Mardi 4 juin 2019 ((rezonodwes.com))– Aujourd’hui, en Haïti, qu’il détient ou qu’il escompte le pouvoir, le parti PHTK use du langage d’illusionniste, qui trouve son complice en chacun de nous, afin d’exercer sa domination dans les esprits. Je cherche à mettre en évidence la stricte réalité sous le voile fallacieux des apparences, et ne puis donc me satisfaire d’à peu prés ou de compromis intellectuels ; et que par conséquent, pour ainsi dire que , le principe de la démocratie et de l’Etat de Droit existe chez nous en droit, et se trouve respecté par le pouvoir en place actuel ; mais qu’il se trouve singulièrement faussé en pratique parce qu’il aboutit à un remarquable cercle vicieux, à une sorte de paradoxe qui consiste à faire voter nos électeurs selon les intérêts de leurs mandataires et contre leurs propres intérêts.
En effet, il faut souligner l’importance primordiale de deux facteurs dans le mécanisme de l’élection démocratique : le degré d’instruction du peuple et son degré d’élévation morale. Le degré d’instruction parce que et c’est bien compréhensible, le peuple étant le plus souvent ignorant et fermé à la complexité des affaires modernes, il a pris pour argent comptant ce qu’avait lui proclamé Jovenel Moïse à grands cris comme conforme ses intérêts. L’élévation morale parce que et c’est bien compréhensible du côté des gouvernants, le point de vue égoïstement personnel prime presque toujours l’intérêt général comme en témoigne aujourd’hui l’affaire Petrocaribe.
Notre régime démocratique de 1987, ne nous aurait apporté des gouvernements vraiment sains que lorsqu’ils seront l’émanation de citoyens instruits, spécialement éclairés sur leurs droits et leurs devoirs, imbus d’esprit critique, et qui ne se laisseront plus leurrer par les mirages de charlatans habiles et lorsque aussi ces gouvernements seront composés eux-mêmes d’hommes ayant acquis le sens, du devoir et, surtout, celui des responsabilités. Et ceci montre combien le sens moral la spiritualité est
essentielle dans le mécanisme politique.
C’est de ce manque de spiritualité que, nos gouvernants et nous-mêmes, nous périssons aujourd’hui. Ainsi s’est introduit, dans notre régime démocratique un processus d’une épouvantable vénalité. Cette vénalité se dérobant sous des rapports tendancieux ou hypocrites, le chef de l’Etat n’est plus responsable de ce qui se passe autour de lui et même de son implication dans des affaires de malversations et de fraudes.
Si Jovenel Moïse, et ceux qui l’entouraient, comme M. Guichard Dore, Luberus, Dr Herivaux, au lieu d’être de vulgaires ambitieux préoccupés de jouer un rôle et ceci exprime l’hypothèse qui leur est le plus favorable avaient réellement eu en vue le bien du pays, leur gouvernement eût-il été absolument dictatorial dans le cas le plus extrême, aurait été incritiquable et aurait laissé dans l’histoire un véritable sillon d’éloges et de bénédictions.
Mais malheureusement, préoccupés d’ailleurs eux-mêmes
de leurs intérêts matériels et mesquins, on l’a bien vu par les trésors qu’ils ont amassés dans l’affaire petrocaribe, ils ne pouvaient décemment empêcher leurs inférieurs de suivre leur exemple. Ainsi, la décence morale se rebelle contre cette campagne médiatique qui vise à discréditer le rapport du CSCCA, sur la seule base que des juges seraient laissés influencer par leur sensibilité politique, ce qui impliquerait une instrumentalisation dudit rapport à des fins politiques.
Cette réaction à posteriori ayant pour but d’inverser la tendance de l’opinion publique en faveur du Président Jovenel Moïse est l’une des stratégies de communication qu’on dénomme : « la stratégie du Serpent » . Et voila, ce qui a transformé et pourri notre système politique, c’est le manque de moralité. Car la peur des responsabilités s’est peu à peu introduite dans le système, chacun craignant de déplaire à son supérieur hiérarchique.
Or, le cri de la jeunesse haïtienne qui retentit, désespérée, dans un Haïti impossible à vivre, n’est-il pas l’appel d’un ailleurs, d’un autre Haïti, d’un autre possible ? Ce cri justifie l’état de cette vie, lui donne un sens, la sauve du désespoir final. Peut-être sera-t-il créateur d’autre chose ? Si le désir d’être soi-même, autonome, est en fait contredit par les conditions de la vie sociale, que devient la jeunesse haïtienne, avec ses aspirations les plus nobles?
Cette jeunesse n’existe-t-elle pas que par le cri de sa protestation, par son refus et par sa résistance ? Son rêve est partout étouffé par le
système même et ce quel que soit le régime. Ses aspirations au progrès, à l’égalité, à la jouissance, à être elle-même, se heurtent aux impératifs que les conditions de leur accomplissement leur imposent. Face à ce système, le rebelle doit opposer au citoyen soumis car un mal radical est à l’origine de cet ordre social, c’est la représentation du néocolonialisme.
L’engagement civique se rebelle contre la soumission citoyenne, contre
l’intellectualisme passif, contre l’esprit marchand et corrompu. Ma pensée est mouvementée à lire les 612 pages du rapport du CSCCA et elle cherche encore du sens dans l’absurdité immanente d’un esprit chétif, pauvre, misérable et malheureux pris au désarroi de l’existence humaine.
Ainsi donc, comme l’essence de tout pouvoir consiste en une manipulation de la pensée et le pouvoir intériorise, par les moyens de l’éducation, de la culture, de l’information, l’acceptation de la servitude : il cherche plus
ou moins à transformer la contrainte en persuasion, je ne veux pas comme certains sceptiques désabusés signer l’acte de décès de notre culture, et par là de notre société, mais souligner que toutes les valeurs de notre culture sont déclarées mortes aujourd’hui : religion, philosophie, économie, science, art, car on a découvert que leur origine et leur aboutissement ne sont qu’oppression et violence, viol et assassinat, mensonge et vols, injustice et impunité.
Lavoisier J. CHERISIER
(516)-406-4603
cherisierlavoisier@gmail.com
Bibliographies:
1) les Maîtres penseurs (Paris, Grasset, 1977), André Glucksmann
2) La Barbarie à Visage Humain de Bernard-Henri Lévy
3) l’Homme révolté d’Albert Camus
4) Apologie de Platon (Paris, Grasset, 1976), Christian Jambet
5) L’Ange (Paris, Grasset, 1977) de G. Lardreau et C. Jambet
6) Génération perdue, entretiens avec Jacques Paugam, Paris, Laffont, 1977, p. 67-68.
J.-M. Benoist
7) Haine de la pensée (Paris. éd. Hallier, 1976), Jean-Paul Dollé