Le Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique, Ronsard St-Cyr, d’un gouvernement démissionnaire et sans mandat constitutionnel depuis le 28 avril, pour continuer de « liquider des affaires courantes ou mourantes« , se lance dans une campagne d’orientation d’informations relevant uniquement de la PNH, pour faire croire à l’efficacité d’un gouvernement accusé de complicité avec des groupes armés composés de bandits illégaux. Un Ti Jé en prison, deviendrait un colis encombrant
Après les interventions policières, bilan confus
Port-au-Prince, mercredi 1er mai 2019 ((rezonodwes.com))–La mort du caïd de Savane Pistache, Jean Sony alias ‘’Ti Je’’, vient d’écourter lundi, la liste des bandits à traquer par les forces de l’ordre. Cependant, la nature de l’intervention et le bilan dressé par les autorités renforcent encore des zones d’ombre. Tout porte à croire que Ti Je, en fin de mission accomplie, qui n’a pas compris le jeu, a été livré.
Mardi soir, dans la salle de conférence de la Direction générale de la Police nationale d’Haïti, le décor sied au rituel des rendez-vous post opération policière. Des armes et munitions disposées sur une table dressée en face de l’adjoint au porte-parole de la PNH, font converger les regards. Une intervention des unités spécialisées à Savane Pistache en réponse à la fusillade perpétrée à l’impasse Eddy (Carrefour Feuilles) par des hommes liés à la bande de Jean Sony ‘’Ti Je’’ justifie cette sortie de Garry Desrosiers.
‘’ Depuis vendredi, la PNH a renforcé sa présence à Savane Pistache. Une opération marathon conduite lundi par des unités spécialisées, a permis de confisquer dans sa base des matériels. 49 cartouches 5.56, 15 cartouches de calibre 9 millimètres, 11 cartouches 45, 2 cartouches 357, 40 cartouches de calibre 12, 2 chargeurs Galil, 1 chargeur AR15, 2 chargeurs 9 millimètres, 1 gilet par balles, une motocyclette figurent sur la liste des matériels saisis ’’, a dénombré Garry Desrosiers.
Une dizaine de cas d’arrestations opérées et des personnes interrogées, a indiqué l’adjoint au porte-parole de l’institution policière. Il a en outre précisé que l’opération consistait à appréhender le bandit-défunt vivant mais celui-ci a ouvert le feu sur la police se voyant obliger de riposter pour prendre contrôle de la situation.
Mais bien avant l’intervention du porte-parole de la PNH qui est arrivée presque 24 heures après l’assaut de Delmas 83 contre un seul homme, armé d’un 9 mm, le Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique, Ronsard St-Cyr, n’a pas caché sa satisfaction et apte à créditer son gouvernement pour le succès de l’opération qui aurait pu être baptisée « an’n fini nèt ak Ti Jé » car l’excès en tout nuit. D’autant plus, un Ti Jé enfermé au Pénitencier National serait un colis encombrant à moins qu’on trouve vite un juge des 50 corrompus, pour le blanchir et tout le dédouaner.
Cafouillage sur la blessure d’Arnel Joseph?
À Marchand Dessalines, à Petite-Rivière de l’Artibonite, à Cité Soleil, au Village de Dieu, les bandits imposent leur loi. Des rapts, des assassinats en série sont répertoriés au quotidien mettant en cause l’incapacité du pouvoir à faire régner la paix.
Arnel Joseph, chef de gang activement recherché par la police, règne en toute impunité entre Village de Dieuet Marchand-Dessalines (pòs Pierrot-Artibonite). Lundi, sur la toile, des informations sur son état de santé a fait trembler la République. Une confusion qui semblerait être voulue et créée par M. Ronsar St-Cyr, d’un gouvernement démissionnaire, se croyant autorisé à rivaliser avec les informations fournies par la police nationale, ou en concertation avec cette institution apolitique et permanente de la République.
Les circonstances entourant la blessure au pied du caïd demeurent encore un mystère. Ronsard St-Cyr anticipe sur les événements et ses informations ont été mises à rude épreuve. Mais du choc des points de vue, des entretiens, des enquêtes menées sur le terrain, jaillit la lumière.
‘’ J’ai eu vent des informations sur la situation d’Arnel Joseph. Malheureusement la PNH ne dispose pas encore de données sur sa blessure. Il semblerait qu’Arnel Joseph ait été accidenté, la thèse d’échanges avec des forces de l’ordre serait peu probable’’, a réagi Garry Desrosiers.
De son côté, le porte-parole en chef de la PNH, Michel-Ange Louis-Jeune, contacté par Rezo Nòdwès, répond à l’une de nos questions suivantes:
RN : M. le Commissaire. Des informations font état que le présumé bandit recherché par la police, Arnel Joseph, retranché dans les hauteurs de Marchand-Dessalines, (sans l’usage du conditionnel selon St-Cyr) est blessé. Pouvez-vous nous dire, M. le Commissaire, dans quelle circonstance cela est-il arrivé ?
PNH : Je ne dispose pas de cette information pour l’instant.
Pour des avisés, l’assassinat de Jean Sony dit Ti Jé, constituera un handicap majeur pour remonter sa filière et identifier ses réels commanditaires. Qui fournit armes et munitions ?
Entre temps, le doute s’installe sur la volonté réelle des décideurs à pacifier le pays dans cette marche lente vers sa somalisation avec la bénédiction des plus hautes autorités du pays, si l’on en croit la population de Carrefour-Feuilles accusant le député Jean-René Lochard d’être de mèche avec la bande à Ti Jé. Accusation qu’il a rejetée bien sûr.
Ailleurs, loin de Carrefour-Feuilles, « Arnel est blessé » et l’un de ses lieutenants « est tombé ». Nous attendons la suite du feuilleton sur lequel travaille assidûment le scénariste et promoteur Ronsard St-Cyr. Mais qu’il sache que l’épisode le plus intéressant pour la population est l’annonce réelle de la capture d’Arnel et son internement dans un des établissements pénitentiaires du pays, dans l’attente de l’approfondissement des enquêtes menées par la police sur ses exactions et torts causés aux habitants de Village de Dieu et de Marchand-Dessalines.
Mais Arnel Joseph aurait-il fini de jouer toutes ses cartes ? Va-t-on lui promettre de l’aider à s’abriter sous un nouvel horizon tout comme la même promesse qui serait faite à Ti Jé lundi soir ?