Kerlens Tilus : Nou pa gen peyi!

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 21 février 2019Rezo Nodwes  Aucun commentaire

Jeudi 21 février 2019 ((rezonodwes.com))– Chers lecteurs, je n’aurais jamais imaginé que le premier ministre qui est le chef du PSCN, le Directeur General de la PNH, le Ministre de la justice, et Jovenel Moise pouvait porter ce coup fatal au peuple haïtien.

Il n’y a pas de mots pour qualifier ce qui s’est passé hier après-midi. Je me souviens l’année dernière quand la presse américaine avait relayé les déclarations de Donald Trump vis-à-vis d’Haiti, j’avais réagi en arguant qu’il avait raison et que nous devrions saisir cette opportunité pour faire notre autocritique et mettre le cap sur un futur « santibonique ».

Malheureusement, certains écrivains haïtiens ont préféré écrire un livre ayant pour titre : No shithole Mr. President ; ce qui est du pur folklore. Après ce qui s’est passé hier où le pouvoir en place a décidé de relâcher les sept mercenaires qui étaient en Haiti depuis tantôt quatre et qui avait prêté leur service à de nombreuse compagnies haïtiennes et qui travaillaient également pour le gouvernement, je me demande ce que pense l’élite intellectuelle haïtienne. Aucune organisation, même les grands hâbleurs ont peur de sortir une note pour dénoncer cette vile action. Définitivement, nou pa gen peyi.

Seize députés ont écrit au président de la chambre des députés pour lui demander de tenir une séance pour mettre en accusation Jovenel Moise. Malheureusement, cette lettre sera jetée dans la poubelle. Le premier ministre a déclaré qu’il ne savait pas que les bandits allaient être relâchés, la présidence a fait la même déclaration. Définitivement, ces messieurs au pouvoir nous prennent tous pour des imbéciles. Où sont les grands hommes et femmes de ce pays ? Où sont les grands diplômés de la diaspora haitienne ? Nous avons conclu qu’Haiti n’a pas de « moun » tout simplement. Les Haitiens, surtout les pauvres sont abandonnés.

La dignité et la fierté qui nous restaient sont effritées. Jovenel Moise a commis un crime de lèse-patrie. Nous avons pris note. Nous avons rejeté le mouvement lavalas qui était un mouvement populiste ayant à sa tête des hâbleurs et des corrompus. Aujourd’hui, les néo-duvaliéristes du PHTK nous soumet à l’infamie. Que d’Haitiens sont abasourdis et vexés. Que de jeunes sont indignés. Je n’encourage personne à suivre les mots d’ordre de l’opposition, surtout les extrémistes puisque ces messieurs se sont alliés au premier ministre pour séparer le gâteau au cas où Jovenel part. Les Haitiens doivent donner une réponse proportionnelle à Jovenel Moise. J’aimerais voir ce larbin qui va défendre le pouvoir en place. D’après Reynold Georges, conseiller spécial du Président de la République, les mercenaires étaient en sur le point de cambrioler la Banque Centrale qui a plus de 400 millions de dollars dans ses coffres.

Je me demande si les Haitiens de la diaspora, particulièrement ceux qui vivent aux Etats-Unis d’Amérique vont laisser passer cet affront comme une lettre à la poste. Je suis peut-être un utopiste qui n’est plus connecté à la réalité, mais je croyais qu’il y avait des gens dignes au sein de la diaspora. A quoi servent nos intellectuels ? Ils ont peur de parler parce qu’ils ne veulent pas perdre leurs avantages. Nombre sont sur le payroll de l’USAID et du Core Group. C’est écœurant ce qui s’est passé. Les bandits légaux ont mis à nu le système judiciaire haitien. Pas même une note de la Cour de Cassation. Nou pa gen peyi. J’aimerais savoir quelle serait la réaction d’un Jean Jacques Dessalines par rapport à une telle infamie.

