Brésil: Les enjeux des présidentielles de dimanche

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6 octobre 2018 Rezo Nòdwès

Pour un pays de plus de 200 millions d’habitants, seulement 5 candidats en lice à la présidence, tout le contraire en Haïti, qui, avec moins de 2 millions de votants, voit le trésor public subir le poids financier d’une cinquantaine d’aspirants à ce poste, représentants de « particules et de regroupements politiques ». Dimanche 7 octobre 2018, plus de cent millions de Brésiliens iront aux urnes pour trouver un successeur au président Michel Temer, qui achève le mandat de Dilma Rousseff, réélue en 2014 et démise de ses fonctions par le Sénat le 31 août 2016. Toutefois, les présidentielles brésiliennes ne verraient pas dimanche un vainqueur pas avant la tenue d’un second tour du scrutin prévu pour le 28 octobre pour arriver à départager les deux candidats, les mieux placés

Samedi 6 octobre 2018 ((rezonodwes.com))–Ces élections revêtent d’une importance particulière pour de nombreuses raisons: le candidat le plus populaire, l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, a été disqualifié pour avoir été condamné en deuxième instance à 12 ans et un mois d’emprisonnement, une peine qu’il purge actuellement à Curitiba, une ville du sud Brésil.

Pour cette raison, Lula n’a pas pu présenter sa candidature et le Parti des travailleurs, à son tour, est obligé de soumettre à sa place, Fernando Haddad qui était supposé être le vice-président de Lula, au lendemain des élections du 7 octobre 2018. Mais ce dauphin dont une figure charismatique fait défaut, a du mal à enfiler le costume de Lula.

Le candidat de droite Jair Bolsonaro, un autre des favoris, a été attaqué le 6 septembre et depuis lors, il ne pouvait plus retourner en campagne.

Les votes des candidats de centre-gauche et de centre-droit seront décisifs lors du second tour qui se tiendra probablement le 28 octobre 2018.

Le contexte

Ces élections viseront à résoudre une profonde crise politique déclenchée par le scandale de corruption autour de Petrobras, connu sous le nom de Lava Jato, auquel participent de hauts responsables et des hommes politiques ainsi que les principales entreprises de construction brésiliennes, accusés de verser des pots-de-vin en échange de contrats. Et tout ceci a provoqué un scandale ayant conduit à la démission de Dilma Rousseff et à l’incarcération de Lula.

Les défis pour le nouveau (futur) président du Brésil, la 8ème économie mondiale, seront de remettre le pays sur le chemin de la croissance et un autre enjeu encore plus difficile: retrouver la confiance d’un pays qui ne croit plus en ses hommes politiques traditionnels, à l’instar des citoyens haitiens qualifiant de dilapidateurs et de nationalistes déphasés, leurs gouvernants indistinctement.

Qui sont les votants

Dans ce pays de l’Amazone aux confins étendues, où le vote est obligatoire pour les personnes alphabétisées âgées entre 18 et 70 ans, il y a 147 306 275 citoyens en age de voter. Les femmes représentent 52,5% de l’électorat, mais seulement 31,7% prennent le chemin des urnes.

Le Tribunal électoral supérieur a approuvé 27 149 candidats, soit 93,29%, sur 29 101 candidats inscrits.

Contrairement en Haïti où lors des législatives de 2015, le CEP-Opont/Mengual avait approuvé la candidature d’un prisonnier en lice jusqu’à devenir aujourd’hui un « parlementaire », au Brésil, parmi les 1 952 candidats inhabilités, il y a 171 dont le «casier judiciaire n’est pas vierge». Cette loi est entrée en application sous le gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2011), interdisant aux personnes dûment condamnées par un tribunal de concourir à une fonction élective.

Qui vont-ils élire

Les électeurs brésiliens se rendront aux urnes dimanche, 7 octobre 2018, pour élire le président – et son vice-président respectif -, les gouverneurs (27) – et les vice-gouverneurs correspondants -, les députés (étatiques [1059] et fédéraux [513]) et les sénateurs (54).

Le mandat durera quatre ans, à l’exception des sénateurs, qui resteront en poste deux fois plus longtemps.

Et en dépit des millions de votes à départager, sans la nécessité d’un Centre de Tabulation où se joue en Haïti le sort final de tout candidat, les brésiliens n’attendront pas le lever du jour du lundi pour connaître les noms des nouveaux élus, en particulier celui-là ayant ravi la vedette à Lula et sa chance de retourner une troisième fois au « Palácio da Alvorada » à Brasilia.

Les derniers sondages

Selon un sondage conduit par IBOPE, paru le 3 octobre et sollicité par la chaîne de télévision Globo et le journal Estado de Sao Paulo, le candidat Bolsonaro marquerait une différence de 10 points par rapport à Haddad au premier tour, avec 38% d’intention de vote. valide, le plus élevé enregistré par ce sondeur. Derrière, se trouvent Ciro Gomes avec 12%, Geraldo Alckmin avec 8% et Marina Silva avec 4%.