Environ 3 ans après le «Combat de Vertières», Haïti adopte 2 Constitutions et 2 Drapeaux hissés au mât

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17 novembre 2018 Rezo Nòdwès

Nous nous tablons sur la Constitution Impériale de 1805 et la Constitution de 1806, post-assassinat de Dessalines, deux chartes fondamentales visant des ruptures différentes séparées. Mais, au juste à quelle fin, au premier constat de notre réalité présente et de notre dégradation socio-politique et économique. La première, cherchait à consolider le divorce avec le système esclavagiste, la seconde, avait pour but de donner au pays une nouvelle orientation sans l’ombre planée de Dessalines, jusqu’à avoir des incidences sur le drapeau impérial, la première forme officielle de gouvernement établie au pays.

Mercredi 14 novembre 2018 ((rezonodwes.com))–Si Toussaint Louverture avait fait passer au gouvernement français, la première Constitution haïtienne de 1801, pour obtenir sa sanction ; par contre, Jean-Jacques Dessalines, au lendemain de notre Indépendance, soit deux ans après Vertières, donna à Haïti, probablement, la seule Constitution qui n’a jamais été soumise à l’approbation d’une puissance étrangère.

Tout d’abord, il convient de signaler que la Constitution de 1816 qui a été, de toutes les constitutions haïtiennes, celle qui a réglé pendant le plus long laps de temps les destinées du pays, à côté de la Constitution de 1987 avec toutes ces imperfections, n’a en aucun cas parlé de Vertières, comme jour férié.

La Constitution Impériale du 20 mai 1805, an II de l’Indépendance d’Haïti, ce pacte fondamental qui n’a pas survécu à celui qui avait si légitimement mérité d’y être désigné par ce titre à jamais glorieux : Libérateur de ses concitoyens, a établi en son article 20 sur les « Dispositions Générales » que « Les couleurs nationales sont noires et rouges« .

Certains articles de cette Constitution au bas de laquelle, Dessalines fut le premier à apposer sa signature tout en » jurant de la maintenir et de la faire observer dans son intégrité » ont, après « le dernier soupir de sa vie« , emmené ses compagnons d’hier, sous l’emprise d’ambition démesurée, à la diaboliser jusqu’à remettre en question les couleurs nationales, alors que l’hymne était encore inexistant.

Sur le sommet de la Citadelle et au mât du Palais Sans-Souci à Milot, il ne flotta que le bicolore Rouge et Noir jusqu’au 8 octobre 1820 tandis que Port-au-Prince adopta (inconstitutionnellement) le Bleu et Rouge depuis la fin de la « Bataille de Sibert« .

La Constitution de décembre 1806 qui a mis, à sa promulgation Christophe et Pétion, dos-à-dos, après leur forfait, a fait la nuit pendant trop longtemps autour du nom glorieux de celui qui brisa définitivement les chaînes de l’esclavage dans lequel la race noire croupissait auparavant. La Constitution de 1806 se trouvait viciée dans son origine, étant l’œuvre d’une assemblée politique illégalement constituée.

La Constituante de 1806 où aucun article ou texte de loi relata le changement du bicolore par le président Alexandre Pétion en 1807, se montra au-dessous de sa tâche, ont rapporté des historiens, notamment le Dr. Louis-Joseph Janvier, dans son ouvrage « Les constitutions d’Haïti de 1801 à 1885».

Cette Constitution à laquelle se réfèrent des haitiens pour parler des actes posés par le gouvernement de Pétion, était «indigne de remplir la noble mission qui lui avait été confiée: celle de créer une nation forte par son homogénéité et ses lois. Elle se sépara sans gloire léguant au pays une Constitution que personne ne devait respecter, une guerre civile qui dura quatorze ans», un malaise politique qui s’installe encore aujourd’hui, ce 18 novembre 2018, soit exactement 215 ans depuis la victoire de nos ancêtres à Vertières.

Parlant d’une révision constitutionnelle, le seul article dont tenait à cœur le président Pétion, c’est l’article 182. Effectivement, neuf ans plus tard, il s’est fait acclamer «le 3ème président à vie d’Haïti». L’article 182 stipule: «Art. 182. —Lorsque, dans un espace de neuf ans, à; trois époques éloignées l’une de l’autre de trois années au moins, le Sénat aura demandé la révision de quelques articles de la Constitution, une Assemblée de révision sera alors convoquée».

Constitution de 1816 traitant des fêtes nationales

«Art. 34. — Les fêtes nationales, instituées par les lois de la République, seront conservées; savoir: celle de l’indépendance d’Haïti, le 1er janvier de chaque année, celle de l’Agriculture le 1er mai, celle de la naissance d’ ALEXANDRE PÉTION, président d’Haïti, sera solennisée le 2 d’avril, en reconnaissance de ses hautes vertus.»

Il n’est nullement fait mention de la Bataille de Vertières que d’aucuns prétendent aujourd’hui aller vivre «une journée extraordinaire d’une importance capitale». Pourrions-nous être plus royalistes que le roi?

A noter qu’aucun des articles des Constitutions de 1806 et de 1816, n’a relaté des nouvelles couleurs nationales et de leurs dispositions légales alors que Pétion, de son propre chef, adopta le 19 mars 1807 le drapeau bleu et rouge, horizontal. Jean-Pierre Boyer qui lui succéda en mars 1818, conserva le même drapeau. Ainsi, le Bleu et Rouge, ce bicolore, qui a connu plusieurs affronts dont l‘affaire du capitaine Batsch en 1872 et l’affaire Luders en 1897, flotta sur tous nos édifices publics jusqu’en 1964, sauf durant les années de l’Occupation de 1915 à 1934.

Toutefois, il convient de noter qu’après les regrettables événements de Pont Rouge, le 17 octobre 1806, Haïti alla être scindé durant 14 ans, en deux Etats. D’une part, le Royaume du Nord et d’autre part, la République d’Haïti, gouvernés respectivement par Alexandre Pétion et Henri Christophe. C’est ainsi que Pétion redessina le drapeau en 1807, reprenant le bleu et le rouge de janvier 1804 en y ajoutant «L’Union fait la force» et un carré d’étoffe blanche au milieu duquel furent placées les armoiries de la République. Un changement que ni la Constitution de 1806 ni celle de 1816 ainsi que celle de 1843 n’en a fait mention.

les différents drapeaux adoptés: 1-Arcahaie mai 1803 (Liberté ou la Mort) 2- Constitution Impériale (art. 20) Bicolore Noir et Rouge approuvé par tous les Généraux de la guerre de l’indépendance 3- le bicolore Bleu et Rouge établi en 1807 après la scission du pays, un geste de Pétion appuyé par Boyer et rejeté par Christophe alors que l’emplacement exact de l’assassinat de Dessalines était connu avec des taches de sang frais encore visibles à tout passant au Pont Rouge.
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cba