par Gumais Jean Jacques
Samedi 15 juin 2019 ((rezonodwes.com))– Dans la foulée des démarches désespérées de certains conservateurs haïtiens de la diaspora auprès de la Maison Blanche, froissés par les divers dérives et scandales de l’Administration de Jovenel Moise devenue partenaire stratégique de la politique étrangère des Etats Unis pour la région, s’illustrent les protestations anarchistes de l’opposition Haïtienne et la naïveté arrogante de la jeunesse militante des petrochallengers et de NouPAPDomi.
Des considérations d’ordre d’influence personnelle, idéologique et géopolitique qui sont très importantes et déterminantes pour l’avenir d’Haiti échappent bel et bien à ces trois catégories d’opposants farouches qui souhaitent voir le Président Jovenel Moise démissionner de son poste.
1- Considérations d’ordre d’influence Personnelle.
Ne soyez pas surpris et ne cherchez pas ailleurs le « big boss » du système haitien! Jovenel Moise ou encore Michel Martelly, Reginald Boulos et le Baron de Tabarre ont tous le même Patron à Washington. Détrompez vous, Donald Trump n’est pas le Patron d’Haiti ni de ses élites politiques et économiques. Au département d’Etat, le dossier Haïtien a été déjà vendu à un cercle bien déterminé dès le retour de l’Ancien Président Aristide au pouvoir en 1994. Tout ce qui se fait en Haiti dans une dimension internationale doit être revu et même approuvé par le fameux clan Clinton.
D’une part, Il n’est pas un secret pour personne que le régime Tèt Kale a été propulsé au pouvoir en 2011 par Madame Clinton, la Secretaire d’Etat des Etats-Unis de l’époque et qu’un document détaillé de AlJazeerah et rapporté par le Centre for Economic Policie Research (CEPR) a démontré clairement que l’USAID a financé le mouvement de Martelly à hauteur de 100, 000 ollars USD.
Dans ce document et surtout par les révélations de Wikileaks, des accords politiques secrets et des manœuvres d’influence dans la gestion des fonds de CIRH, ont mis à nus les rapports privilégiés des élites politique et économique d’Haiti avec le clan Clinton. Quand les deux têtes du système Haïtien s’affronte pour le contrôle d’Haiti, la lutte pour le pouvoir devient une affaire clintoniste où le symbole du pouvoir politique se trouve dans le collimateur de la figure du pouvoir économique.
D’autre part, les retours chocs au pays de l’ancien Président Aristide ont été tous deux négocié sous l’égide des Clinton. A quel prix ces continuelles visites de la part de ces alliés démocrates à Tabarre? Ne sont-ils pas de la même famille politique que Clinton? De toutes évidences et logiquement, Trump n’a aucune emprise personnelle ou influence charismatique sur les leaders Haïtiens. Le sacro-saint du dossier Haïtien relève d’une plus grande et ingénieuse machine de contrôle diplomatique qui a été mise en place depuis bien des décennies pour que la stratégie américaine à l’égard d’Haiti ne change jamais et cela quelque soit le leader à la maison blanche.
Ainsi, dans l’arène fratricide et machiavélique pour la lutte du pouvoir en Haiti, Clinton est roi, Donald Trump est juste un invité d’honneur dégustant le spectacle des retombées géopolitiques que John Bolton, son conseiller de sécurité nationale a pu négocier rien que pour les intérêts supérieurs des Etats-Unis…
2- considérations d’ordre idéologique et géopolitique.
En général, par principe d’intérêt national, la politique étrangère des Etats-unis ne change pas suivant des appréciations partisanes ou personnelles. L’essentiel des actions américaines à l’étranger est inscrit dans une sacrée entente bipartisane, définissant ainsi le fondamentalisme du « American bipartisanship ». Cependant, les approches idéologiques divergentes des partis républicain et démocrate varient les stratégies suivant l’agenda du parti au pouvoir à la maison blanche.
Aussi, constations-nous: l’ouverture de Barack Obama à l’égard de Cuba, sa nonchalance à l’égard du Venezuela et du Nicaragua mais au fonds, la diplomatie américaine était toujours opposée à ces régimes socialistes. Avec l’arrivée de Trump au pouvoir, l’approche républicaine est plus manifeste, sans hypocrisie, il se montre catégoriquement opposé à ces régimes en les sanctionnant et les isolant sur l’échiquier international.
Contrairement à ces pays, la stratégie américaine pour Haiti n’a pas changé: De la complicité américaine au nom de la stabilité politique et économique, de l’ingérence maquillée sous la tutelle des nations-Unies et des pratiques du business humanitaire où les fonds d’aide au développement sont canalisés vers un clientèle spécifique; Dans l’ensemble, tout est maintenu. Au delà de ces constats devenus des paramètres traditionnels dans nos rapports avec Washington, vient s’ajouter cet étonnant facteur géopolitique de la part d’un régime, jadis populiste, chaviste et toujours corrompu, qui aujourd’hui se vend corps et âme à Washington pour la conservation du pouvoir.
Les fameuses chemises rouges aux obsèques de Chavez n’ont pas pu rester dans le giron juteux de l’ALBA. Le populisme imposteur pour manipuler les masses afin de détourner les 2.8 milliards de dollars des fonds de Petrocaribe n’a pas pu resister à la pression amécaine sur le dossier venezuelien à l’OEA. Aujourd’hui, le régime Tet kale est un partenaire idéologiquement de « droite conservatrice ». Donc, stratégiquement, le lobbying fait à Washington en faveur de Jovenel Moise est payant et son vote opportuniste contre Maduro est plus que rassurant pour l’agenda néoconservateur et pour l’intérêt des Etats-unis en général.
En conséquences, dans cette dynamique de changement de système pour la jeunesse Haïtienne et de luttes pour le contrôle du pouvoir par les élites politique et économique, le facteur international considéré pour certains observateurs et surtout les conservateurs haïtiens, comme l’un des plus déterminants, n’est pas stratégiquement appréhendé par les acteurs sur le terrain. Une opposition haïtienne, toujours à l’affût du pouvoir, désorganisée, divisée, sans plan politique, sans projet de société, veut à tout prix se passer de Jovenel Moise.
Une jeunesse précaire, vulnérable à la manipulation socialiste bourgeoise, sans lobbyisme et sans alliés stratégiques de poids veut se lancer naïvement dans une conquête de révolution pour chambarder un système dont le grand patron américain des patrons haïtiens n’est ni convaincu par les acteurs eux-mêmes ni poussé vers une sorte de capitulation de ce statu quo haïtien par un Donald Trump toujours indifférent et désintéressé.
Le Président Moise est jusqu’à présent dans l’intérêt stratégique des américains. Son éventuel départ ne saurait être un grand coup de l’opposition anarchiste ou de la jeunesse militante; Mais plutôt, ce serait un changement de régime ordonné, coordonné et planifié suivant une offre politique haïtienne plus conciliante aux ambitions régionales de Donald Trump et surtout suivant une aspiration de changement massivement plus profond de la part de l’ensemble du peuple Haïtien qui absolument voudrait rompre avec le Statu quo.
Références:
https://www.politico.com/magazine/story/2015/05/clinton-foundation-haiti-117368
Gumais Jean-Jacques,AvMP
jjgumais@gmail.com