Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) a retracé, dans un rapport du 10 décembre 2018, les faits ayant occasionné la mort de plusieurs dizaines de personnes à La Saline. Selon les informations fournies par le CARDH, trente-huit personnes ont été tuées, quatre (4) femmes violées et plusieurs personnes portées disparues. Ainsi, le CARDH attire-t-il l’attention des autorités sur la nécessité d’apporter des aides humanitaires aux victimes afin de leur permettre de se relever de cette tragédie.
Après avoir dépêché plusieurs enquêteurs à La Saline pour s’informer des faits survenus dans ce quartier et ses environs, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) a publié, le 10 décembre, un rapport pour évaluer les dégâts ainsi que les besoins urgents après une telle tragédie. À travers ce rapport, le CARDH a attiré l’attention sur la nécessité d’établir la vérité et de punir les coupables, mais aussi une prise en charge sur le plan humanitaire puisque les conditions de la population se révèlent précaires.
Selon le CARDH, du 1er au 14 novembre 2018, sous le silence des autorités politiques, judiciaires et policières, le quartier La Saline et ses environs ont été le théâtre d’attaques sanglantes orchestrées par un groupe armé du quartier Nanchabon, dirigé par Serge Alexis dit Ti Junior, qui serait à la solde du délégué départemental de l’Ouest, M. Duplan.
Entre le 1er et le 14 novembre, le CARDH a relevé les réticences des autorités constituées malgré les différents appels d’urgences des habitants de la zone. Donc, ils ne sont pas intervenus pour secourir la population conformément à leur mission de protéger. « C’est n’est que le 16 novembre que la Police nationale a décidé de faire une première intervention en quadrillant la zone, sans vraiment y pénétrer », a précisé le centre.
Alerté par une source secondaire faisant état de près d’une quinzaine de morts et de plusieurs femmes violées, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) avait pris la décision d’informer directement les autorités concernées de la nécessité d’intervenir en urgence, ensuite de se rendre sur les lieux pour une évaluation, mais surtout pour constater les besoins humanitaires après un tel drame.
Au terme de cette mission, complétée par d’autres informations, le CARDH a recensé trente-huit (38) personnes tuées, quatre femmes violées et plusieurs portées disparues. 35 % des maisons de la zone ont été ravagées et brulées. Et, 20 % des maisons sont vandalisées dont les meubles (argents, bijoux et autres) sont emportés. Le rapport a indiqué que certaines personnes sont tuées par balle, puis carbonisées. D’autres sont tuées à coups de machette, puis transportées et jetées aux cochons. D’autres sont mises dans des sacs et emportées par des criminels.
D’après l’organisation, depuis lors, un climat de tension et de terreur règne à La Saline. « Des tirs d’armes automatiques de gros calibre ont été entendus à longueur de journée. Les autorités policières judiciaires et politiques sont restées indifférentes », a relaté le rapport.
Des besoins humanitaires urgents pour la population de La Saline
En plus de la nécessité d’établir la vérité et de punir les coupables, une prise en charge sur le plan humanitaire se révèle indispensable, vu les conditions de vie précaires de la population, a souligné l’organisation de défense des droits humains. Suivant le CARDH, les besoins identifiés peuvent globalement être regroupés en : sécurité, alimentation, soins de santé, vêtements, accompagnement psycho social, etc.
Entre autres, l’organisation a noté que les gens de cette zone ont besoin d’une activité pouvant faciliter leur redressement économique, puisque généralement dans ce type de quartiers presque chaque individu avait une petite activité économique. « Ils ne sont pas habitués à vivre dans la mendicité ou aux dépens de quelqu’un d’autre. Ils ont aussi besoin d’activités économiques afin de retrouver leur autonomie », insiste l’organisation.
Absence de l’État, des groupes de bandits contrôlent la Saline
À la base de ces événements, le centre attribue ce climat de terreur à la Saline à une lutte hégémonique entre groupes rivaux, une réalité qui ne date pas d’aujourd’hui et qui existe un peu partout dans plusieurs quartiers de Port-au- Prince. « Chaque zone à La Saline est contrôlée par un groupe, parfois hiérarchisé, ayant un « chef » à sa tête, à côté des leaders communautaires, des notables, etc. », a-t-il informé. Cependant, selon l’organisation, plusieurs facteurs permettent d’attribuer cet état de choses à une violation de droits humains, compte tenu de la passivité des autorités.
À en croire le rapport, l’État, dont la mission est de protéger le droit à la vie de la population, n’est pas intervenu alors que la population avait fait appel aux forces de l’ordre du pays qui a l’obligation de protéger la population. « L’État a l’impérieuse obligation de garantir le droit à la vie. « Toute personne a droit au respect de sa vie. Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine », rappelle le CARDH, conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme et à la constitution haïtienne.
En conclusion, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) demande aux autorités étatiques d’ouvrir une enquête sérieuse, pour rétablir la vérité et permettre à la justice de rétablir les victimes dans leurs droits, une intervention humanitaire pour subvenir aux besoins urgents de la population.
Woovins St Phard