Novembre 16, 2018
Photo: Loop Haiti
Le chef de la poursuite pénale aux Gonaïves, Me Serard Gasius, a confirmé que sept mandats d’amener ont été émis contre les présumés auteurs de l’agression physique qui a eu lieu dans l’enceinte de la cathédrale, le 4 novembre dernier. Ces suspects qui seraient en cavale – depuis leur forfait – sont activement recherchés, selon le magistrat. Les victimes et leurs proches restent mobilisés pour que le dossier soit traité avec soin.
Parmi les concernés, le commissaire a cité les noms de Gracia Mergélus, Ady Gaston, « Anvi » et « Ti Youri » ainsi connus. Les victimes avaient indexé une huitième personne, Blaise Jean-Pierre, responsable communal du bureau du Sénateur Youri Latortue. Après une enquête, Me Gasius dit annuler l’exécution du mandat d’arrêt émis contre ce dernier. Une décision critiquée par M. Jacques Woubins Bordenave qui a été sauvagement battu par les proches du parti Ayiti an aksyon (AAA).
Le parquetier a réitéré son engagement de traiter ce dossier dans la plus grande transparence. Il rassure que la technique primera sur la politique. « Les victimes doivent obtenir justice », a renchéri le magistrat. Une semaine après l’émission des mandats, aucun suspect n’est appréhendé. Les autorités policières auraient soulevé le problème d’adresse des contrevenants. « La police nous demande de surveiller les agresseurs pour les en informer », a confié Me Caristhène Fleurmond, secrétaire général de la Platfòm pou sove Latibonit (Plasola).
En début de semaine, la Plasola avait organisé un sit-in devant le palais de justice pour contrecarrer toute « influence politique » dans cette affaire. « Le sénateur contrôle une bonne partie du système. Nous ne voulons pas qu’il influence le travail des juges », s’est inquiété M. Fleurmond. De son côté, le parlementaire appelle à la vigilance. Il demande aux autorités judiciaires d’agir avec beaucoup de professionnalisme. « La justice ne doit pas seulement cibler mes sympathisants. Elle doit aussi tenir compte des différentes notes émanant de la Plasola », a soutenu le sénateur.
L’incident du 4 novembre a brusquement éveillé la conscience citoyenne. Tout le monde en parle. Avec crispation, le président de la société civile des Gonaïves, M. Jean Henriquez Auguste dit constater que la ville va à la débandade. Avant qu’il ne soit trop tard, il appelle les citoyens à s’unir pour freiner les « désordres ». « Nous ne pouvons plus accepter les spectacles sociopolitiques dégradants qui ternissent l’image de notre ville », s’est révolté l’activiste. En vue de dénoncer les « dérives » qui risquent de transformer la communauté en « zone rouge », le jeudi 15 novembre 2018, la société civile avait organisé une marche pacifique.
Récemment, dans une note, l’Evêque des Gonaïves, Mgr Yves-Marie Péan avait condamné vigoureusement cet « incident grave et préoccupant ». Il rappelle aux concernés que l’enceinte de l’église ne doit jamais être utilisée pour régler ses « comptes politiques ». Le religieux conseille aux fautifs de prendre conscience de leur acte et de ne plus jamais récidiver.
JC