Il y a des gens qui ont versé de chaudes larmes hier soir. Invectiver les hommes au pouvoir n’est pas la meilleure solution. Même quand les élections seront truquées à la fin de cette année et en 2021, la majorité silencieuse doit sortir en masse pour voter. Si nous choisissons une équipe ayant à sa tête un seul candidat, nous pouvons mettre en déroute les populistes du mouvement lavalas et les bandits légaux du PHTK. La diaspora a une grande part de responsabilité dans ce qui s’est passé hier à cause de leur manque d’engagement. Nous vivons dans un pays où nous ne faisons pas du lobby pour notre pays d’origine. Chaque grand diplômé haitien rêve d’avoir accès au Département d’Etat pour demander l’appui des Américains pour prendre le pouvoir en Haiti, idem pour les politiciens haitiens.

En vérité, en vérité, nou pa gen peyi. Aujourd’hui, voilà ce que je propose à la diaspora haitienne. Elle doit mettre en place un fonds spécial pour les élections. Non seulement, nous devons financer les prochaines élections en Haiti jusqu’à ce que l’Etat haitien puisse mettre en place des structures pour financer les élections et non quémander les Core Group. La diaspora va devoir mettre des fonds disponibles pour financer des candidats à tous les postes électifs. Je soutiendrai toute plateforme constituée de deux ou trois partis politiques plus ou moins structurés et des têtes pensantes. Je soutiendrai tout mouvement d’une frange saine de la bourgeoisie haitienne qui prône le changement de système. Je l’ai dit à maintes reprises. Les pauvres ne font pas la révolution. Ils sont toujours dirigés par les élites pour faciliter la révolution. Ce sont les intellectuels et les hommes et femmes fortunés qui font la révolution un peu partout dans le monde. Prenez n’importe quel révolutionnaire dans le monde, vous verrez qu’il était avant tout une personne dôtée de grande intelligence et était accompagné par des hommes bien lotis pour ne pas dire riches. La révolution haitienne est l’œuvre d’anciens officiers de l’armée française. Ils ont bien reçu une formation militaire adéquate qui les ont distingués de la masse des esclaves. Et, certains étaient de grands propriétaires terriens.

Nous ne ferons plus confiance aux éléments de la classe moyenne qui parlent de révolution. Non seulement, ils n’ont pas les moyens, mais aussi ils n’ont pas les couilles. Pourquoi passer par les mercenaires quand nous pouvons négocier avec les « mèt peyi ». Les intellectuels noirs de la classe moyenne ont détruit ce pays en connivence avec la classe d’affaires. On peut avoir des problèmes avec Leslie François Manigat sur sa façon d’accéder au pouvoir dans un bain de sang, mais il a vu juste. L’injustice sociale, comme il a dit finira par déboucher sur un soulèvement général qui peut être même une révolution. Nous ne sommes pas loin du chaos. Je prédis qu’il y aura un déchouquage en Haiti, même des chiens seront abattus. Ce n’est pas possible que des patrons de médias en Haiti passent des mots d’ordre à leurs journalistes « machann mikwo » pour défendre l’indéfendable. La presse en Haiti pouvait bien orienter les gens vers le changement et favoriser un changement de système. Un seul patron de médias possède plus de six fréquences seulement à Port-au-Prince et d’après un rapport de la CIA sur Haiti publié en 2012, il est décrit comme un homme dangereux qu’il faut surveiller parce qu’il peut inciter les masses à changer le système « peze souse ». Il ne le fera pas parce qu’il n’est pas assez conscient de son pouvoir et du mal qu’il cause au pays. Je ne vais pas dire du mal de lui puisqu’on a de bons rapports, mais je ne cesse de lui dire qu’il doit agir avant qu’il soit trop tard. Les gens aisés pensent que le peuple est tout à fait zombifié et qu’il ne peut pas faire un « leve kanpe », mais il oublie qu’il y a des Jean Marie Vincent, des Jean Dominique un peu partout en Haiti. J’ai vu et j’ai entendu. Ils seront étonnés de voir qu’un mouvement structuré favorise une révolution en Haiti. Ils seront pris par surprise.

