Haiti Culture 101: Introduction au Rara Haïtien

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4 janvier 2019  Rezo Nodwes  

Lorsqu’on dit Rara, on dit musique, culture, décorations, plaisir, fêtes. On parle aussi d’une tranche de l’histoire d’Haïti. On parle aussi de la plus belle ville du monde. On parle avec fierté de Léogâne ; le bastion officiel du Rara Haïtien

Vendredi 4 janvier 2019 ((rezonodwes.com))– Le Rara est une ambiance culturelle qui a commencé comme une distraction rurale pour rapidement s’imposer comme le patrimoine culturel haïtien le plus populaire. Le Rara est composé de plusieurs bandes musicales qui chacune représente une habitation de Léogâne.

Les bandes de Rara produisent de la musique avec des tambours, des tchatchas, des bandjos, des vaccines, des bambous, des joncs, des cornets, et un fouet de tâche. Les bandes sont dirigées par un Meneur aussi appelé Colonel à qui des rites, des mouvements, et des secrets sont remis pour protéger sa bande contre d’autres bandes ennemies ou contre les mauvais esprits.

Le Colonel tient aussi le fouet de tâche qui a été utilisé par les colons pour battre les Noirs. Aujourd’hui, ce fouet représente l’indépendance, la liberté, l’honneur et le en-avant, en-avant, en-avant. Les chansons sont écrites et mises en musique par des artistes-compositeurs dénommés Sambas.

Le Rara a évolué à travers le temps pour intégrer l’hélicon, la trompette, le saxophone, etc. Ces instruments, qualifiés [venant] sont non organiques à la structure du Rara. Ils ne reçoivent pas le sacrement ou la bénédiction des esprits [Maitres] qui protègent les bandes.

En de termes plus simples, les bandes de Rara sont constituées d’instruments messages (Tambours, Tchatchas, Banbous, etc.), d’instruments d’accompagnement (Vaccines, Cornets, etc.), et d’instruments vents (Hélicon, Trompettes, etc.). Elles sont aussi composées de Reines, de Majeurs de Joncs et d’une arrière garde pour protéger la bande par la queue.

Selon Harold Courlander, Moreau de St-Rémy et Jean-Baptiste Roumain, le Rara est d’origine africaine et a été adopté en Haïti avec l’avènement de l’esclavage. Selon plusieurs ethnologues haitiens, le Rara était une récompense offerte aux esclaves qui ont satisfait les colons avant, durant et après la moisson. Ce jour-là, ces esclaves étaient autorisés à aller visiter les esclaves vivant sur d’autres habitations.

Ceux qui avaient les mêmes amis sur les mêmes habitations faisaient la route ensemble pendant qu’ils partageaient entre eux leurs histoires tristes et sinistres. D’où l’ancienne appellation du concept « Chay o Pie. » Leurs histoires étaient leurs charges et ils les portaient avec leurs pieds jusqu’à ce qu’ils arrivaient là où ils allaient. Le marronnage fut la première forme de Rara puisque les esclaves se faisaient marrons en groupes.

Le Rara a un caractère spirituel en raison que chaque bande est représentée par un esprit du rite vaudou à qui elle offre des sacrifices, des rituels, des séances d’adoration ou des sessions d’action de grâce.

La saison des Rara est liée à la saison des Carêmes. Elle commence officiellement le premier Jeudi qui suit le Mercredi des Cendres et continue jusqu’au Dimanche des Pâques. Le premier jour, les bandes vont dans leurs démembrés pour saluer et demander passages et protections à leurs esprits (Maitre de la bande) respectifs.

Depuis les années 2000, l’Etat Haïtien commence à accorder une importance capitale à ce phénomène si bien que la Mairie reçoit chaque année des subventions gouvernementales pour organiser des festivités culturelles à travers les rues de la ville. Plusieurs bandes défilent durant ces festivités.

Dans les temps anciens, le Rara fut considéré comme une activité diabolique, immorale, et vagabonde. Les enfants n’étaient pas autorisés à y participer et la société civile faisait la guerre contre ce mouvement. Les bandes n’étaient autorisées à vagabonder que seulement les nuits et ne pouvaient pas rentrer en ville.

Les choses ont changé depuis si bien que les bandes sont maintenant libres de sortir ou de rentrer à n’importe qu’elle heure de la nuit ou de la journée. Les jeunes de la cité n’ont aucune peur de danser, chanter, et piaffer jusqu’à ce que leurs pieds n’en veulent plus.

Si le gouvernement commence à utiliser le Rara comme un atout de campagnes électorales, les businessmen l’utilisent comme un organe publicitaire. Plusieurs entreprises commerciales de Léogâne et quelques de la capitale profitent de cette occasion pour sponsoriser des bandes qui les donnent de grandes visibilités durant les parcours.

La presse léogânaise joue aussi un grand rôle dans la promotion du Rara. Les radios diffusent les bandes sonores des bandes à travers des émissions. Des Sambas, des fanatiques ou des membres des bandes sont très souvent des invités à ces émissions. Sur le parcours du défilé, on voit plusieurs radios qui construisent des stands pour saluer et jouer les meringues des bandes.

Que le Rara soit une avenue culturelle, politique ou commerciale pour le gouvernement et pour les entreprises; pour les Léogânais, c’est le moment des défoulements. Les caves deviennent des lieux de socialisation où les Léogânais, quel que soit leur statut intellectuel ou leur niveau économique, se déchirent amiablement en disant que leur bande est la plus douce, la plus riche et la plus belle.

Pour que personne ne clame ignorance, le Rara est une foire de réjouissances, de ribambelles, de couleurs, de sambas, de lumières et de bamboches que les Champs Elysées, Moulin Rouge, Hollywood et Broadway, tous combinés n’ont pas pu, ne peuvent et ne pourront jamais offrir.

Bobb RJJF Rousseau, PhD
Public Policy and Administration
www.duhaiti.centerwww.bobbrousseau.info

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