JÉSULA SIMON: 7 AUGUST 2018 ACTUALITÉS LOCALES
Les locaux de l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti sont occupés par des immondices. Visiblement, ce n’est nullement un endroit où des personnes en quête de soins de santé devaient se rendre. Outre ce problème d’insalubrité, les malades se plaignent d’une absence d’assistance presque totale. Et les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la capitale haïtienne dans la soirée du dimanche 5 août ont mis de leur poids dans la balance de misère des malades : les salles d’urgence complètement inondées. N’était-ce la présence de certains de leurs parents, les malades ne sauraient à quel saint se vouer.
« Nous avons nous-mêmes fait des manœuvres pour repousser les eaux qui débordaient. Moi, mes membres sont devenus si faibles, j’ai tellement travaillé dans la soirée du dimanche 5 août. Nous avons cru, à un certain moment, que nous allions périr s’il continuait à pleuvoir. Les médecins nous ont laissés seuls faire face à cette situation difficile », se plaignent des parents de patients. Ces derniers s’indignent également par rapport au très mauvais fonctionnement du plus grand centre hospitalier du pays. L’HUEH est incapable d’assurer la prise en charge des malades.
« Des médecins dans un hôpital des Gonaïves m’ont transféré ici à l’hôpital général. A mon arrivée, j’ai appris que je devrais subir une intervention chirurgicale au niveau de mes pieds. Après quelques temps, des médecins viennent me dire qu’ils ne peuvent pas intervenir sur mon cas, puisqu’il n’y a pas de matériels nécessaires à cet effet à l’HUEH. Mais, ce n’est pas normal, les autorités doivent prendre leurs responsabilités », se lamente un patient.
L’HUEH, le plus grand centre hospitalier public du pays patauge depuis plusieurs années dans des conditions précaires dénoncées par de nombreux voix et secteurs de la société haitienne. Insalubrité indescriptible, des odeurs puantes se dégagent même dans les salles de services. Malades et personnel, tous sont exposés à des risques le fait de respirer les odeurs des locaux de cet hôpital.
A la base de ce troublant état de fait, se trouve entre autres le faible moyen alloué au Ministère de la santé publique qui, dans le budget 2017-2018 en cours, n’a qu’un budget de 6,14 milliards de gourdes alors, pince le Nouvelliste, celui du Parlement est de 7.2 milliards. Le media rapporte que “la notion de privilèges ou d’avantages n’existe pas vraiment pour ces médecins dans la fonction publique. Rares sont des directeurs d’hôpitaux qui ont droit à un véhicule de fonction.”
Le salaire mensuel brut pour un directeur médical dans un hôpital départemental est de 49 000 gourdes, celui du directeur médical dans un hôpital communautaire de référence, 47 500 gourdes, et le directeur médical dans un centre de santé n’a que 46 000 gourdes de salaire. Les médecins chefs de service gagnent 40 000 gourdes, les médecins spécialistes 38 000 gourdes et quant aux médecins généralistes 34 000 gourdes, souligne le journal.
Des salaires qui, selon le Dr Jessy Colimon, médecin de service et directrice de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), n’aident en rien les médecins dans la prise en charge de leur famille respective. Des médecins internes touchent 10 000 gourdes. 12 600 gourdes pour un médecin résident en première année.