelle que la panne d’inspiration et le faire semblant avaient concomitamment poussé les Haïtiens à sous-traiter leur système d’éducation à l’ancienne métropole. Faut-il rappeler qu’il n’existait aucune école en Haïti au 1er janvier 1804 parce que les colons français n’en avaient construit aucune à Saint-Domingue. Pourtant, comme si les atrocités, barbaries et bestialités de la France étaient des racontars, nous continuons de sublimer une culture qui ne reconnait pas le mot « Vertières », la seule chose qu’on ne peut vraiment nous enlever. Evidemment, les « satellites » haïtiens se devaient de damer le pion à leurs tuteurs en bannissant le mot « restitution ».
En réalité, ces serviteurs de l’idéal nihiliste représentent de véritables caisses de résonnance pour répandre la thèse que la mission de la première expérience de décolonisation était d’éclore pour faner. On ne saurait tergiverser sur ce comportement qui participe de la volonté de rester esclave. Honnêtement, qui n’a jamais entendu : « Apre Bondye se Blan » ou « Blan an pap dako, kite peyi a mache. Ba Ayiti yon chans ». Au risque de nous répéter, comment la classe moyenne voit-elle la question éminemment haïtienne de la « restitution » ? Ce n’est pas ici un clin d’œil au folklorisme politique, mais il convient à ce carrefour de s’exclamer : « Poze bon kesyon ». En clair, les troubles dissociatifs de l’identité sont des phénomènes complexes à diagnostiquer. Dans le contexte haïtien, il appert qu’ils ont forgé ce qu’il convient d’appeler « Triple consciouness » ou triple conscience. Si la masse afro-paysanne a un pied en en Afrique, la minorité créole s’appuie sur un en Haïti avec la pointe de l’autre en Afrique et l’esprit en Amérique du Nord ou en Europe. Ce phénomène est éloquemment illustré dans Les Théoriciens au pouvoir de Demesvar Delorme.
Lisons l’exaltation de ce dernier lors de la chute de Sébastopol, épisode principal de la guerre de Crimée qui dura du 9 octobre 1854 au 11 septembre 1855 :
« On a presque fêté en Haïti la nouvelle de la prise de Sébastopol. À ces titres divers, j’ai toujours pensé que les gouvernements français devaient s’intéresser au sort de cette jeune nation qui, dans la paix et dans l’ordre, fondera – un jour dans les Amériques une nouvelle civilisation française. […] La France parle pour ainsi dire l’idiome du droit et des instincts généreux de l’âme. C’est par cette langue que l’humanité atteindra les plus belles conquêtes, comme elle a, par elle, au siècle dernier, acquis ces droits et ces vérités qui forment aujourd’hui son plus beau domaine et le fondement de la vie des peuples[3]. »
Alors, comme le saumon, il importe de remonter à contrecourant pour tarir la source à laquelle s’abreuve notre inféodation. Cette subalternité sans retenue n’avait pas manqué de piquer la curiosité de Gaspard Théodore Molien. En tant que Consul, puis Consul général à Port-au-Prince de 1824 à 1831, ce dernier avait conclu que les Haïtiens étaient « fous » de la France. Sur la base de cette observation, on ne peut plus nier cet état d’esprit comme un facteur déterminant qui permet au colon de refaire les mêmes coups avec une facilité déroutante. C’est ainsi qu’il faut aborder les succès du Core Groupe dans la postcolonie. Assumant la direction d’Haïti sur le plan politique et économique, l’occupation avait exécuté avec panache son plan de vider l’Haïtien de tout ce qu’il lui restait comme inné. « Nous préparons les Haïtiens à être des subordonnés à travailler sous les autres, lesquels prennent les responsabilités. Nous leur enseignons à accepter le contrôle militaire comme la loi suprême et à acquiescer à l’usage arbitraire de l’autorité[4]. » Face à cette affirmation, que disent les récents évènements ? Fou qui croie que le comportement des satellites haïtiens est déconcertant. Au contraire !
