27 août 2018 Rezo Nodwes
Dans le rapport préliminaire portant sur l’exécution de la loi de Finances de l’exercice 2013-2014, la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) a indiqué que la « réhabilitation d’une place en temps normal ne saurait être placée sous le coup d’une urgence qui ne peut pas attendre et coûter 5 millions de dollars ». Confié à une firme sur la base d’un contrat gré à gré, ce projet est frappé d’une opacité qui crée un malaise autour de son exécution, ont estimé les vérificateurs qui n’ont pu retrouver aucune trace des travaux de construction de la route Jean Rabel – Môle Saint Nicolas. Alors, où sont passés les millions des fonds spéciaux de Laurent Lamothe?
Lundi 27 août 2018 ((rezonodwes.com))– Dans le cadre de la stratégie du Gouvernement de réhabiliter certaines villes du pays, Port de Paix a bénéficié d’un projet de rénovation qui devait coûter à l’Etat environ 12 millions de dollars américains dont 5 millions ont été avancés. Aucune autorité départementale n’était en mesure de fournir des informations sur le projet. La Cour a contacté, lors de sa visite de terrain, plusieurs Directeurs départementaux dont celui du Ministère des travaux publics qui a avoué sa méconnaissance de l’exécution de ce projet. Cependant, il a reconnu que seule la place d’Armes située en face de la cathédrale et la place Capois La Mort ont pu être réhabilitées.
Les travaux de réhabilitation de la place d’Armes de Port de Paix ont été confiés à une compagnie haïtienne dénommée SOHACO sur la base d’un contrat signé de gré a gré avec le maître d’ouvrage. Les travaux ont pris fin au début du mois de décembre 2013. La place d’Armes rénovée offre un espace de loisir accueillant aux riverains
Les autorités doivent s’assurer de l’utilisation efficiente des deniers publics en cherchant à obtenir le meilleur rapport qualité-prix. Elles n’y arriveront que si elles procèdent par appels d’offres pour les travaux publics. La réhabilitation d’une place en temps normal ne saurait être placée sous le coup d’une urgence qui ne peut pas attendre et coûter 5 millions de dollars, en tout cas pas celle qui a été visitée par la Cour. Force est de constater que cela est devenu une manière de faire du gouvernement qui consiste à entreprendre de nombreux travaux pour lesquels les contrats ont été signés de gré à gré sous l’égide de la loi d’urgence, sans solliciter du Parlement sa ratification.
Les critères retenus pour apprécier ce projet sont: a) l’amélioration des conditions de vie; b) la création d’emplois et la circulation des biens et des personnes.
a) Malgré le constat des travaux d’amélioration de la place publique de Port de Paix, ce projet est frappé d’une opacité qui crée un malaise autour de son exécution.
b) Les effets sur la création d’emplois n’ont pas pu être appréciés en raison de la façon dont les travaux ont été menés. La population constatait leur déroulement, sans comprendre ce qui se faisait, selon leur témoignage.
c) Quant aux travaux de la route Jean Rabel Môle Saint Nicolas, la Cour lors de sa visite n’a pas pu retrouver aucune trace de travaux de construction.
La Cour estime que ce projet a été totalement inefficace. Les cinq millions de dollars avancés sur les 12 millions représentant le coût estimé pour financer la rénovation urbaine de Port de Paix et le financement de la route Jean Rabel-Môle Saint Nicolas n’ont pas été justifiés ni globalement ni partiellement. La Cour estime que ce projet en plus d’être inefficace devra faire l’objet d’une investigation pour clarifier la façon dont les ressources publiques ont été dépensées.