Haïti : Nous sommes pris entre l’enclume et le marteau

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19 janvier 2019  Rezo Nodwes

par Kerlens Tilus

« EN ME RENVERSANT, ON A ABATTU À SAINT-DOMINGUE QUE LE TRONC DE L’ARBRE DE LA LIBERTÉ, MAIS IL REPOUSSERA CAR SES RACINES SONT PROFONDES ET NOMBREUSES » (TOUSSAINT LOUVERTURE)

Vendredi 18 janvier 2019 ((rezonodwes.com))– L’enclume est constituée des ennemis étrangers (la communauté internationale) et le marteau est composé des collabos de l’intérieur et de la diaspora. Haïti est dans l’impasse et ceci ne date pas d’hier.

En 215 ans d’indépendance, le pays n’a pas connu plus 50 ans de règne démocratique, de stabilité politique et sociale pour permettre à l’économie de connaître une croissance constante. Nous savons qu’il faut de la stabilité politique et sociale pourqu’un pays soit viable. Beaucoup de jeunes qui sont mes lecteurs de prédilection n’arrivent pas à saisir le dilemme haïtien dans toute son essence.

Il est important de faire la lumière sur certains points et leur expliquer comment s’en sortir face aux difficultés et leur donner espoir. Depuis 1806, Haïti est pris entre l’enclume et le marteau. Nous avons eu la France et les Etats Unis tout au début sans compter l’Angleterre et l’Espagne qui n’avaient pas vu de bon oeil un pays de nègres libres et nous avons eu les Alexandre Pétion, Jean-Pierre Boyer, le général Vaval etc. qui étaient des collabos. Un collabo est une personne ayant collaboré, par toutes les formes possibles, avec l’ennemi de sa patrie en temps de guerre. Haïti est toujours en proie à des forces ténébreuses, de grands ennemis, alors nous sommes toujours en guerre. Aujourd’hui, les ennemis n’ont pas changé.

Au contraire s’ajoutent le Canada et la République Dominicaine sur la liste des ennemis étrangers. Les collabos sont nombreux. Il y en a qui travaillent sur le terrain en Haïti et d’autres qui militent dans la diaspora. Mais, ils font tous la sale besogne soit pour les étrangers soit pour leurs propres intérêts mesquins.

L’enclume et le marteau se donnent la main pour pressurer le pays qui est composé en grande partie de nègres. En haut du système de marteau, nous trouvons les Arabes et les quelques Juifs, en second plan, les mulâtres (terme péjoratif) et les nègres qui sont riches, en troisième plan, les nègres à talents (classe moyenne) et au bas de l’échelle, les nègres de champs (les pauvres). Les trois premières catégories s’allient pour combattre les pauvres et les tenir dans la misère. Il les exploite tout bonnement.

Plus de 70% de la population haïtienne vit dans la pauvreté. Certains se posent la question, à savoir : comment des nègres puissent s’allier à d’autres groupes et à des étrangers pour détruire leur propre pays et tenir leurs frères et soeurs dans les fers de l’ignorance et de la pauvreté. La réponse est simple, ils sont aliénés et acculturés et ont un trouble d’identité. Je n’ai pas besoin d’entrer dans les détails, car ceux qui ont l’habitude de me lire savent très bien ma position sur l’aliénation et l’acculturation.

Les ennemis étrangers d’Haïti créent des conditions pour que les collabos puissent être rémunérés pour leurs services. Les collabos font tout pour de l’argent. La crise haïtienne persiste non pas parce que les blancs sont puissants, mais tout simplement parce que les collabos font le travail de sape à l’intérieur du pays. D’ailleurs, ce sont eux les nantis de la classe économique et ce sont eux qui constituent la classe politique et qui sont au timon des affaires et dans l’administration publique.

La minorité de patriotes se révolte certaines fois, mais ils n’ont jamais eu gain de cause. S’ils arrivent à triompher, c’est pour une période de temps assez limitée. Les patriotes peuvent toujours gagner cette guerre pour permettre à cette frange de la population qui vit dans la pauvreté et au pays en général de sortir de l’ornière du marasme.

Ce qu’il faut, c’est un groupe d’hommes et de femmes animé de conscience qui peuvent élaborer une vision commune, proposer un projet collectif et faire des adeptes. Une fois que les adeptes commencent à propager la bonne nouvelle, la masse critique sera construite et le peuple pourra comprendre sa situation et faire sienne la vision et le projet collectif. Nous ne rêvons pas puisque nous sommes déjà sur la voie.

Nous devons juste propager la bonne nouvelle. J’observe, je parle à des groupes, je fouille, je collabore avec des jeunes pour voir dans quelle mesure ils peuvent s’adhérer à cette vision commune. Les ennemis étrangers d’Haïti croient qu’avec les collabos, nous ne serons plus capables de renverser la vapeur parcequ’ils terrorisent la population avec la gangstérisation de la société. Voilà pourquoi on doit travailler dans l’ombre et ne pas trop s’exposer. Il y a un point que je dois soulever.

Plusieurs de mes amis virtuels me demandent si je suis anti-capitaliste et anti-bourgeois. Je ne suis ni l’un ni l’autre. J’embrasse la democratie sociale. « De nos jours, le terme de social-démocratie, qui tend désormais à être employé comme un synonyme du socialisme démocratique dans son ensemble, désigne un courant politique qui se déclare de gauche ou de centre gaucheréformiste tout en adoptant et appliquant des idées libérales sur l’économie de marché. » 

L’adage stipule qu’il faut de tout pour faire un monde. Nous avons besoin de l’intellectuel, nous avons besoin du bourgeois et nous avons besoin du militant pour faire une révolution. Il suffit tout simplement que ces gens soient progressistes.

Dans le contexte haïtien, je rencontre des gens aisés plus ou moins riches qui ont un discours progressiste et qui contribuent à améliorer les conditions de vie de certains gens. Ils font ce qu’ils peuvent. Aujourd’hui, plus que jamais, ils s’engagent, ils veulent être plus proactifs sur le terrain. Je rencontre des intellectuels qui sont animés de bonne volonté et qui travaillent pour la Nouvelle Haïti. Je rencontre des militants qui se démarquent de la politique politicienne pour embrasser la cause du peuple. Tout n’est pas perdu pour Haïti et il y a de l’espoir.

Pour avoir vécu des moments difficiles dans ma vie, et pour avoir surmonté ces impedimenta, je crois que le dilemme haïtien peut être résolu. Il faut tout simplement de la volonté, de la détermination et de la combativité. La réflexion sans action est vaine. L’action sans la réflexion n’amène qu’à la tyrannie.

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Kerlens Tilus
01/18/2019
Snel76_2000@yahoo.com
Tel: 631-639-0844

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