Démission d’Ocnam Clamé Daméus: les avocats ne décolèrent pas

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Après deux mois de grève des avocats du barreau de Port-au-Prince, le commissaire du gouvernement, Me Ocnam Clamé Daméus a finalement remis sa démission, et est remplacé par Me Paul Eronce Villard, un ancien substitut commissaire du gouvernement près du tribunal de première instance de Port-au-Prince.


La démission de Me Ocnam Clamé Daméus était réclamée depuis les actes de violence perpétrée à l’encontre du greffier en chef du parquet de Port-au-Prince, Wilbert Rhau, et Me Élie Dieps Augustin, membre du barreau de Port-au-Prince par l’ancien directeur départemental Ouest de la PNH, Berson Soljour. 

« J’ai décidé de me démettre de mes fonctions à la tête du parquet de Port-au-Prince et du Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire, car j’ai une trop haute estime pour la politique au service de la nation haïtienne pour accepter d’être utilisé comme un outil de manipulation et de perversion de la justice », a écrit Me Ocnam Clamé Daméus, dans sa lettre de démission adressée au président de la République Jovenel Moïse. 

Dans cette lettre, l’ancien commissaire du gouvernement a mentionné pour le président de la République, les différentes responsabilités qu’il a endossées étant à la tête de la machine judiciaire haïtienne et aussi les causes de sa démission : « De simple commis-parquet, assistant commis-parquet en chef, commis-parquet en chef, substitut commissaire du gouvernement à commissaire du gouvernement en chef et membre du conseil supérieur du pouvoir judiciaire à deux reprises, je demeure ainsi un fils légitime de cette justice et je l’affectionne trop pour me rendre complice de ceux qui veulent l’assassiner, et ce, de quelque sensibilité politique qui puisse être. Devant les multiples difficultés et pressions politiques de toutes sortes qui m’empêchent de mener à bien mon travail de défenseur de la société, je me trouve dans l’obligation de démissionner de ces fonctions ». Il poursuit en réitérant son engagement citoyen à lutter contre la corruption et pour le triomphe de la justice sociale en Haïti. 

Le nouveau commissaire du gouvernement près du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Paul Eronce Villard a passé trois ans au parquet de Port-au-Prince comme substitut commissaire de gouvernement. Il est aussi un haut cadre de la mission des Nations unies pour l’appui à la justice et professeur de philosophie du droit à la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE). 

Selon Me Élie Dieps Augustin, l’un des avocats victime de la brutalité de l’ancien directeur départemental Ouest de la PNH, Berson Soljour, la démission de Me Ocnam Daméus ne respecte pas la hiérarchie des normes parce que sa lettre de démission ne devait pas s’adresser au président de la République, mais au ministre de la Justice. D’après la victime, la démission du commissaire du gouvernement, pour répondre aux exigences des avocats grévistes, n’est pas l’action principale puisque le plus important, comme l’arrestation de Berson Soljour et les autres policiers impliqués qui ont agressé des policiers, reste à faire. 

« Nous n’allons pas reprendre le travail sans trouver satisfaction à nos différentes revendications à savoir l’arrestation de Berson Soljour ainsi que les trois autres policiers impliqués dans les actes de tortures. Et, ce n’est pas à nous de décider sur l’arrêt de cette grève, cela dépend de la décision de l’assemblée générale », a relaté fermement Me Augustin. Il parait que cette nomination de la part du Gouvernement Moïse/Céant est loin d’apaiser la colère des avocats grévistes qui persistent, à côté du départ de Me Ocnam Clamé Daméus au parquet de Port-au-Prince, à demander l’arrestation de Berson Soljour et consorts tout en dénonçant la passivité de l’Exécutif dans cette affaire. 

Il faut souligner qu’en juin 2012, Paul Eronce Villard avait intégré le parquet de Port-au-Prince suite à une formation initiale à l’École de la magistrature de Bordeaux (France). Avant d’intégrer l’École de la magistrature de Port-au-Prince pour poursuivre ses études de la magistrature. 

Jasmin Frandy

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