01 octobre 2018
L’ancien candidat à la présidence, Harry Bretous.
Se situant dans le sillage de Lesly François Manigat, Harry Bretous se présente comme un homme politique moderne. Le candidat malheureux aux dernières présidentielles dont la vision politique se fonde principalement sur l’éducation et la bonne gouvernance croit que le président Jovenel Moïse est en train de passer à côté de son mandat dans la mesure où il ne réussit toujours pas à amorcer les réformes annoncées.
Lors de sa participation à l’émission Point par Point sur Télé Pacific, le leader de Ayiti Kanpe a estimé que la configuration du gouvernement de Jean Henri Céant contraste fortement avec les promesses du Jovenel Moïse. Selon lui, la lutte contre la corruption et la gestion rigoureuse des ressources de l’État ne peuvent se concrétiser uniquement avec des slogans. M. Bretous soutient que peu de signes convaincants ont jusqu’ici été constatés en matière de réforme de l’appareil de l’état depuis l’arrivée du 58e président d’Haïti.
« Si vous jetez un coup d’oeil dans le budget, vous verrez que les dignitaires, au lieu de penser à soulager les souffrances des plus pauvres, n’ont fait d’augmenter leurs propres privilèges », argumente-t-il. Les cris du peuple lancés à l’occasion des protestations provoquées par l’annonce de l’augmentation des prix du carburant en juillet dernier ont tout simplement été banalisés, déplore l’homme politique qui met en garde contre un nouvel épisode qui pourrait être plus violent.
Le long retard dans la mise en place du nouveau gouvernement et son effectif abondant sont des facteurs qui alimentent les doutes d’Harry Bretous sur les vraies priorités des dirigeants actuels. Le leader politique dénonce les circonstances dans lesquelles trois ministres délégués ont été nommés après la ratification du premier ministre. Pour lui, un gouvernement à 21 ministres ne correspond pas aux promesses selon lesquelles les autorités allaient consentir de gros investissement dans la protection sociale après les émeutes des 6, 7 et 8 juillet.
Pour ce qui est de la lutte contre la corruption, Harry Bretous invite le chef de l’état à passer de la parole aux actes, rappelant que Jovenel Moise ne cesse d’affirmer son engagement en faveur de cette cause. Le mouvement lancé par des internautes en faveur de la reddition de comptes autour des 3.8 milliards de dollars dépensés dans le cadre du programme Petrocaribe apparait, a son avis, comme un réveil citoyen. Le président de Ayiti Kanpe encourage les citoyens à poursuivre leur mobilisation en faveur d’un procès équitable autour de cette affaire et appelle autorités concernées à donner suite aux revendications exprimées.
Harry Bretous ne cache pas ses inquiétudes au sujet de l’avenir d’Haïti. Mais en dépit de son pessimisme, il appelle les autorités en place à se montrer à la hauteur de leurs tâches en privilégiant les intérêts supérieurs de la nation. Le règne des mensonges et des vaines promesses doit arriver à sa fin, martèle-t-il. Quoiqu’il n’écarte pas la possibilité de collaborer avec le président Jovenel Moïse au cas ce dernier où le solliciterait, il affirme que rejoindre l’équipe au pouvoir serait, pour lui, une décision assez controversée.
Kendi Zidor