Plus ça change, plus c’est pareil! par Garry Muzeau

Plus ça change, plus c’est pareil! par Garry Muzeau post thumbnail image

21 septembre 2018 Rezo Nodwes

Vendredi 21 septembre 2018 ((rezonodwes.com))– Plus ça change, plus c’est pareil. Je ne suis nullement étonné que le nouveau gouvernement soit parti sur une note discordante qui entraînera dans son sillage d’autres décisions aussi anticonstitutionnelles et aussi antidémocratiques que cet écart pour le moins inquiétant.

Il est entré en fonction avec trois nouveaux ministères, créés de toutes pièces, que rien ne justifie si ce n’est que l’injonction qui lui a été, sans doute, faite pour satisfaire l’ego et l’appétit démesurés de quelques patrons au mépris de tout un peuple sans se soucier de ses oreilles, de ses yeux et de ses réactions potentielles parce qu’il ne compte pour rien dans la mouvance politique du moment. Au cours de la journée du 15 septembre 2018, un nouveau PM, son cabinet,en principe au complet, et l’énoncé de sa politique générale, après avoir reçu la veille le satisfecit du sénat, ont été ratifiés également par la chambre basse.

Il est donc normal que le peuple s’attende à assister au cours de la semaine à l’installation de chaque ministre dans son fief respectif et soit à l’écoute des nouvelles orientations que prendront ces institutions dans la mise en oeuvre de la présumée politique d’amélioration de sa condition de vie. Le peuple a été décontenancé dans ses attentes et ses espérances par un camouflet auquel il ne pouvait pas s’attendre. En effet du samedi 15, date de la naissance officielle du gouvernement Moïse-Ceant, au lundi 17 de ce même mois de septembre un événement inusité est venu piper les dés et emporter toutes les illusions de notre bon vieux peuple.

Ce bref exposé est ma perception de la réalité politique haïtienne d’aujourd’hui. Il se peut que je me sois égaré dans mon analyse parce que vraiment je n’arrive pas à saisir le sens et la portée de cette subite création de trois nouveaux ministères qui ont, de manière délibérée, évite la censure et la vigilance du parlement. Décidément plus ça change, plus c’est pareil. Ce nouveau duo sera-t-il plus performant dans la commission d’impairs que l’ancien couple Moïse-Lafontant?

Un pareil agissement est loin de recréer le climat de confiance qu’un gouvernement se doit de garantir pour assurer la stabilité politique et sociale, condition sine qua non de la bonne marche de toutes les institutions publiques et privées du pays. Ces prétendus nouveaux ministres qui n’ont pas reçu l’aval du parlement auront-ils le droit de fouler l’enceinte de cette assemblée? Pourront-ils être interpellés pour un quelconque contrôle ou explication sur leur gestion,si gestion il y aura.

Un gouvernement promet de réduire sa taille et son premier acte consiste en l’augmentation de son effectif, sans crier gare. Une telle incohérence entre le dire et le faire est le signe évident d’une absence totale de respect envers les mandants. Et un tel pied de nez se passe de qualification. Dire que nous n’en sommes qu’au tout début, qu’en sera-t-il demain et après-demain? Des ténors crient à tout bout de champ que la démocratie est le système politique en vigueur en Haïti. Pour ceux qui comprennent le fonctionnement de ce type de gouvernement, les possibilités , les droits et libertés qu’il accorde au peuple font de ce dernier, a travers ses représentants, je parle ici de la démocratie représentative telle qu’elle est sensée être en application chez nous, le détenteur légitime du pouvoir.

Mais dans la pratique en est-il vraiment ainsi? La fourberie qui caractérise généralement l’action des dirigeants remet perpétuellement en question les notions de crédibilité, de croyance et d’attente sincères de résultats probants dans quelle que soit l’entreprise initiée. Subir et en faire le constat tel est le sort qui est réservé au peuple haïtien. La santé, le logement, l’eau potable,l’éducation et des à la création d’emplois, des fonctions essentielles de tout etat responsable ont perdu toute leur pertinence dans la conduite des affaires du pays . Classé bon dernier dans la liste des pays pauvres, aucun mécanisme n’est proposé et mis en branle pour rompre ce cercle vicieux. Haïti, ma patrie, es-tu condamnée à languir encore longtemps dans cette situation?.