Particulièrement pour la classe moyenne, cette obstination à rester esclave est une façon de voir le monde. On retrouve un fort élément de colonialité dans leur exubérante exaltation d’avoir un Haïtien parmi les « immortels » à l’Académie Française. Pour ces écrivains haïtiens qui militent mieux que les Français eux-mêmes pour que la langue de Voltaire s’ouvre au monde, nos immortels seront toujours « ceux qui riaient la mort ». Sur cet aspect, l’éclairage de Leslie Péan dans Comprendre Anténor Firmin mérite qu’on s’y arrête. Lisons Péan lorsqu’il soutient que « la colonialité s’était abattue sur la planète comme une chape de plomb. Cette colonialité dans sa forme la plus pernicieuse, qui est celle du savoir, postule que toute connaissance vient des Blancs et que les autres peuples sont arriérés congénitalement. À cette dimension épistémique s’ajoute une dimension ontologique (colonialité de l’être) et les deux se combinent pour imposer une gouvernementalité articulant infériorité déclarée naturelle des uns et civilisation/modernité des autres[5]. » Evidemment, les déflagrations de la bombe épistémique larguée par le clergé concordataire ont largement contribué à renforcer l’eurocentrisme comme mode de pensée unique.
En tant que satellite de l’occident, la mise en orbite de la postcolonie avait été recommandée par la « bonne Sœur » Anne-Marie Javouhey de la congrégation des sœurs de Saint-Joseph de Cluny. En 1845, notre « chère Sœur » écrivait : « Nous préparerions les éléments d’une population religieuse, morale, intelligente et travailleuse qui assureraient la prospérité de notre pays et qui pourraient offrir de grands services à d’autres établissements fondés pour moraliser, gérer et contenir la race noire. [6]» Ite missa est. En effet, sur l’existence de ce puissant logiciel colonial, seul Dieu, les imbéciles et le « bonhomme banane » ne changeraient pas d’avis. On se rappelle que ce formatage avait porté Toussaint à adopter le nom plus catholique de « L’ouverture ». Ce cas mérite qu’on s’y arrête puisqu’il nous remet sur la piste anthropologique. Et c’est donc ici que nous traçons une ligne de démarcation visible à partir de la lune avec certaines écoles de pensée qui rejettent catégoriquement l’apport des autres sciences à une meilleure compréhension de notre histoire, de notre trajectoire et de notre culture.
A cause de son physique frêle, dit-on, les manuels d’histoire enseignent qu’on avait donné à Toussaint le sobriquet de « fatras bâton ». Au Bénin, pour connaître l’avenir, on consulte le Fà, le porte-parole des Dieux. L’interprète du Fà est le Bokonon. En Haïti, on l’appelle « Bòkò ». Toussaint L’ouverture ou Legba était un Bokonon et son « sien sien » ou nom fort était « Fà to ba to ». En d’autres termes, celui qui a les oreilles du Fà pour conquérir un pays. Les travaux et recherches ont permis d’établir d’autres cas similaires. Par exemple, le cri de guerre fon « bwakama !» signifierait « à l’assaut !» Est-ce ce cri qui avait retenti dans la Plaine du Nord dans la nuit du 14 au 15 aout 1791 ? Dans la mesure où la cérémonie s’est tenue dans une clairière, il convient de remarquer que cet endroit ne présente aucun des caractéristiques de l’habitat naturel du caïman encore moins d’un Iman.
Suivant ce même cheminement, on pourrait avancer que le cri d’alerte d’ayétè tomè, en fon « pays soyez vigilant !», n’aurait pas non plus résisté à la créolisation. En ce sens, il importe de comprendre les véritables motivations de l’occupant qui imposa la graphie phonétique du créole. Pour les Américains, c’est le coup du chapeau. Non seulement ils assurent leur mainmise sur la finance haïtienne, ils cassent l’influence de la France et en même temps font disparaitre graduellement les racines étymologiques africaines du créole. En tout état de cause, rien n’est donc négligé pour brouiller les pistes anthropologiques et conduire toutes sortes d’expérimentations sur la modification du comportement humain. En moins d’un siècle, la désagrégation qui s’en suivit a vidé la société haïtienne de tout ce qui lui restait comme substance. Comme Erno Renoncourt l’a si bien dit, « La dignité se mérite par l’entêtement d’un peuple à refuser la fatalité en osant faire autre chose de ce qu’on a fait de lui[7] ». Nous y reviendrons.
