Deux années après avoir pris les rênes du pouvoir, Jovenel Moise se retrouve dans une mauvaise posture. La dévaluation de la Gourde, l’inflation galopante, le chômage découlant d’une gouvernance critique mettent à mal l’avenir du quinquennat du 58eme Chef d’État haïtien
Port-au-Prince, samedi 9 février 2019 (rezonodwes.com))–Longtemps enfermé dans sa bulle, le chef de l’État, Jovenel Moise doit se réinventer. A l’aune de ses réalisations pendant 2 années au Palais national, le dauphin de Michel Martelly n’a pas grandi sinon en s’accrochant à ses vielles pratiques de promettre monts et merveilles et faire rêver la population. L’électricité 24 heures par jour, la relance agricole, la disponibilité de l’eau potable dans les robinets, le combat contre la corruption demeurent jusqu’ici comme des effets d’annonce, observe-t-on.
Parallèlement, les conditions de vie de la population ont dégradé. La faim anéantit les familles, le chômage bat son plein, la corruption se normalise, dénoncent certains avisés. Dans le carnet de ses accomplissements, la Caravane du Changement, stratégie visant à remettre en état certaines infrastructures routières, peine à prendre son envol. Aucune note encourageante n’est à mettre à l’actif de ‘’l’homme banane’’ au bout de 2 années aux commandes de l’État.
Rattrapé par le scandale de gaspillage des fonds du programme Petro Caribe, Jovenel Moise voit le reste de ses jours au Palais national de plus en plus fragilisé. Les récentes manifestations augurent de sombres perspectives pour son mandat.
Ce jeudi 7 Février, la mobilisation populaire a embrasé plusieurs communes avec à la clé des incidents regrettables. A Port au Prince, à l’appel du secteur démocratique et des organisations syndicales, des milliers de gens ont gagné les rues pour exiger la tenue du procès Petro Caribe et le départ anticipé de Jovenel Moise. Des casses ont été enregistrées à Delmas, à Pétion Ville et au Centre-Ville de la capitale. Dans certains quartiers de la zone métropolitaine de Port au Prince, des bâtiments publics et privés ont essuyé des jets de pierre.
Aux Gonaïves, des gens ont également manifesté pour exiger la démission du Chef de l’État. Des scènes de violence ont été rapportées. Dans le bas Plateau, Darline Lubin, violemment renversée par un véhicule, a provoqué la colère populaire. Le Commissariat de Mirebalais a été la cible des manifestants mécontents.
Jovenel Moise seul contre tous
L’opposition politique entend boire le calice jusqu’à la lie. Les membres du secteur démocratique désapprouvent toute idée de dialogue avec l’Exécutif et continuent de radicaliser leur position. Sur la table des négociations, la démission du Chef de l’Exécutif est réclamée. L’étau se resserre encore plus autour de Jovenel Moise.
Dans l’intervalle, des partis et regroupements de partis se désolidarisent avec le PHTK. La Fusion des Socio-démocrates, l’aile modérée, a choisi son camp. Le parti ‘’Ayiti An Aksyon’’ s’est aligné dans l’opposition. D’autres partis politiques traditionnellement opposants farouches ont durci leur position.
Parallèlement, l’appel au dialogue lancé par l’Exécutif s’est estompé. L’option d’organiser des élections législatives et municipales en Octobre prochain se compromet. En attendant la fin, Jovenel Moise entend jouer toutes les cartes pour sauver la face et défier la formule du ‘’trop peu, trop tard’’.