Je serais porté à croire que Mr. Ceant est tenu de produire des résultats tangibles et palpables. Mais cette croisade est-elle réalisable lorsque la réalité a laquelle il va devoir faire front est tout un pays gangrené jusqu’à la moelle par la corruption à quelque niveau que ce soit.C’est donc normal qu’il trébuchera sur un ou plusieurs obstacles a chaque détour et, qui pis est, l’arme la plus efficace sur laquelle il pourrait s’appuyer dans cette démarche téméraire devrait être la justice indépendante et impartiale. De la manière que cette dernière est contrôlée dans le pays, vassalisé tantôt par le pouvoir exécutif, tantôt par le pouvoir législatif, elle est tout simplement inopérante sauf dans les cas où les intérêts des ayants-droits et des nantis ne sont pas en jeu. En qualité d’homme de loi, le nouveau PM a émis maintes critiques au sujet de la CIRH.

C’est dire qu’il maîtrise le dossier mieux que plusieurs intéressés qui s’y sont frotté. Etant donné que le pouvoir a donné la garantie que toute la lumière sera faite sur l’utilisation abusive des fonds de Petrocaribe, entendra-t-on également des remous au sujet des fonds de la CIRH ou les deux affaires vont-elles sombrer graduellement dans l’oubli, ponctuées sporadiquement par le sempiternel l’enquête se poursuit. Remettre le pays sur les rails de la bonne gouvernance et ce par ces temps nuageux où tout est urgent parce que tout mérite correction est une vraie gageure.

La tâche est ardue certes mais elle n’est pas impossible. Ferdinand Marcos des Philippines a perdu le pouvoir 18 jours exactement après Jean-Claude Duvalier. Le Rwanda a connu un génocide dévastateur en 1993. Nous sommes en 2018, les Philippines affichent un revenu per capita de près de 4000 US.Viendra-t-il un jour que celui d’Haïti atteindra 2000 dollars US Le Rwanda sous la gouverne de Paul Kagame se targue d’être actuellement le fleuron économique et culturel de l’Afrique vingt-trois ans après une lutte fratricide qui a fauché près d’un million de ses fils. Nous de notre côté, nous faisons du sur-place. Quand sonnera alors l’heure de notre réveil et de notre prise en charge dignement et collectivement?

Cette nouvelle administration est mal partie. A un carrefour où toutes les sensibilités se sentent outragées par les performances négatives d’un pouvoir sans objectif clair et défini, a un moment où, les citoyens qui composent la masse critique de la nation ne savent à quel saint se vouer pour joindre les deux bouts, la stratégie la plus souple à adopter pour s’immiscer dans l’arene politique serait de faire profil bas tout en étant efficace et ne chercher à froisser aucune susceptibilité. Faire irruption sur la scène sur une note de provocation ne conduira qu’à exaspérer les nerfs déjà tendus presque à la rupture du peuple.

C’est un secret de polichinelle que les consulats et les ambassades du pays et ce depuis quelque temps, sont des sinécures que les petits amis des deux sexes du pouvoir visitent une fois par mois, le jour que les chèques sont délivrés et voilà que le pouvoir exécutif, empruntant la même voie, se convertit en sinécure pour assurer offices,salaires,frais de fonctionnement, véhicules officiels, chauffeurs et gardes du corps à trois protégés du régime. J’ai déjà prédit que trop c’est trop. Décider de tirer sur la corde jusqu’à l’extension la force toujours à se rompre.

En lisant le curriculum vitae de M. Ceant son profond désir de contribuer au changement du pays est exposé en filigrane. Et voici que le vaillant notaire se désavoue en effectuant un pas de trop. Si nous ne prenons pas la ferme décision de changer, nous hommes d’Haïti, rien ne changera car à répéter continuellement les mêmes bourdes, nous ne pouvons pas nous attendre à modifier les résultats.

Garry Muzeau
Garry@toursinhaiti.com
www.toursinhaiti.com
011.509.3444.2571