Un 17 octobre pas comme les autres

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Publié le 2018-10-15 | Le Nouvelliste

Editorial –

Chaque Haïtien a coutume de planifier son congé du 17 octobre comme bon lui semble. Pour certains, c’est une routine annuelle : virée en province, bain de mer, repos en famille ou sortie festive.

Rien de tout cela ne sera cette année. Le 17 octobre ne nous appartient pas.

Les organisateurs de spectacles changent la date des prestations annoncées. Les sorties vers la province sont reportées. Même la farniente à la maison n’aura plus le même goût.

Ce 17 octobre 2018 a un autre rendez-vous.

D’ailleurs, depuis le 15 octobre le ton est donné. Certaines écoles ont changé d’horaire pour renvoyer plus tôt leurs élèves. Des ambassades annoncent qu’elles écourteront leur journée de travail. Des banques fermeront leurs guichets plus tôt que l’horaire habituel.

Depuis samedi, les supermarkets, les marchés, les stations d’essence ne désemplissent pas. Ceux qui ont les moyens font le plein de pain, d’eau, d’essence et autres produits de première nécessité.

Tout le monde s’est donné le mot : 17 oktòb p ap senp.

Même le président de la République a cru bon de faire ce qu’il ne fait pas habituellement. Depuis vendredi, tout seul, sans le directeur général de la Police nationale d’Haïti, sans le ministre de la Justice, sans le secrétaire d’État à la Sécurité publique, vraiment tout seul, le chef de l’État fait la tournée des commissariats de la région métropolitaine pour prêcher sa bonne Parole.

Pour certains observateurs, Jovenel Moïse cherche des alliés. Pour d’autres, il endosse un costume de commandant en chef avant le 17 octobre.

Après la fin de semaine du président, c’est le directeur général de la police nationale qui est monté au créneau ce lundi. Michel-Ange Gédéon a rencontré la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en Haïti et chef de la Minujusth, Hélène La Lime et le nouveau commissaire de police Serge Thériault. Le DG a été aussi reçu par le président du Conseil supérieur de la Police nationale, le premier ministre Jean-Henry Céant. Puis, accompagné de tout l’état-major de la PNH, il a délivré en soirée un message à la nation.

Pointés du doigt lors des émeutes de juillet, la PNH et son chef veulent se montrer responsables.

Toutes les autorités ont donc pris la mesure du 17 octobre et des manifestations annoncées alors que les plus excités parlent d’un jour de dechoukaj.

D’un extrême à l’autre, certains croient que rien ne se passera ce jour-là. D’autres disent que plus rien ne sera comme avant après le 17 octobre.

Autant on s’approche de la date, autant plus personne ne parle plus du sujet de préoccupation qui avait lancé la mobilisation : “Kote kòb PetroCaribe a ?”. Toutes les options sont sur la table. Chaque joueur va tenter de remporter la partie.

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