7 décembre 2018 Rezo Nodwes
Vendredi 7 décembre 2018 ((rezonodwes.com))– Les préceptes des droits humains, à côté de l’instauration des pouvoirs et de l’Etat de droit, constituent l’épine dorsale d’un régime démocratique. Au regard de plusieurs instruments juridiques et accords internationaux, l’être humain a des droits ou libertés, bases d’une société démocratique, qui sont garanties par l’État. Ils peuvent être repartis schématiquement en 3 catégories : droits individuels (liberté d’opinion) droits collectifs (liberté de réunion ; liberté de la presse) et droits sociaux(protection de l’environnement).
En Haïti, nous assistons de manière récurrente à la violation des droits humains, surtout des droits sociaux, dans toutes les régions du pays sous une forme ou sur une autre. Il y a soixante-dix années, 50 Etats membres, ont adopté la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme pour donner naissance à un ensemble de droits inaliénables,indissociables, et que l’Etat via les différentes collectivités doit garantir au citoyen. Pourtant, l’Etat haïtien ne se montre pas encore à la hauteur de cette tâche 70 ans après.
« Quand il ne pleut pas en abondance pour conserver de l’eau,nous sommes obligés de boire celle de la rivière même si elle est sale !» Qui l’aurait cru ? En tout cas, ce n’est pas une illusion, Wally Présumé[1] nous a déclaré cela non loin de la source d’eau située à « Ka Etye[2] », dans la commune de Fonds-Verrettes.
Après une heure de parcours et de galère, entre 3 montagnes, sous un arbre, se trouve un ruissellement d’eau qui sert de source à la majorité de 50 000 habitants de la commune de Fonds-Verrettes, située dans le département de l’Ouest à quelques 110 km de la capitale de Port-au-Prince. Cette eau,pourvue de bactéries, aide la plupart des habitants à étancher leur soif, se résigne Christine Vincent[3].
Un espace qui ne pourrait même pas servir de breuvage aux animaux, sert un endroit de recours à des êtres humains quand l’eau de pluie qui est un luxe se fait rare. Ceux qui ne veulent pas grimper la galette pour se procurer de l’eau, construisent chez eux un réservoir afin d’en capter suite aux averses de pluie.
A ce qu’on sache de tout ce que peut causer une mauvaise qualité de l’eau, Jean Ebel Merisca, un cadre du personnel de la Mairie crache que la désaltération de l’eau de pluie ne représente pas le véritable problème. Parce que, toujours selon le Directeur, les habitants se procurent des tortures pour détruire des bactéries dans les réservoirs après le captage des eaux.
« A chaque fois qu’on absorbe un « cup » d’eau de pluies, on avale 2 000 bactéries » a lancé Rodrigue Manigat, un cadre de la zone. Les Fonds-verettiens ne sont pas les seuls habitants du pays qui sont victimes non seulement de la carence de l’eau mais aussi et surtout de l`eau infectée. Selon un rapport d’UNICEF, près de 3 millions d’Haïtiens puisent l’eau qu’ils boivent dans les rivières et dans des sources non protégées. Cette eau de qualité douteuse contribue à la prévalence des cas de diarrhée chez les enfants.
Un samaritain a dressé des batteries
Carie dentaire, diarrhée, défécation à la tête de l’eau, mortalité infantile, ce sont en fait les problèmes auxquels une grande partie de la commune de Fonds-Verrettes continue à faire face. Intrigué par ce problème crucial, Rodrigue Manigat, un originaire et notable de la zone, entend réduire le risque des maladies liées à l’insalubrité de l’eau dans sa commune.
Avec des instances internationales, il a initié dans un premier temps un programme Gift of Water (cadeau de l’eau) visant à accompagner la population dans l’élimination des bactéries dans les eaux. Pour adhérer à ce projet, chaque famille a du se procurer de deux filtre constituant de charbon et de coton. Mais cette méthode ne faisait pas bonne besogne, parce qu’elle coûtait les habitants les yeux de leurs têtes. Il a continué, dans un second temps, à Deep Springs international, (profonde source internationale). Cette dernière fut une sorte d’aquatable.
Ayant constaté les dégâts enregistrés à cause de la mauvaise compréhension et utilisation de cet aquatable, il pilote maintenant un projet mettant en évidence un aquatable liquide nommé « gadyen dlo [4]». « Pour traiter l’eau il faut verser une once dans un gallon, et attendre 30 minutes. ‘Un gadyen dlo’ peut traiter 36 Seaux» a confié M. Manigat.
Consciente du problème certes, la Mairie de Fonds-Verrettes n’a pas prêté main forte à cette réalisation. M. Merisca, a souligné toutefois que cette administration dont Madame Viola jean Gilles est la cheville ouvrière, a su distribuer des tablettes d’aquatables en moment de désastres en signe de protection contre le choléra, par exemple. « Il y a 4 types d’aquatables ! » précise M. Manigat. Et les séries données par les autorités ne font qu’aggraver les situations, a regretté le responsable de la Croix-Rouge de la zone.
