Comprendre l’essence de la crise haïtienne : les facteurs de génération et de système

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13 juin 2019 Rezo Nodwes

Jeudi 13 juin 2019 ((rezonodwes.com))– La compréhension de la crise haïtienne ne se réside pas seulement dans l’appréciation des facteurs économiques endémiques ou dans ce galimatia des politiques chimériques de bas étage. Jovenel Moise ou quelque soit le président Haïtien de ce présent moment aurait à faire face à cette crise générationnelle et systémique.

L’ économie haïtienne pourrait bien se dégrader et s’activer en mode récession ou stagnation sans toutes fois porter de graves atteintes et dommages aux masses vulnérables si et seulement si le poids social des ménages était pris en compte par le politique. Ce dernier, étant le principal instigateur des voies de développement durable n’a jamais été à la hauteur des demandes sociétales depuis notre indépendance en 1804. La dynamique bicéphale de défis générationnels et demande sociétale définit alors l’ensemble d’un système Haïtien en faillite.

En effet, malgré les divers luttes et soubresauts de révolution qu’a connus l’histoire d’Haiti jusqu’aujourd’hui, les facteurs de cycle générationnel et redéfinition systémique ont été toujours pris à l’improviste et dans la plus grande légèreté par les élites Haïtiennes. Négliger incessamment, la démographie au rythme exponentiel et son impact transversal sur la société est comme ajuster son horloge sans tenir compte du temps réel et de l’espace géographique en question. Les diverses démarches de reconstruction des gouvernements de Transition et aussi bien que celles des gouvernements de rupture de 1946 à nos jours expliquent bien les malheurs haïtiennes.

En réalité, A chaque époque de changement structurel ou période de grands chantiers sociétaux, la génération des élites, décideuse des nouvelles orientations politiques, économiques, culturelles, sociales et institutionnelles, est constamment prise dans le piège de l’auto-satisfaction conjoncturelle et de l’égo répulsif. D’où, par ces deux comportements sociologiques mesquins, les défis des générations montantes sont automatiquement mis en quarantaine et leur participation inclusive qui amortirait les chocs des perspectives futuristes n’est jamais considérée.Les élites Haïtiennes de la génération noiriste post 1946, ont construit une Haiti pour eux-mêmes, celles de la génération démocratique post 1986, ont fait le pire. Encore en 2019, des demandes sociétales non résolues depuis des siècles rentrent maintenant en collusion avec des défis monstres d’une génération milléniale [née à partir des années 80] plus éclairée et assoiffée de modernité et de prospérité.

A cet effet, le clash générationnel Haïtien est inévitable et la fin d’un système épuisé est plus que nécessaire quand les maigres ressources du pays ne se sont pas multipliées durant les 50 dernières années et que l’égocentrisme de la classe possédante s’est joint à la corruption cupide des politiciens pour accoucher misère infernale et sous-développement généralisé. Les mesures structurelles pouvant reconstruire un système juste, moral et équitable sont toujours mal abordées et sont appréciées au prorata des ambitions des différents protagonistes politiques et économiques de l’ancien système.

Ainsi, les institutions étatiques, les trois pouvoirs, les partis politiques, les organisations de la société civile, les entreprises privées et publiques constituant l’ensemble du système politique et économique est pris en otage par une génération dégénérée qui n’a rien à offrir à Haiti et aux plus jeunes sinon que leur leadership chaotique et leur mentorat majoritairement souillé.

Aujourd’hui, devant l’échec cuisant du système politique et économique Haïtien, il est impératif que le politique de cette classe de leaders non régénérés et l’économique de cette classe possédante non recyclée sursoient sur leur continuel soif de pouvoir avéré pour donner la chance à Haiti de se voir reconstruire par une révélation temporelle adaptée et un agenda de société redynamisé.

Il faut absolument que cette communauté internationale laisse redéfinir le système Haïtien autour des exigences de la jeunesse Haïtienne. Il faut laisser la couche saine et compétente des jeunes de moins de 45 ans prendre la destinée de leur nation en charge. Nous sommes plus en 1946, ni 1957 encore moins en 1986…Nous sommes à l’âge de la digitalisation et du millénaire post-moderne.

En conclusion, toutes les grandes préoccupations étatiques et défis sociétaux tels que: l’adoption d’une nouvelle constitution et le système présidentiel; le procès de PetroCaribe et la reforme de la justice; le conseil électorat permanent et la formation de cinq grandes plateformes politiques; la conférence nationale et le pacte de gouvernabilité; la restructuration du parlement et l’autonomie des gouvernements locaux; un nouveau contrat social et l’accès aux richesses.

En somme, tous ces éléments de reconstruction ou de refondation du système Haïtien doivent être nécessairement tournés autour des idées lumineuses et participation active d’une génération porteuse de changement afin d’éviter les erreurs du passé et anticiper les défis et perspectives des autres générations à venir.

Gumais Jean-Jacques,AvMP
jjgumais@gmail.com