RAOUL JUNIOR LORFILS : APRIL 2019
Illustration : AFP
Panique totale au domicile du directeur général de police après qu’un drone pour enfant a atterri dans la cour de la maison. Le père de l’enfant, s’étant rendu chez Michel-Ange Gédéon pour récupérer le jouet, s’est vu “arrêté” et “séquestré” par les hommes du chef de la police, rapporte l’avocat du concerné.
C’était un véritable “spectacle” chez Michel Ange Gédéon, directeur général de la police nationale d’Haïti, le 10 avril dernier, selon ce que raconte l’ancien commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Claudy Gassant, intervenant à Pulsations Magazine, une semaine après l’incident. Au moins quatre véhicules de la Direction Centrale de Police Judiciaire (DCPJ), des membres du parquet de la capitale ainsi que des agents de la Mission des Nations-Unies pour la justice en Haïti (MINUJUSTH) ont débarqué à Vivy Mitchel, quartier résidentiel de Pétion-Ville, ce soir-là, pour une affaire qui selon Me. Gassant ne méritait pas toute cette attention.
A la base de cette soirée mouvementée au sein du domicile du numéro 1 de la police nationale, un drone (jouet) piloté par un enfant de 11 ans, qui a atterri dans la cour de l’une des maisons voisines: celle de Gédéon. “Le gardien de la maison du voisin s’est déplacé pour aller chercher le drone et on lui a dit de faire venir les parents”, raconte Gassant. Revenu après le travail à huit heures du soir, le père de l’enfant s’est rendu chez Gédéon où il s’est vu arrêté, poursuit l’homme de droit qui a dû lui aussi se rendre sur les lieux en vue de faire libérer son “client”. Ils ont tous deux été “séquestrés” jusqu’aux environs de minuit.
“Le DG de la police a ordonné qu’on ferme la barrière et que deux policiers sécurisent la sortie afin de nous empêcher de sortir”, a-t-il confié à la journaliste Marie Lucie Bonhomme. A ce moment, “j’ai demandé au juge de paix de constater ma séquestration”, a indiqué l’avocat. Pendant ce temps, ils (les hommes du DG de la PNH) faisaient des manoeuvres autour du drone, un peu pour voir si le petit gadget représentait un danger. Il a fallu, finalement, la présence de quelques membres de la MINUJUSTH pour confirmer qu’en effet, ce qu’ils avaient entre les mains n’étaient qu’un… jouet !
L’ex-commissaire du gouvernement a fait ses révélations alors qu’il commentait le climat d’insécurité qui s’installe un peu partout à travers le pays, notamment dans la capitale où des groupes armés dont ceux de T-Je, Bougòy, Arnel, Kris la entre autres, imposent leurs lois. Lors de son intervention, l’ancien parquetier s’est inscrit en faux contre les propos des autorités dont le Premier ministre Jean Michel Lapin qui a annoncé que des mesures allaient être adoptées en vue de traquer les bandits et favoriser le retour de la paix dans le pays.
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Raoul Junior Lorfils