Haïti en crise: Bodeau appelle les « protagonistes à … sauver ce qui peut encore l’être »

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18 novembre 2018 Rezo Nodwes

Appel à la Nation du président de la Chambre des Députés, Gary Bodeau

Dimanche 18 novembre 2018 ((rezonodwes.com))–

Au nom de la Patrie commune et de la démocratie j’appelle les protagonistes à un sursaut patriotique pour sauveur ce qui peut encore l’être

Il est évident pour tout un chacun que le pays, emballé par des crises de toutes natures, cheminent vers des issues imprécises qui ne sauraient être profitables à aucune des parties qui les génèrent ou les alimentent. Les institutions républicaines s’affaiblissent, paralysées dans la paresse de la routine et rongées par la gangrène de la corruption. Au marché public et grouillant de la Saline où des commerçants (tes) brassent toutes sortes d’affaires pour récolter de piètres moyens de subsistance, la vie s’est immobilisée durant plus d une semaine. La mitraille rageuse des bandits a dispersé brasseurs d’affaires,vendeurs et acheteurs et empilé des cadavres livrés à la pature des porcs et des chiens sous l’oeil effaré des caméras et le regard indifférent des instances publiques.

L’État se désagrège dans une abdication de ses responsabilités et de son autorité au profit de groupes armés qui imposent leur loi et remettent en question les symboles et emblèmes fondamentaux de la nation. L’insécurité bat son plein et défie les forces de Police qui manquent de moyens pour la contrer de façon efficacement et durable. Divers secteurs de la vie nationale expriment leur mécontentement dans des manifestations qui souvent dérapent vers le vandalisme, le pillage et le « déchoucage » indifférencié. Le peuple qui espérait sortir de la pauvreté par l’injection des emprunts productifs de l’accord Petrocaribe cherche courageusement ces sommes dilapidées, détournées et empochées. La jeunesse désœuvrée cherche un exutoire à son exclusion de la gestion de la République. Tandis que les forces vives de la nation fuient le territoire nationale à la recherche de cieux plus cléments. Le pays se meurt lentement, inexorablement.

Sur cette crise politique patente et manifeste se greffe et se nourrit une crise économique et financière qui se conjugue au temps présent dans une effervescente Petrocaribe qui embrase les rues de la capitales et des villes de province. Elle se lit trop ostensiblement dans un approfondissement de la pauvreté des couches populaires et des classes moyennes,dans une dépréciation galopante de la monnaie nationale qui réduit presque à néant le pouvoir d’achat des salariés,sans parler de la masse des chômeurs qui s’élargit chaque jour davantage et qui glisse vers l’indigence et s’installe une misère infra-humaine.
Le tableau est dramatique. Il interpelle tout citoyen responsable à qui la nature et les hasards de l’existence ont accordé le privilège d’être mieux loti et de diriger les destinées de ce peuple glorieux qui est en train de sombrer dans le gouffre du désespoir.

En ma qualité de député du peuple et de président de la Chambre des Députés, j’encourage vivement le Gouvernement et particulièrement les autorités monétaires à prendre, hors du patching périodique sans effet durable, des mesures courageuses et immédiates en vue de stopper la détérioration accélérée de la conjoncture économique et financière. Il est évident que les politiques récentes relatives au coefficient de réserves obligatoires, aux bons BRH, à la “dédollarisation”, de même que les différentes interventions sur le marché des changes tardent à stabiliser les prix. Dans ce contexte politique fragile traversé de toutes les incertitudes, il est urgent de freiner la dépréciation de la gourde, d’atténuer les pressions inflationnistes qu’elle engendre, de combattre la “vie chère” qui plonge les plus vulnérables dans les affres de la pauvreté et de la misère.

A ce moment crucial de la vie nationale, le pouvoir ne doit rien négliger pour restituer aux citoyens la loyauté patriotique envers nos institutions et aux opérateurs économiques et consommateurs la confiance dans la monnaie nationale.

À mon poste de Président de la Chambre des députés, je reste disponible pour engager les discussions utiles au vote d’un budget 2018-2019 capable de mieux adresser les urgences du moment, mais aussi supporter toutes dispositions de fonds en matière de politique fiscale et de support à la production nationale. Je suis conscient de la nécessité impérative d’agir sur les fondamentaux susceptibles de soutenir la croissance économique et de promouvoir une répartition plus équitable du revenu national.

Nous devons tout faire, ensemble et dans le plus honnête loyalisme envers la Patrie commune et immortelle, pour éviter que cette double crise politique et économique, se catalysant l’une l’autre, ne conduise notre pays vers des bouleversements aux conséquences incalculables. Et c’est là, le sens de mon appel à ce dialogue pour prévenir et corriger ce qui heureusement peut encore l’être.

Gary Bodeau
Président de la Chambre
Des Députés

18 Novembre 2018
Delmas