Sans plus tarder, empressons-nous d’illuster ce phonétisme dénaturant avec des exemples familiers. En pèlerinage en terre ancestrale, l’autoproclamé « animal politique » avait acquis le sobriquet « Babatunde » lors d’une séance de consultation chez un « Bokonon » A son retour du périple béninois, comme Toussaint avait préféré « L’ouverture » à « Legba », pour les besoins du folklorisme politique et exigences de la carnavalisation, le légataire de « Mérisier Jeannis » et des « Zandolit » créolisa son nom africain en « Papa Tounen ». Un autre exemple courant est celui du mot fongbe « xwéta » qui signifie « petite maison » qui n’a pas non plus résisté à ce phénomène pour devenir « watè ». En alignant d’autres trouvailles du même genre, nous nous retrouvons en face d’une constance. Au moins, cette assertion devrait être le consensus face à l’incommensurabilité du phénomène de la déperdition. La réalité discursive utilise beaucoup d’expressions empruntées au kikongo et fongbe. Pourtant, contrairement au vieil adage, « kréyol palé, kréyol pa kompran ».
Pour étayer cette thèse, il s’avère utile de partager l’étymologie de certains mots ou expressions courants en Haïti Ce tableau non-exhaustif récapitule les plus familiers :
Mot | Définition | Mot | Définition |
Aganmà | Caméléon | Kluklu(fongbe) | Démangeaison ; en créole makluklu |
Akansán / akasá | Pâte à base de maïs | Zo | Chaud |
Alè lè | Bavard | Kwakou | Né un mercredi |
Alè wun Gbàdɛ́ | Engagement envers le vodou Gbàdɛ́ | Kan zo | Résistant au feu |
Akɔ̀ | En créole lakou ou tribu, clan, grande famille | Kaya | Maison, lieu de naissance |
Ayi gbogbo | Dieu est grand | Kombite | Travail de groupe |
Bòzò | Petit feu | ||
Bunda (kikongo) | Fesses | Mehu | Chambellan du palais |
Cuku | Petit chien maigre et sale | Mwamba | Nourriture, huile de palme |
Gbaguidi | Famille notable de Savalou | Sá bô | Incantation ou lancer des mots magiques |
Ka gba | Achevé, terminé, fermé | Waya wayà | Tumulte, protestation |
Kafu | Puissance | Wà ayõ | Acte sexuel |
On pourrait ajouter le mot fongbe tete ou tintin qui signifie très petit pour exprimer la vexation suprême. En analysant d’autres mots, on conclut aisément que le créole haïtien dispose de l’arsenal épistémique en référence à certaines ethnies africaines. Par exemple, quand on dit à quelqu’un « ou se yon Haousa », cela sous-entend filou ou rusé. On utilise « Sousou » pour laquais, esclave, délateur ; « Kongo » pour désigner un ours mal léché. Toutefois, si l’expression « Haïti Toma » suggère que l’on regarde en direction de « d’ayétè tomè », un autre courant de pensée l’explique par l’origine ethnique « Toma » des premiers Africains « esclavagisés » à Saint-Domingue. Comme la plus ancienne de la Guinée, cette ethnie était considérée comme païenne et sauvage aux yeux des Malinké et Peuls, leurs voisins musulmans. Aussi, les « Tomas » étaient-ils capturés et vendus.
Evidemment, un travail titanesque s’impose aux linguistes qui devraient utiliser la passoire anthropologique. Il est donc important de reconnaitre l’importance de la culture comme un élément fondamental dans la cohésion de l’ensemble pour construire la nation. Au risque de nous répéter, la culture est le premier et dernier rempart de la sécurité nationale. Le développement devrait être nécessairement l’aboutissement de la matérialisation de la culture et du mode d’organisation de la société qu’il nous transmet. Alors, comment trouver les solutions aux problèmes, défis et catastrophes ? Autant de considérations les unes les plus pertinentes que légitimes au constat que la stagnation et l’immobilisme sont en train d’essuyer de sérieux revers au Rwanda ou chez nos voisins de la région.
Par exemple, la Jamaïque avec une superficie de 11425 km2 fait le double du PIB d’Haïti. La République Dominicaine, qui avait le même PIB que nous en 1960, a aujourd’hui un PIB huit fois supérieur au nôtre. Pour parler comme Leslie Péan dans L’ensauvagement macoute et ses conséquences[8], la négritude totalitaire de François Duvalier a imposé aux Haïtiens ses injonctions « kan kalé » et les a embarqués dans une marche arrière aboutissant aux tèt kalé. Donc, il importe d’identifier ces éléments persistants et aspects récurrents qui métamorphosent toute remise en question du « faire semblant » en ratage programmé. Quel que soit le moment essentiel de la vie nationale, les politiciens haïtiens offrent un spectacle consternant. Dans le processus de socialisation des individus, les sociologues distinguent habituellement la socialisation primaire et la socialisation secondaire. La socialisation primaire est celle de l’enfance et de l’adolescence sur laquelle se construisent la personnalité et l’identité sociale.
