Sénat : une prestation qui nous porte à verser des larmes et à prendre conscience

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15 mai 2019 Rezo Nodwes

par Kerlens Tilus

Mercredi 15 mai 2019 ((rezonoodwes.com))– L’haitien d’autrefois était digne et il était fier de lui-même, fier de son passé. Aujourd’hui, la majorité de nos frères et sœurs sont éhontés. Dimanche dernier, plusieurs amis m’ont invité à voir la prestation des sénateurs au Sénat de la République qui devait ratifier le programme de politique générale du Premier Ministre nommé, Jean Michel Lapin. Je n’ai pas assisté à toute la séance puisque je devais lire, écrire et m’entretenir avec des amis. J’étais sidéré et j’avais eu mal. Le président du Sénat ne sait pas comment conduire une assemblée ou encore comment mener un débat. Des sénateurs de la République qui n’arrivent pas à exprimer leurs désaccords en toute civilité. Habillés comme de vils épicuriens, certains se sont présentés dans la salle de séance comme dans une salle de jeux. Ils ne savent pas quand s’asseoir, quand laisser leur siège ; ils agissent comme des bambins. Je me souviens qu’à la Maternelle au Petit Séminaire Collège Saint-Martial, nous étions disciplinés tout de même sinon, nous aurions subi des punitions. Des sénateurs ont bloqué une séance et ont mis tout un pays en attente pour une affaire de poste ; c’est grave. L’un a passé dix ans comme président de la Commission des Affaires Etrangères. Quel est son bilan ? Une diplomatie de sorcellerie, des ambassades bourrées d’incompétents ; des consulats pris en otage par des analphabètes inconscients. Ils vous disent tous qu’ils défendent le peuple, et pourtant ils font passer leurs intérêts avant ceux des déshérités de ce pays.

Pourquoi un Premier Ministre et un gouvernement en ce temps de pays lock en permanence ? Les hommes au pouvoir ne sont pas conscients que tout leur échappe en ce moment. Ce qui consterne est qu’avec le laxisme des Haitiens, dans cinq ans, dans dix ans, il se peut qu’on ait ces mêmes incompétents et inconscients au Sénat de la République. A regarder la salle d’audience, on se demande s’il y avait des sénateurs présents qui sont dignes d’être appelés sénateurs. Nous savons déjà qu’ils ne sont pas des honorables. Est-ce ce spectacle que l’on offre à des adolescents qui grandissent  et à des jeunes qui sont appelés à prendre la relève ? Concrètement, qu’est-ce que ces 29 Sénateurs ont réalisé depuis leur entrée en fonction ? Cette affaire de parlement en Haiti est une grosse blague. Hier, on parlait du mafioso Garcia Delva et du gangster Arnel Joseph. Aujourd’hui, ce sont des sénateurs qui se comportent comme des bandits dans une salle de séance ; demain ce sera un scandale sur la corruption ; après demain, un assassinat. Chaque jour, le metteur en scène nous offre des scènes de mauvais goût et plus macabres que les précédents.

Les jeunes haitiens doivent savoir que nulle part au monde, on organise des séances aussi fantaisistes au niveau d’un parlement. Je crois que le pays n’a plus besoin de parlement si ce sont ces genres de spectacles comparables à un cirque qu’on présente. Ce qui est pire, vous trouvez des gens qui applaudissent et qui cautionnent le comportement infantile de nos politicailleurs. Définitivement, il faut qu’on établisse des critères spécifiques pour que quelqu’un puisse se porter candidat à un poste électif quelconque en Haiti.  Des sénateurs de la République ne peuvent pas lire et écrire. Des parlementaires ne peuvent pas s’exprimer convenablement en Créole, leur langue maternelle pour faire passer un point. Certains sont tout simplement nuls. Si le peuple laisse le champ libre aux bandits légaux, la 51ème législature sera aussi méconnaissable et moribonde que la 50ème. Je ne vois pas comment nous allons pouvoir élire des gens capables et dignes au niveau du parlement en dehors d’une révolution. Il revient aux politologues de faire un effort pour éduquer le peuple sur le système politique en vigueur en Haiti, le rôle d’un parlement, le rôle d’un président, les attributions d’un premier ministre. Les dirigeants en Haiti croient dur comme fer qu’ils n’ont aucune responsabilité à assumer dans leur poste et ils n’ont de compte à rendre à quiconque.

Porter les analphabètes fonctionnels au timon des affaires à se retirer et à s’asseoir pour s’éduquer s’ils ont de la volonté, n’est pas une mince affaire. Ils ne travaillent pas pour la bonne marche de l’Etat et ils ne représentent pas les intérêts du peuple haitien. Nous ne pouvons pas faire un « kole pyese », il faut une refonte totale de ce système, de l’administration publique. Tout est à refaire dans ce pays. Comme l’aime dire notre ami Theova : fòk nou fèmen Ayiti poun ka rebatil. A vous les bien-pensants, ce ne sera pas une tâche facile, celle de s’engager dans la construction de ce pays. Ce peuple est tant habitué à la démagogie, je me demande s’il sera patient pour laisser le changement s’opérer. Les gens qui sont au pouvoir actuellement en Haiti ne font que gérer les affaires courantes. N’importe qui peut s’autoproclamer président de la République. N’importe quel groupe peut investir le parlement et chasser les éhontés qui y siègent. Aujourd’hui, nous ne devons pas perdre notre temps à regarder le spectacle que ces messieurs offrent au parlement et sur la scène politique. Il faut tout simplement penser à ce qui doit être fait, à ce qui est normal. Les jeunes doivent faire des recherches sur des concepts clés comme Etat, Nation, système politique, gouvernance, gestion publique, parlement, présidence, administration publique.

La séance de ce dimanche nous a porté à verser des larmes. C’est triste ! Rien n’est sacré en Haiti. Nous blaguons sur toute la ligne. La majorité de la population haitienne ne sait pas comment se définit le concept « pays » et ce à quoi on fait allusion lorsqu’on parle d’un pays. La majorité des Haitiens a grandi dans le chaos. C’est un challenge aujourd’hui de faire comprendre aux Haitiens à quoi ressemble un pays qui est administré. En tout cas, les visionnaires, les concepteurs, les architectes et les ingénieurs (sociaux) qui auront à construire ce pays auront du pain sur la planche. Des paresseux et des cerveaux lents ont du mal à saisir nos points de vue dans nos textes et prises de position sur les réseaux sociaux. A rappeler qu’un cerveau lent n’est pas forcément un analphabète. Il y a des professionnels qui sont des cerveaux lents également ; surtout ceux qui rejettent leur identité. Nous ne nous attarderons pas sur les piètres acteurs du parlement et du pouvoir exécutif.

Nous devons travailler durement pour mettre au rencart ces individus qui n’ont jamais lu nulle part les mots : morale, éthique, intégrité et honnêteté. On ne peut pas dialoguer avec des sourds et des inconscients, et on ne peut pas ramener à la raison un malfaiteur qui a déjà scellé son pacte avec le diable. Nous sommes dirigés par des gens qui sont à la fois des vautours, des malfaiteurs et des démons. M ap mandem si nèg ki la yo, se pa gwoup dirijan ki pi enkonpetan e pi malfezan peyi a konnen depi l egziste. Podyab Ayiti !

Kerlens Tilus   05/14/2019
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