Publié le 2019-07-14 | Le Nouvelliste
La brève visite de la présidente taïwanaise Tsai Ing-Wen à Port-au-Prince samedi, qui marque le début d’une tournée caribéenne de neuf jours, s’est révélée peu fructueuse pour Haïti qui est pourtant l’un des 17 pays à maintenir des liens diplomatiques avec Taïwan.
Le président haïtien Jovenel Moïse, qui recevait pour la première fois un homologue étranger depuis sa prise de fonction en février 2017, a fait part du souhait conjoint d’accroître les échanges commerciaux.
Les deux pays souhaitent “miser davantage sur les investissements directs taïwanais en Haïti, dont la position géographique fournit aux entrepreneurs taïwanais une porte d’entrée dans ce carrefour stratégique où transite plus 40% du commerce international”, a déclaré le chef d’État.
Grâce à des lois américaines de 2005 et 2015, toute entreprise textile installée en Haïti peut exporter sa marchandise aux États-Unis sans frais douaniers. Mais cet atout commercial est annihilé par l’insécurité grandissante en Haïti, avec des affrontements quasi quotidiens entre gangs dans la capitale.
“Chaque fois qu’on essaie d’organiser la venue de délégations du secteur privé, on est obligé d’annuler: c’est arrivé trois fois déjà cette année”, a témoigné George Sassine, président de l’association des industries d’Haïti, en marge de la visite de la délégation taïwanaise.
“Dans le secteur vestimentaire par exemple, plus d’un millier d’usines taïwanaise laissent la Chine et vont s’installer au Vietnam ou au Cambodge. Nous avons la prétention d’en accueillir une dizaine, ça serait un grand apport”, a ajouté l’homme d’affaires.
Pour l’heure, seules deux entreprises textiles taïwanaises ont des usines en Haïti.
Au cours d’un entretien d’une demi-heure, Jovenel Moïse et Tsai Ing-Wen, bête noire de Pékin, ont discuté de pistes de nouvelles coopérations dans l’éducation et les infrastructures, sans fournir de détails.
Sous pression des États-Unis, en guerre commerciale avec la Chine continentale, Haïti maintient sa relation avec Taïwan mais peine à profiter de la situation.
Taipei a accordé 150 millions de dollars à Haïti pour l’aider à électrifier son territoire mais ces fonds n’ont pas été décaissés car la ratification du prêt par le parlement haïtien se fait toujours attendre.
“Les infrastructures énergétiques font partie des infrastructures-clé du développement (…). Je suis ravie que Taïwan ait sa part à jouer dans le développement national d’Haïti”, a assuré Tsai Ing-Wen devant des représentants des secteurs privés haïtien et taïwanais.
Avant son départ pour Sainte-Lucie samedi soir, Mme Tsai a déclaré souhaiter “de tout mon cœur la stabilité politique et sociale en Haïti”.
AFP