Pour le sociologue Emile Durkheim, cette « socialisation méthodique de la jeune génération par les générations précédentes » que représente l’éducation, permet l’acquisition des normes et des valeurs qui constituent le fondement de la société. Elle commence d’abord avec la famille. Puis, l’école et les amis, etc. prennent le relais pour la suite de l’apprentissage de la vie en société. Ensuite, la socialisation secondaire commence à la fin de l’adolescence et durant la vie adulte, dans les différents milieux sociaux que fréquente l’individu : écoles, études, sports, vie professionnelle et activités extraprofessionnelles, etc. S’appuyant sur la socialisation primaire, la socialisation secondaire la complète, la prolonge ou la transforme.
En Haïti, la socialisation primaire joue un rôle majeur dans la formation de l’univers de l’homme politique. Notre système de symboles et de pratiques en tant que représentations expressives de nos croyances régissent la nature même du pouvoir politique haïtien. Les débâcles récurrentes de nos institutions dites « républicaines » ne suffisent pas pour expliquer l’échec de la démocratie néocoloniale qui continue d’ignorer l’asymétrie de référentiels. Les représentations et pratiques coloniales qui guident nos comportements s’avèrent être des phénomènes complexes omniprésents qui influencent nos actions, nos choix et décisions. À cet effet, la culture politique de la première expérience de décolonisation se reflète fidèlement sur le mal-fonctionnement collectif des institutions de l’État.
Ainsi, s’explique ce chaos dans la conduite des affaires de la cité et cette similarité entre toutes les crises auxquelles est confrontée la société haïtienne. Qu’il s’agisse de l’économie, de l’éducation et de la crise politico-sociale du pays, bonnet blanc, blanc bonnet. Rien n’échappe au faire semblant. En fait, les crises d’instabilité politique en Haïti sont plutôt des « rituels de rébellion » du fameux jeu politique haïtien qui devait être le produit des contradictions de la société. En ce sens, les coteries et les confréries maraboutiques institutionnalisent le conflit et cherchent à perpétuer le système plutôt qu’à le désintégrer. Comme les Haïtiens aiment souvent le répéter, « se kolon ki bat ». De cette véritable cabale ne peut sortir qu’une entité chaotique ingouvernable qui carbure au faire semblant.
Dans « Ainsi parla l’Oncle », le faire semblant est l’argumentation centrale de Jean Price-Mars. La promotion d’un idéal d’authenticité culturelle française est le principal indicateur du niveau de l’aliénation culturelle. Price-Mars résume ainsi notre trajectoire de peuple et notre conflit interne permanent entre décolonisation et néocolonialisme dans sa description de l’histoire haïtienne :« […] la communauté nègre d’Haïti revêtit la défroque de la civilisation occidentale au lendemain de 1804. Dès lors, avec une constance qu’aucun échec, aucun sarcasme, aucune perturbation n’a pu fléchir, elle s’évertua à réaliser ce qu’elle crut être son destin supérieur en modelant sa pensée et ses sentiments, à se rapprocher de son ancienne métropole, à lui ressembler, à s’identifier à elle. [9]» Et on ne peut qu’être médusé par l’attitude de l’élite haïtienne qui se réfugia dans une imitation aveugle et stérile de la modernité européenne pour combattre l’occupation américaine.
Ce dédoublement de la personnalité est également très présent chez Etzer Vilaire lorsqu’il parle de l’avènement d’une élite haïtienne dans l’histoire littéraire de la France marqué par l’esprit français qui refleurit originalement chez nous. C’est donc une confession d’une rare sincérité qui apporte un éclairage sur la souffrance de l’aliénation culturelle. « Le descendant des esclaves », dit Joan Dayan, « devait non seulement rendre un tribut à ceux qui l’avaient asservi mais aussi se faire Blanc lui-même, tout en restant Noir[10]. » Sous l’embrigadement d’un pareil conditionnement mental, les Haïtiens continuent d’éprouver toutes les peines du monde à se débarrasser de leur miroir menteur. Ayons le courage de le dire en toute franchise ici : toute la réalité sociale, économique, politique et culturelle haïtienne est surdéterminée.
