By Rezo Nodwes -13 octobre 2019
Samedi 12 octobre 2019 ((rezonodwes.com))– La constitution de 1987 prévoit le système comme une vision à atteindre. Elle a, de sorte, fourni un cadre économique, organisationnel, politique, et administratif pour arriver à cet objectif ; lequel est un Etat démocratiquement fort, économiquement autosuffisant et politiquement stable.
Par contre, les gouvernements et les régimes politiques en charge du système n’ont pas exécuté les prérogatives de ce document. Le système d’avec ses composantes n’a jamais eu l’opportunité, le temps et la chance d’ailleurs, de se prouver effectif et ultimement, reste une hallucination, une utopie, un cauchemar, un mirage.
Bonne nouvelle, les bases fondamentales du système sont encore fortes pour pouvoir servir et régir cette génération et plusieurs autres générations à venir selon la bonne gouvernance, la prévention de la corruption et le respect des droits fondamentaux de chaque citoyen.
L’hymne national sur toutes les lèvres est que le système permet à 99% de la population de vivre dans la misère tandis qu’elle permet à 1% de la population d’avoir et de contrôler toutes les richesses du pays. Pour les corrompus, le système est une récompense tandis qu’elle est une punition pour le peuple.
C’est faux. Le pragmatisme que ces lèvres tendent ignorer est que ce n’est pas le système qui est la source de la politique, de l’économique et de l’organisation culturelle tant néfaste et chaotique du pays, mais plutôt les gouvernements et les régimes politiques qui sont en charge du système.
Il n’est prévu nulle part dans la législation haïtienne la pratique du monopole, de la fraude, du gaspillage et de l’abus des biens de l’Etat. En fait, la constitution, dès son préambule, parle de justice sociale et pose les conditions nécessaires pour achever la distribution équitable des ressources du pays.
En plus, elle met en valeur des procédures pour traîner en justice toute personne qui viole un article ou un texte de loi. Il arrive tout bonnement que les hommes en charge ne respectent aucun aspect de la législation haïtienne relatif à la discipline fiscale, à l’administration publique et à la responsabilité civique.
En termes d’économie, d’administration ou de politiques publiques en ses articles 66 à 88, le système prévoit la décentralisation des pouvoirs et la déconcentration des services publics de l’Etat jusqu’aux collectivités territoriales les plus vulnérables et les plus éloignées du pays. De 1986 à aujourd’hui, les régimes politiques ont-ils appliqué ces articles, ont-ils délégué leurs pouvoirs aux gouvernements locaux? Qu’ont-ils fait pour réduire les disparités socioéconomiques entre les collectivités?
C’est absurde et même aberrant de vouloir égorger le système sachant bien que les articles consacrant l’autonomie administrative des gouvernements locaux n’ont jamais été appliqués. Un gouvernement conscient, qui aurait appliqué ces articles seulement dans neufs départements du pays fourniraient des services publics à près de 55.76% de la population. Neuf départements ne représentent que 12% du total des communes du pays, i.e., un service public de base par département aurait permis au système de produire les fruits escomptés. Et pourtant, le gouvernement investi presque 100% de ses énergies au temps des élections pour s’assurer que chaque section communale ait au moins un bureau de vote.
Le système est bon; il nous faut tout simplement des gouvernements qui connaissent et respectent la loi pour faciliter l’état de droit à travers le fonctionnement des trois pouvoirs pour réaliser les promesses du préambule de la constitution. Le système est bon; il nous faut juste des régimes politiques conscients et bien informés des règles de l’administration publique pour jeter les bases de la décentralisation à travers le pays. Le système est bon; il nous faut juste une population vigilante pour être le poids et le contrepoids des activités des fonctionnaires publics pour préserver notre constitution, notre démocratie, notre intégrité fondamentale, notre système.
Les actions des gouvernements et des régimes politiques mettent le système politique en péril et, dans le processus, affectent les intérêts immédiats et futurs de toute la population.
Toutefois, la crise haïtienne actuelle a commencé avec le vote de la constitution, plus spécifiquement avec la tenue des premières élections démocratiques pour lesquelles le peuple n’était pas prêt. Pour la résoudre, il faut renforcer nos collectivités territoriales et fortifier nos gouvernements locaux. C’est le seul mécanisme qui permettra au peuple d’avoir le système tel que conçu pour lui par la constitution.
Le système n’a pas échoué et n’a pas plongé le peuple dans la misère, mais ce sont les gouvernements et les régimes politiques qui broient les espoirs de la population.
Dr. Bobb Rousseau
Bobb RJJF Rousseau, PhD
Public Policy and Administration
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