janvier 04, 2019
En ce premier jour de l’an, la cathédrale des Gonaïves est remplie d’autorités, de diplomates et de fidèles venus de toutes parts assister à la cérémonie solennelle du 215e anniversaire de l’indépendance de notre pays. Dans son homélie, l’évêque des Gonaïves, Mgr Yves Marie Péan a lancé un vibrant appel à la confiance. Il en profite pour exprimer ses préoccupations.
À l’instar de ses pairs, il a vivement déploré les maux qui rongent la nation. Mgr Péan a surtout mis l’accent sur la méfiance, l’impunité arrogante, la corruption généralisée, la recrudescence de la violence, la débâcle économique croissante et le financement des gangs armés par de « puissants sponsors ». Dans un pays où la faiblesse de l’État est palpable et l’harmonisation entre les différentes strates sociales est inexistante, le développement restera utopique, a soutenu l’évêque.
Le leader ecclésiastique dit regretter que la crise socioéconomique ne cesse de prendre de l’ampleur. Il ne cache pas sa consternation face au non-respect de la sacralité de la vie, la chose la plus précieuse aux yeux du Créateur. « Devant l’état révoltant de certaines victimes mutilées et jetées à l’aventure et aux cloaques », le prélat déclare éprouver un sentiment d’horreur et d’effroi. Le marronnage des acteurs, le manque de communication sincère et le fossé de plus en plus grand entre les nantis et les dépourvus retiennent également son attention. « La nation n’est-elle pas en train de creuser le gouffre de son anéantissement ? », s’est interrogé le chef du diocèse des Gonaïves.
En dépit de la dégradation morale, des situations d’exclusion et des luttes fratricides pour le pouvoir, Mgr Yves Marie Péan rappelle que tout n’est pas fini. Il se dit convaincu qu’il est temps de partir à la quête du « bien supérieur de la nation ». Pour mener à bien cette mission, a-t-il renchéri, un climat de confiance doit être inéluctablement instauré. C’est la base du « dialogue franc » que l’on désigne sous plusieurs noms. « C’est sur ce terrain de dialogue inclusif que l’on doit ramener tous les grands dossiers chers à notre pays. »
Le problème d’Haïti n’est autre qu’un problème d’homme, selon l’évêque. Il invite tout un chacun à accomplir honnêtement et efficacement son devoir. « Nous avons à devenir plus humains, plus honnêtes, plus propres et plus cohérents à nous-mêmes », a déclaré Mgr Péan qui, du même coup, exhorte les responsables à indiquer aux enfants la voie de la droiture pour élever une nouvelle génération d’hommes et de femmes dans la société.