Cependant, la panne d’inspiration va tracer la voie à la sublimation du mysticisme et du spiritisme promus par l’école dite « des Griots » qui va réellement faire des Haïtiens des brebis égarées. Ayant reçu l’aval du président Vincent dès 1932, cette école propagea l’ésotérisme, la nécromancie et les pouvoirs occultes comme source de connaissance. Aux directeurs des journaux L’Assaut et La Relève qui distillaient une vision raciale, le président Sténio Vincent se devait de dire : « Messieurs, je suis satisfait de votre mouvement. Sachez que j’appartiens à votre génération, que je sympathise avec elle. Vous trouverez en moi le défenseur de vos idées[11]. » Mais c’est encore et surtout à Sténio Vincent que revient le décodage de la substance fondamentale de ce qu’on a fait de nous. Lisons l’ancien président qui écrivait en 1912 :
« Nous mangeons, Monsieur, et nous buvons. Nous ne comprenons pas autrement le Progrès. Il n’y a de patriotique que la « bobote » et de national que le tafia. […] C’est notre tour de spéculer. Nous le faisons consciencieusement. Nous appartenons à une curieuse variété d’Haïtiens. Nous sommes obligatoires et déconcertants. On nous appelle électeurs dans les classifications de citoyens. Nous allons à l’urne, gais et contents. Nous nous saoulons à toutes les buvettes et nous votons pour tout le monde[12]. »
Ainsi commença à s’installer la longue nuit puisque le numéro spécial de 1936 de la revue La Relève de trois cent cinquante et un pages encensant le président Sténio Vincent fut tirée à six mille exemplaires et distribuée gratuitement à travers le pays. La contamination des cerveaux assurée, il devient relativement aisé de comprendre comment s’est effrité l’influence de Firmin et de ses idées. La réappropriation de l’indigénisme par la bande à Duvalier a perverti l’essence même d’un discours critique et scientifique sur une définition claire de l’identité haïtienne et de sa différence culturelle. L’absence du dépositaire de l’égalité des races humaines dans notre réalité discursive est certainement encouragée par les francophiles qui s’accrochent à une fausse identité française du peuple haïtien.
A ce sujet, lisons Demesvar Delorme, un des fondateurs du Parti National qui réclamait le pouvoir au plus grand nombre :
« Ce pays parle français, et tout dans l’esprit de ce peuple diffère du génie des États-Unis, ses voisins. Donc, si la république fédérale, au nom de l’identité des lois, a voulu et soutenu la république au Mexique, la France à son tour, au nom de l’identité de la langue, doit vouloir et protéger l’autonomie de cette île, qui seule parle français dans le nouveau monde, et seule dirige sa vie publique sous l’inspiration de l’histoire de la grande nation[13]. »
Quand cela peut servir leur cause, les dépositaires de la « zombification » des masses exploitent ce manque de recul à leur profit. Conséquemment, l’authenticité noire fut l’argumentation présentée, développée et utilisée par la bande à François Duvalier pour légitimiser l’ordre par la terreur. Les mulâtres accusés d’être des « exilés culturels français » se trouvaient dans le collimateur de la négritude totalitaire. Les massacres recommencèrent comme dans le cas des « vêpres jérémiéennes » en 1964. La mécanique mortifère duvaliérienne reconduisait les mêmes procédures barbares des gouvernements noiristes de Soulouque et de Salomon. Et les rescapés se retrouvaient dans l’autocensure et la mortification avec des réactions diversement empêtrées. Certains comme Edouard Darius (Dadou) Berrouet et Roger Mercier deviendront même des volontaires de la servitude nihiliste (vsn). Alos, le faire semblant alimenta la thèse qui répandit qu’ils ont voulu se défendre et protéger leurs familles de rebondissements ultérieurs de la tyrannie.
