4 novembre 2018 Rezo Nodwes
Lettre ouverte au Directeur Général de la PNH
Dimanche 4 novembre 2018 ((rezonodwes.com))–
Monsieur Michel-Ange Gédéon
En ses bureaux
Monsieur le Directeur,
Le 3 novembre dernier, nous avons pris connaissance, par voie de presse, d’un ensemble d’opérations répressives conjointement menées par des unités spécialisées de la PNH et des soldats jordaniens visant à rechercher un présume chef de gang.
Aucun citoyen conscient de l’impact de l’insécurité sur l’essor socio-économique de son pays et des grands défis auxquels se heurtent les autorités conséquentes ne sauraient réprouver des actions visant vraisemblablement à juguler ce fléau et ses corollaires.
Cependant, à moins je que m’abuse, les vidéos et les clichés déferlant sur les réseaux sociaux sembleraient faire état des interpellations massives sans distinction aucune, des contrôles identitaires abusifs, des différentes formes de violences ainsi que des incitations à la migration d’une population marginalisée et vermoulue qui connait toutes les affres de la mauvaise gouvernance ou de la déchéance sociale depuis des lustres.
De tels comportements basés sur des éléments de discrimination sociale portant atteinte à la dignité et à l’intégrité des mineurs, des femmes enceintes, des personnes du troisième âge ou des innocents victimes de l’indifférence des autorités constituent éloquemment une sorte de profilage sociale, et ne sauraient être acceptés même pour des raisons de sauvegarde de la paix et la sécurité publique.
Par ailleurs, la police nationale ne peut pas avoir deux poids et deux mesures. Car jusqu’à présent personne ne sait exactement les actions menées pour ramener par devant son juge naturel, le fugitif Yves Léonard, présumé bailleur du président de la République et ami intime du premier ministre pour les voies de fait et la tentative de meurtre à l’encontre de la mairesse de Tabarre, Nice Simon.
Au moment où la population haïtienne, toutes tendances confondues, tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora exigent que tous les grands commis ayant commis des crimes économiques et financiers contre l’Etat haïtien dans le cadre de l’accord Pétro-caribe soient arrêtés, jugés et punis conformément à la loi, ces pratiques répressives, arbitraires et illégales sanctionnées par les droits humains peuvent bien être assimilées à une sorte de dissuasion.
La police ne peut pas avoir comme devise « Protéger et servir » et se permettre de causer autant de dommages moraux, psychologiques et physiques à des franges vulnérables d’une population exploitée, abusée cueillant à pleines mains toutes les ronces de la précarité sociale et économique de notre Haïti.
Monsieur le directeur, j’entends par cette lettre ouverte vous pousser à un exercice introspectif et consciencieux à moins que la PNH s’échappe de votre administration. Une telle situation vous obligerait toutefois d’avouer la vérité à la nation. Aussi longtemps, que vous ne faites pas une telle révélation, nous vous considérons péremptoirement comme directeur général de la PNH.
Pour finir, tout en vous demandant de surseoir à ces pratiques répressives démesurées et injustifiables, nous exhortons la libération ipso-facto de toutes les personnes interpellées injustement. Tout acte arbitraire, illégal et démesuré est contre-productif à la sauvegarde de la paix, de la sécurité et par conséquent à l’essor économique de la nation.
Il est temps que l’institution policière soit élevée à la hauteur des exigences de l’heure. C’est ici, le moment de poser le problème de la prolifération des gangs armés, de la détention illégale des armes à feu, la corruption, les crimes trans-nationaux, l’impunité et l’insécurité à un niveau plus élevé dans les grands débats au niveau du ministère de la justice et de la sécurité publique (MJSP) en vue de juguler cette problématique de manière appropriée.
Patriotiquement !
2018-11-04
Wilton Vixamar
vwilton2002@yahoo.fr
Wilton Vixamar