30 septembre 2018 Rezo Nodwes
La loi de finances 2017-2018, vantée par le président Jovenel Moïse et la majorité présidentielle au parlement, n’a pas conduit au bien-être de la population. Bien au contraire, ce budget, rectifié récemment et qui restera en vigueur pour l’exercice 2018-2019, a conduit le pays vers une situation qui, selon le nouveau ministre des finances, « n’est guère reluisante »
Dimanche 30 septembre 2018 ((rezonodwes.com))– Dans son discours d’installation, le nouveau ministre des finances, Ronald Décembre, a dressé un tableau sombre de l’économie haïtienne, mettant l’accent entre autres sur la dégringolade de la gourde, la mauvaise performance des institutions de perception, l’inflation galopante et le bas niveau du PIB.
En effet, selon le ministre Décembre, la « santé de l’économie haïtienne n’est guère reluisante ». Presque tous les principaux indicateurs macroéconomiques du pays affichent des signaux très alarmants.
• Selon les dernières prévisions de la Direction des Études Économiques et des Prévisions du MEF, le PIB à prix constant n’augmentera que de 1.7% à la fin de l’exercice en cours par rapport au niveau atteint durant l’exercice fiscal 2016-2017.
• Les recettes fiscales n’atteindront pas au 30 septembre 2018 le niveau de 25% prévu dans le budget initial. Les meilleures estimations prévoient de préférence un niveau de 17%.
• Le taux de change a franchi la barre des 70 gourdes pour un dollar. A ce sujet il importe de rappeler que le faible niveau des investissements directs étrangers et des décaissements externes diminue en général la capacité des autorités monétaires à intervenir sur le marché des changes.
• L’inflation a atteint 15,9% en glissement annuel entre septembre 2017 et septembre 2018.
• L’augmentation du déséquilibre budgétaire pourrait totaliser 20,3 milliards de gourdes en septembre 2018, soit environ 3,2% du PIB, hors mis le remboursement des obligations du Trésor, les dépenses post Sandy et les chèques en circulation. Ce sont tous des engagements à honorer dans les jours qui viennent.
• Le taux de pression fiscale sera de 14 % à la fin de l’exercice 2017-2018 alors qu’il a déjà franchi la barre de 20% chez nos voisins les plus proches.
Ronald Décembre a estimé que cette conjonction d’éléments défavorables nécessite un changement de paradigme. Elle ouvre désormais la voie à l’adoption de mesures urgentes et efficaces en vue de renverser progressivement la tendance pour mieux répondre aux attentes de la population.