LETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE DU CANADA

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Honorable Justin Trudeau
Premier Ministre du Canada

Monsieur le Premier Ministre,

Un promoteur a annoncé que Michel Martelly alias Sweet Micky, donnera un concert à Montréal le 22 mars 2019. Je m’adresse à vous, un féministe assumé, pour stopper la venue de l’ex-président d’Haïti, un chanteur misogyne, violent et dangereux.

En février 2016, le journaliste François-Xavier Gomez du quotidien Libération, écrivait que Michel Martelly était un habitué des agressions verbales envers les femmes. Ce journaliste savait que le 28 juillet 2015, à une citoyenne qui avait osé questionner sa gestion des affaires de l’État, dans un furieux hennissement, Michel Martelly avait crié, « Va derrière le mur là-bas. Trouve-toi un homme et fais-toi violer. Sinon, rejoins-moi sur le podium que je te défonce… Salope ».

Pour mesurer la gravité de ses invectives, sachez Monsieur le Premier ministre, que plusieurs membres du cabinet Martelly avaient remis leur démission illico. La Sociologue Danielle Magloire, militante de défense des droits de la femme, disait que l’algarade que Michel Martelly avait déchargée sur cette femme n’était rien de moins qu’une agression sexuelle.

Quand Julien Sainvil, Sociologue et professeur à l’Université d’État d’Haïti, avait rappelé que le répertoire de Michel Martelly n’était qu’un ramassis de propos sexistes et dévalorisants pour les femmes, il ne savait pas qu’en février 2016, The Guardian rapporterait le contenu ignoble d’une autre rafale phallocentrique de Sweet Micky. The Atlantic a traduit sa chanson « Ba li bannan’nan », comme une invitation ouverte à tous, pour emboutir des bananes dans tous les orifices de la journaliste Liliane Pierre-Paul.

Cette attaque sauvage n’était qu’une parmi des centaines de taillades que Michel Martelly avait balafré sur la dignité de la journaliste parce qu’elle avait reçu à son micro des adversaires qui l’accusaient de détournements de fonds.

L’Ex-président d’Haïti est effectivement coincé dans des scandales dont celui sur la dilapidation d’un prêt à long terme accordé par le Venezuela pour l’achat de pétrole. Lorsqu’à New-York en septembre 2018, un spectateur lui avait demandé où était passé l’argent de PetroCaribe, sans surprise et en public, Michel Martelly lui avait répondu avec sa hargne habituelle, « Je l’ai fouraillé dans le vagin de ta femme. »

Michel Martelly tient quotidiennement, avec ton belliqueux et une triviale posture, un discours ordurier qui invite à la violence sexuelle envers les femmes. Résultat, le journal haïtien Le Nouvelliste, rapportait que pour le Directeur du Réseau national de défense des droits humains, pour Michel Martelly, une femme est uniquement un objet sexuel.

Aux défenseurs de Michel Martelly qui lui proposent la liberté d’expression comme faux-fuyant, je réponds que cette liberté ne lui donne pas le droit de promouvoir le viol comme arme de démolition de ses opposantes. Qu’ils sachent qu’au Canada comme dans toute démocratie, sous aucun prétexte, nul n’a le droit d’humilier, de déshonorer, d’inférioriser et d’avilir ses concitoyennes.

D’autres vous diront que je ne fais pas la différence entre l’homme et l’artiste. Je vous assure, Monsieur le Premier ministre, que le jour, Michel Martelly est aussi va-t-en-guerre, sans-façon et grossier que l’est Sweet Micky le soir sur scène. Ni l’un, ni l’autre, ne devraient avoir droit de séjour au Canada, encore moins la latitude d’y régurgiter leurs baratins pervers, infects et charogneux.

Je tenais à vous démontrer, Monsieur le Premier ministre, que la rhétorique que Michel Martelly compte promouvoir à Montréal, fait ouvertement l’apologie du viol, normalise et glorifie la violence faite aux femmes. Je vous exhorte, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher que ce matador ne puisse venir livrer sa plaidoirie haineuse dans notre pays.

Nous, Canadiens, valons

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