Haïti-Choléra: Seteinfus dénonce l’ONU dans son dernier ouvrage

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ROSNY LADOUCEUR: 24 DECEMBER 2018P

Ricardo Seteinfus, ancien responsable de l’OEA en Haiti de 2009 à 2011 et auteur de l’ouvrage “Les Nations-Unies et le choréra en Haiti: coupables mais non responsables?”

« Par mégarde ou omission, les Nations-Unies ont amené en 2010 des Népalais porteurs du vibrion cholérique. Le hic n’est pas surtout le fait que l’ONU l’a introduit, mais surtout le fait par la mission de cacher que ces soldats sont à l’origine de la propagation de la maladie ». Ricardo Seteinfus est revenu expressément du Brésil pour le lancement de son ouvrage, coup-de-poing, sur le choléra, introduit en Haïti par la mission onusienne en 2010, la même année où le terrible tremblement de terre a frappé Haïti, causant des milliers de morts et de victimes.

« Les Nations-Unies et le choléra en Haïti : coupables mais non responsables ? » traite de la question de l’introduction du choléra en dialoguant la médecine et le droit. 2010-2016 : la mission onusienne, « grosse machine bureaucratique et financière », a enfin reconnu, après six ans d’atermoiement, de négations et de politique de diversion, que les militaires Népalais sont à l’origine malencontreuse de la maladie qui a causé la mort de milliers de gens. Pire, poursuit-il, « les Nations-Unies vont camper sur une position intenable, prétextant qu’ils ne sont pas responsables ».

Parler de choléra en Haïti fut un sujet tabou pour la mission, avance Seteinfus. Du plus simple fonctionnaire au Représentant du Secrétaire général, encore moins le Représentant des Droits humains, aucun membre du système des Nations-Unies, système contrôlé par le bureau des affaires juridique, n’en parlait. Cette vérité occultée, ce durcissement de position d’innocence entraînera la mort de milliers de personnes, car si le vibrion était dès le début identifié à la Petite Rivière de l’Artibonite comme la source de la propagation de la maladie, les autorités auraient pu épargner toutes ces personnes mortes, soutient-il.  

À ce silence et cette irresponsabilité affichée par l’ONU, « dépositaire fidèle de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dont le premier principe garantit le droit à la vie », s’ajoutent la violation flagrante des principes légaux, des conventions internationales et même de la charte de l’ONU, a-t-il précisé sur les ondes de télé Métropole, intervenant à l’émission Le Point.

Ce livre n’est pas un cri isolé : Mario Joseph, Directeur du Bureau des Avocats Internationaux (BAI), a déjà fait de ce dossier son cheval de bataille au sein de l’ONU.  « Ce livre est écrit pour sauver les Nations-Unies de son naufrage moral ». Le Docteur en relations internationales dit avoir formulé, à la fin du livre, quelques propositions claires pouvant aider cette institution gardienne des Droits humains fondamentaux, à sortir de cette situation impossible à tenir longtemps pour ne pas perdre la face et sa qualité morale.

« Le lecteur sera envahi par un sentiment de révolte, né de l’attitude basse, méprisante, truffée de mensonges et de couardises des mentors de l’Organisation des Nations-Unies. Jamais l’ONU n’a traité un Etat membre, de plus un Etat fondateur, de [cette] manière aussi cavalière, dont font l’objet Haïti et son peuple », déclare le spécialiste en Relations Internationales. Le défi pour l’État haïtien est de prendre une position officielle claire et d’entamer une lutte pour réclamer justice, réparation collective et individuelle. L’autre combat doit être engagé par le peuple haïtien dans son ensemble qui, croit-il, doit exiger dédommagement pour les victimes et les familles des victimes.

L’ouvrage est dédié à la mémoire de René Préval, Guy Alexandre, Michard Gaillard et Carry Hector.

Ce sont quatre grands hommes qui ont participé dans ma formation en tant que chercheur sur les affaires haïtiennes. Chacun y a joué un rôle important, souffle Mr Seteinfus. « J’ai connu Michard pendant que je venais épisodiquement en Haïti entre 2004 et 2010, figure très respectée dans le combat démocratique et la défense des droits des haïtiens. Carry, c’est l’historien qui m’a pris par la main et m’a conduit dans les méandres de l’histoire haïtienne. Je le regrette beaucoup. C’est un grand ami ».

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