01 octobre 2018
Cérémonie d’ouverture de l’année judiciaire à Cap-Haïtien.
Le premier lundi du mois d’octobre marque la reprise des travaux judiciaires dans tous les tribunaux sur toute l’étendue du territoire national. À Cap-Haïtien, la réouverture des travaux a été marquée par une cérémonie spéciale à la cour d’appel du Cap-Haïtien. Une cérémonie au cours de laquelle ont pris part de nombreux avocats, juges et personnalités de l’appareil judiciaire.
Dans son intervention, le président de la Cour d’appel du Cap-Haïtien, Me Joseph Cazo Fils-Aimé, a peint un tableau sombre du fonctionnement de l’appareil judiciaire en général, particulièrement au niveau de la juridiction du Cap-Haïtien, caractérisé par la grève répétée des greffiers et les huissiers audienciers, sans oublier d’autres protestations. Ce qui, selon l’avocat, peut hypothéquer l’avenir du service au niveau de la deuxième ville du pays.
Me Fils-Aimé a par ailleurs invité ses collègues au sein du système judiciaire à rester fidèles au rendez-vous. Le rendez-vous pour un magistrat de l’ordre judiciaire, dit-il, est le carrefour de la distribution d’une justice saine et impartiale, tout en restant convaincus que la justice est un sacerdoce.
Parallèlement, le président de la Cour d’appel du Cap-Haïtien a salué le sens du devoir bien accompli des officiers ministériels et le ministère public qui ont permis à la Cour de traiter plusieurs dossiers en temps ordinaires, dont 19 affaires sommaires et urgentes, 11 affaires civiles et 9 affaires pénales.
Intervenant également, lors de la cérémonie, le commissaire du gouvernement près de la Cour d’appel du Cap-Haïtien, Me Phel Casimir, a exhorté les magistrats et avocats à faire de leur mieux afin de faire régner le droit et la justice dans les 3 tribunaux de première instance que couvre la Cour d’appel du Cap-Haïtien.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau du Cap-Haïtien, Me Davilmar Debréus, a de son côté, déploré le fait que la justice est toujours traitée en parent pauvre dans le budget de la République. Cependant, tous les yeux sont rivés sur la justice pour traiter les grands dossiers à l’instar du fameux dossier Petrocaribe par exemple. Alors que cet argent n’a pas été utilisé même pour construire un tribunal, critique le bâtonnier.
L’homme de loi a, du même coup, invité les autorités du pays à tenir compte du remonté de l’insécurité, la dégringolade de la gourde par rapport au dollar, l’aggravation de l’insécurité sociale, la faiblesse des institutions qui sont des signaux d’une mauvaise année judiciaire.
Pour le bâtonnier, la justice haïtienne est l’institution la plus fiable de toutes les institutions haïtiennes, ni des trois pouvoirs, en raison du fait qu’elle est envahie d’imposteurs. Mais en dépit de sa situation, elle reste une institution extrêmement importante, reconnait-il.
Hervé Délima