LOOP NEWS : 17 FEBRUARY 2019
Le rappeur Wordsmith posant près d’un mur à Port-au-Prince / Photo: Twitter de WordsmithS
Wordsmith, de son vrai nom Anthony Parker, s’est rendu en Haïti pour un séjour d’une semaine. Objectif : rencontrer, du 3 au 9 février, des groupes de jeunes dans différents quartiers de la capitale, promouvoir la non-violence et encourager les jeunes à se fixer des objectifs dans leurs vies.
“Là d’où je viens, on a beaucoup souffert de violence, de brutalité policière et de pauvreté.”, confie-t-il à notre rédaction. “Donc, je pense que, pour la situation en Haïti, il y a beaucoup de choses en commun et j’ai profité de cet instant pour venir parler aux jeunes, malgré les manifestations, je n’avais pas peur”, a-t-il dit. “Nous avons des manifestions aux Etats-Unis aussi. C’est normal surtout quand les gens ont l’impression de ne pas être écoutés”.
Pour Parker, son voyage dans la capitale du pays, coordonné par l’Ambassade des Etats-Unis en Haïti, a été une occasion d’apporter un peu sa contribution à la construction d’une nouvelle donne. “Et c’est ce que je fais à travers mes chansons : rassembler les gens, les amener à voir les choses à partir d’une autre perspective et apporter un peu de positivité”, fait savoir le chanteur Américain, né en Allemagne.
Parker a également tenu des mini concerts lors de ses visites sur le terrain, en vue de mettre de l’ambiance et s’amuser avec ses interlocuteurs. La vidéo suivante a été prise lors de son intervention à Lakou Lapè.
Par la violence, on détruit sa propre communauté
Durant cette semaine, le rappeur a visité notamment le College Catts Pressior et à l’Académie de Police où il a animé des conférences sur la non-violence. “Une expérience très enrichissante”, dit-il de ce séjour qui s’est achevé à Lakou Lapè (La Cour de la Paix”, “Les jeunes sont très intelligents, ont de grands rêves et sont très conscients de ce qui passe dans leur pays, notamment la question de la corruption” qu’il ne cessent de dénoncer.
C’est un droit de manifester contre ce qui n’est pas bien. Mais les violences durant les protestations peuvent provoquer des conséquences néfastes, fait savoir l’interprète de Fill The Space. “Là d’où je viens, en 2016, une pharmacie a été incendiée un jour en guise de protestation. A cause de cela, beaucoup de gens ont dû se passer, sans le vouloir, de leurs médicaments durant au moins deux semaines, ce qui aurait pu être fatal quand on sait que certaines personnes doivent prendre leurs médicaments pour rester en vie. Quand tu détruis ta communauté, tu rends sa construction encore plus difficile”, croit-il.
“Avant de poser certaines actions, il faut se demander, dans cinq ans, dix ans, à quoi ressemblera ma communauté si je la détruis davantage”, conseille Parker. Par la violence, on ne fait que détruire sa propre communauté, son propre environnement, soutient-il.
“Les Haïtiens aiment leur pays”
Beaucoup de choses ont attiré l’attention du rappeur et de son équipe pendant ses heures d’échanges avec les jeunes. En particulier une: l’amour des jeunes pour leur pays. “Les Haïtiens ont un grand amour pour leur pays et ils sont très résiliants”, dit-il constater. “Ce sont des chose qu’ils pourraient apprendre aux Américains”, pense-t-il, soutenant que grâce à sa jeunesse, Haïti peut espérer un lendemain meilleur.
En ce qui concerne l’image du pays, pour Wordsmith, ce qui se dit dans les médias sur Haïti ne sont pas toujours vrais et/ou ne résument pas ce qu’est Haïti, “un peuple accueillant, chaleureux et bons”. Sur Twitter, il invite les gens à ne pas laisser tout ce qu’ils lisent dans les médias obscurcir leur jugement sur ce pays de la Caraïbe.
Day 1: Arts Envoy Tour Haiti. My team and I had the honor of visiting College Cats Pressior and the Police Academy to deliver a non-violence lecture and perform for the youth. Please don’t get let the media cloud your judgement about Haiti. #exchangeourworld818:58 – 4 févr. 2019Voir les autres Tweets de WordsmithInformations sur les Publicités Twitter et confidentialité
Quelle solution ?
La jeunesse a besoin d’être encadrée et tôt, souligne l’artiste, père de deux garçons. “Il faut leur montrer qu’ils peuvent faire partie de la solution aux problèmes auxquels confrontent leur communauté, leur annoncer que durant leur parcours, ils verront des choses qu’ils n’aimeront pas toujours mais qu’ils doivent en tout temps se positionner du bon côté et choisir de faire partie de la solution que du problème”.
Car les jeunes veulent grandir, devenir importants, “avoir des connaissances, aider les autres”, rappelle Parker, faisant remarquer que c’est à partir de cela qu’il faut amener les jeunes à se fixer des objectifs et les poursuivre coûte que coûte. Pour installer une culture de non-violence, il faut enseigner aux jeunes gens à tenir à leurs objectifs et valeurs.
“Quand tu as de bons objectifs, des valeurs positives, tu ne penses à prendre la vie des gens, tu pense plutôt à les sauver et à réussir”.