Toutefois, il faut toujours être sur ses gardes avec les intellectuels haïtiens. Ils sont capables du meilleur comme du pire mais le plus souvent du pire. C’est un sujet à méditer que Roger Gaillard accepta de diriger « Le Nouveau Monde », organe de propagande du « jean-claudisme civilisateur ». Le faire semblant c’est aussi les marxistes et les maoïstes qu’on a vu à l’œuvre au service du folklorisme politique dans son volet ludo-théâtral avec Aristide et son chapitre essentiellement nihiliste avec « Ti René ». Plus récemment, ils ont respiré les odeurs du roi du carnaval et sont montés à bord de la caravane du faire semblant. Néanmoins, ce comportement ne devrait pas nous sidérer. On a beaucoup écrit sur la psychopathologie des « esclaves » domestiques et d’atelier qui avait poussé ces derniers à suivre leurs maitres et fuir ainsi les troubles de Saint-Domingue. Ils ont préféré aller développer les industries du café, du sucre et du tabac à Cuba et dans le sud des Etats-Unis.
Dans ce même ordre d’idées, ce n’est pas étonnant que la diaspora haïtienne aux Etats-Unis n’arrive pas à se départager entre le parti démocrate et le parti républicain. Le faire semblant participe surtout de cette fidélité servile qui promeut le choix entre Charybde et Scylla. Il faut vraiment avoir la mentalité d’un enfant de 7 ans pour croire qu’il existe un « bon blan » qui interviendra en faveur de la cause haïtienne. En définitive, face à la complexité de la question situation haïtienne, il convient de reconnaitre d’abord l’inefficacité de nos outils et lunettes théoriques. Depuis la décérébration des Haïtiens par l’éclipse cérébrale de 1957 et le « lock » mental endémique qui en résulta, les cerveaux lents continuent de s’accrocher au rien en s’accommodant aux pas vers l’inconnu tels que la « soulouquerie rose » et en faisant des sauts dans le vide avec la caravane du faire semblant. Qu’on nous comprenne : le mal est profond.
[1] « Martelly doit être Sweet Micky pour diriger Haïti, selon Mgr Kébreau », publié le 8 aout 2011, https://lenouvelliste.com/article/95886/martelly-doit-etre-sweet-micky-pour-diriger-haiti-selon-mgr-kebreau
[2] U.S. Department of State, Fourth Annual Report of the American High commissioner at Port-au-Prince to the Secretary of State, Government Printing Office, Washington, D.C., 1925, p. 4.
[3] Demesvar Delorme, Les théoriciens au pouvoir, Henri Plon, Imprimerie de l’Empereur, Paris, 1870, pp. 182-183.
[4] Emily Greene Balch, ed., Occupied Haiti, New York, The Writers Publishing Company, Inc., 1927, p. 153.
[5] Leslie Péan, Comprendre Anténor Firmin, Une inspiration pour le XXIè siècle, Port-au-Prince, Editions de l’Université d’Etat d’Haïti, 2012, p. 225.
[6] White, O., & Daughton, J. P. (2012). In God’s empire. French missionaries and the modern world. New York: Oxford University Press. p. 56. »We would prepare the elements of a religious, moral, intelligent and hardworking population that will assure the prosperity of our country and which could offer great services to other establishments founded to moralize, manage, and contain the black race »
[7] Erno Renoncourt, « Le paradoxe du rayonnement indigent », publié le 18 septembre 2019, https://www.legrandsoir.info/le-paradoxe-du-rayonnement-indigent.html
[8] Leslie Péan, L’Ensauvagement macoute et ses Conséquences (1957-1990), Économie politique de la corruption, Tome 4, Editions Maisonneuve et Larose, Paris, France, 2007.
[9] Jean Price-Mars, Ainsi parla l’Oncle, Québec, Lemeac, 1973, p. 44.
[10] Joan Dayan, « Haïti, l’histoire et les Dieux » dans Mamoudou Diouf (dir.) et Ulbe Bosma, Histoire et Identités dans la Caraïbe, Editions Karthala, Paris, 2004, p. 236.
[11] Jacques C. Antoine, Jean Fouchard et Jules Blanchet, La Relève, numéros 9-10-11, P-au-P, Haïti, mars-avril-mai 1936, p. 344.
[12] Sténio Vincent, En posant les jalons, Tome premier, Haïti, Imprimerie de l’État, 1939, p. 115-117
[13] Demesvar Delorme, Les théoriciens au pouvoir, Henri Plon, Imprimerie de l’Empereur, Paris, 1870, p183.