A la jeunesse haitienne, je vous dis qu’à côté de la diaspora, vous êtes le dernier rempart de ce pays. N’attendez pas que les intellectuels et les politiciens vous indiquent la voie. Vous devez agir de par vous-mêmes. La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Nous avons besoin des meneurs au niveau de la jeunesse. A vous les hommes et femmes conscients de la classe d’affaires haitienne qui êtes conscients que les choses ne peuvent pas continuer ainsi, je vous encourage à encourager les jeunes dans leur démarche. Il y de nombreux jeunes qui ont de très bonnes idées que ce soit pour la révolution économique, la révolution sociale et la révolution politique. Il faut les soutenir et les épauler. Il ne suffit pas de dire que vous êtes animés de bonnes intentions, il faut le prouver par des actions probantes. Il y a des gens fortunés, surtout au sein de la diaspora qui croient que quand l’image du pays est souillée qu’ils ne sont pas touchés. Nous sommes tous Haitiens et nous sommes perçus par les étrangers comme des gens indignes que l’on soit professionnel, riche ou savant. Nou pa gen peyi. Il ne nous reste qu’à être dirigé par un chien et un cochon. Je me demande bien qu’avec l’arrivée au pouvoir de Michel Joseph Martelly et de Jovenel si nous ne sommes pas entrés dans cette ère.

Quel héritage allons-nous laisser pour les enfants qui grandissent aujourd’hui. « Les gens qui ont vécu dans les années 30-40 peuvent dire qu’ils ont vu la grande exposition universelle de 1949-1950 sous Dumarsais Estime. Les Haitiens qui ont vécu dans les années 70 peuvent dire qu’ils ont vu Manno Sanon à l’œuvre à Munich en 1974, mais qu’avons-nous comme souvenir, nous les soixante-dixards. » C’est triste et effarant ce que nous vivons aujourd’hui. Ce qui est indignant est que les dirigeants au pouvoir en Haiti savent bien qu’ils font du mal au peuple, mais ils persévèrent dans la mauvaise voie. Comme chrétien croyant, je ne souhaite jamais la mort d’hommes et je ne l’encouragerai jamais, mais cela n’empêche comme humain que je ressens une haine pour les méchants qui nous font mal. Nous sommes loins d’être Christ. Nous pouvons éviter le bain de sang qui viendra à coup sûr si seulement nous choisissons la voie du dialogue. La classe politique haitienne rejette la diaspora sous l’instigation de la classe des affaires et du Core Group. La diaspora doit se positionner et trouver une stratégie pour provoquer un changement véritable en Haiti. Les journalistes responsables au pays et dans la diaspora doivent sensibiliser le peuple sur la nécessité d’un renouveau. Nou pa gen peyi. L’autre avait dit quand l’ignorance est au pouvoir, la connaissance est un délit. Un pays qui a vu naître Jean Jacques Dessalines, Henry Christophe, Toussaint Louverture, Rosalvo Bobo, Antenor Firmin, Louis Joseph Janvier, Jean Price, Jean Marie Vincent, Jean Dominique, Leslie François Manigat, Franketienne, Dany Laferrière est aujourd’hui livré à des délinquants. Que c’est indignant !

Nous n’avons pas compris quand Martelly avait publié son tube Bandit Légal en 2010, aujourd’hui, nous savons bien ce que cela veut dire. Si nous avons le PHTK aujourd’hui, nous pouvons dire haut et fort, grâce à lavalas. Nou pa mande lanmò pou yo, men pèp la ap jwenn jistis li. Enfin, tant que nous avons le souffle de vie, nous devons croire au changement. Ce n’est pas la Providence qui va changer les choses, il revient à nous, Haitiens de faire le changement nous rêvons et de construire la Nouvelle Haiti. Certains Haitiens ont baissé les bras par rapport aux bandits légaux affirmant qu’il n’y a pas d’espoir. Chers compatriotes, osons espérer. Si le Rwanda peut le faire, si le Singapour peut le faire, nous pouvons développer Haiti également. J’écris pour la postérité. J’ai 42 ans, je sais que je ne mourrai pas sans voir le changement et sans y contribuer. Je sais que mon fils me dira papa un jour, je suis fier de toi. Les défaitistes n’ont pas leur place dans la Nouvelle Haiti. Si nous croisons nos bras et pensons que le changement arrivera, nous attendrons pour longtemps. Il faut agir dès aujourd’hui. Surprenons la génération montante. Qu’avons-nous fait du 21 Aout 1791 et du 23 Novembre 1803 qui sont deux dates charnières dans l’histoire de ce pays. Nous serons jugés pour notre inaction face au banditisme et la déchéance. Je m’arrête là. En vérité, en vérité, nou pa gen peyi.

Kerlens Tilus   02/21/2019
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