Il cite : un premier de trois cent mille milligrammes (3 000)de chlore pour un drums, un deuxième de soixante-dix-sept milligrammes (77) de chlore pour 5 gallons. Un troisième de 53 milligrammes pour 2 gallons et un dernier 17 milligrammes pour 1 gallon.» Pour lui, il ne suffit pas seulement de donner les aquatables, mais aussi de former les gens sur le mode d`utilisation de ce produit.
A défaut d’utiliser un aquatable de 53 mg de chlore pour 1 gallon d’eau, les résidus risquent d’attaquer directement les organes, a-t-il rectifié. « La mauvaise qualité de l’eau de Fonds-Verrettes ne tue personne, sinon la commune n’aura personne !» à en s’enorgueillir le Directeur de la Mairie, Jean Ebel Merisca.
En 2015, la Banque Mondiale a présenté un rapport sur l’eau et l’assainissement, et que, à travers lequel il a souligné que 100 personnes sont affectées par jour de l’insalubrité de l’eau. Et la diarrhée étant la première des maladies causées par l’eau,cause plus de morts des enfants de 5 ans que le VIH/SIDA et la malaria. On dirait que cette commune ait exempté de cette statistique.
En tout cas, M. Rodrigue Manigat dit avoir déjà 1 500 familles inscrites à son programme et détenant chacune un système. Un bénéficiaire, Wally Présumé,confie ; « Les familles ont donné seulement 100 gourdes pour avoir accès à Un Gadyen Dlo, le chlorine, un robinet et un Seau ». Le tout constitue le système. quant au promoteur de cette initiative, M Manigat « Ou Pa bezwen konn li pou de bouche Gadyen dlo a [5]»a- t-il conclu.
Les tentatives des autorités n’ont pas avancé d’une semelle.
Garantir une bonne qualité de l’eau à la population, selon les responsables de ce cartel, est un projet. « Un projet reste et demeure un projet », rectifie le chef de la direction de l’administration municipale. Les autorités locales affirment qu’elles ont mené plusieurs études sur le site, et ont déduit que le problème est lié à la situation géographique de la ville de Fonds-Verrettes. Par rapport à Soliète, une section, et à Foret-des-Pins, Fonds-Verrettes est censé au centre, à quelques 1 500 m d’altitude par rapport à la mer. Elles ont dit que l’ancienne administration avait tenté à maintes fois de donner une réponse urgente à ce problème, en creusant des puits artésiens, mais les spécialistes ont fait savoir que l’eau qu’ils ont trouvée, n’est pas stable.
Elinice Louisil, un autre responsable reconnait qu’il a déjà frappé vainement plusieurs portes dans le cadre de ce fléau crucial. Selon l’acolyte de la Mairesse, l’équipe envisage une campagne de reboisement aux bassins versants afin de réduire les éventuels ravages et dégâts aux moments cycloniques. Cette politique tendra à protéger le reste de la ville qui est déjà détruite à 60%. Des techniciens de plusieurs entités étatiques et/ou non-gouvernementales ont déjà pris acte du problème de l’eau et de l’assainissement de la commune. Mais ils sont dépassés par les difficultés que représente ce problème ont-ils indiqué.
Par exemple, s’ils font venir l’eau de Soliète à la ville, ils auront besoin vraiment et inévitablement des appareils pouvant booster le débit de l’eau. Et si c’est pour celle de « Ka Etye », la galette présentera d’énormes aléas. A moins qu’on conduira l’eau via des PVC en fer. Et ce sera mieux pour la population. Tout simplement, parce qu’on n’aura pas à stimuler la fréquence de l’eau. Ils ont aussi cru que l’Etat doit doter les agents de DINEPA dans la zone de matériels adéquats dans l’idée de construire des citernes pour la population. Ce que Rodrigue Manigat remet en question. Pour lui, les citernes doivent être hermétiquement fermées.
Certaines zones en Haïti ont de l’eau en abondance pouvant servir toute la population. A Ganthier par exemple. Pourtant, les habitants ne savent quoi faire pour trouver de l’eau. Où ils se battent afin d’en trouver une goutte. Ils subissent d’une mauvaise distribution de l’eau émanée du caractère dédain des autorités.
Haïti a signé et ratifié les Objectifs de Développement Durables qui soulignent dans son sixième objectif que l’État doit pouvoir et « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau.
La Banque mondiale a publié en 2015 que seulement 38% des Haïtien sont accès à l’eau potable et 24 % des familles haïtiennes ont accès à l’assainissement.
On est en droit de se poser les questions suivantes : quelles sont les mesures prises par l’Etat Haïtien pour mettre en application les engagements pris ? La lutte pour le respect de droits de la personne humaine ou la protection de l’environnement s’arrête-t-elle à la ratification des conventions et traités ?
Junior Luc
Secrétaire General de la SOH DDH
509 36 39 04 53
[1] Nom d’emprunt d’un enseignant
[2] Cas Ethier, nom donne à la source d’eau.
[3] Nom d’emprunt d’une fillette
[4] Gardien de l’eau
[5] Tu n’as besoin de savoir lire et écrire pour s’en servir