28 juillet 2018 Rezo Nodwes
Un Billet de la Rédaction
Dans tout autre pays, la carrière du président du Sénat aurait pris fin… par une démission! Mais ici, nous sommes en Haïti où nos « hommes d’état » n’ont plus le sens d’avoir honte
Port-au-Prince, samedi 28 juillet 2018 ((rezonodwes.com))– Comme un éléphant dans un magasin de porcelaines (pour reprendre sa boutade à Martelly), le président du Sénat de la République, Joseph Lambert, a accumulé les bourdes durant ces derniers jours.
A chacune de ses sorties médiatiques, le représentant du Sud-Est au Grand Corps, qui avait, sans aucune gêne, noyé une séance en continuation dans une séance à la sauvette, pour tenter de sauver ses compagnons de fortune du déluge de la dilapidation des fonds de Petro-Caribe, s’est encore enfoncé un peu plus en révélant, avec une bonhomie déconcertante, ses accrocs aux lois et à la décence.
Non content d’entrer en conflit sur la place publique avec un sénateur se trouvant sous sa direction en tant que président de corps et qui est en plus, son corrégionnaire, le président Lambert se dédit en traitant Ricard Pierre de voleur de génératrice, alors qu’auparavent, il avait pris sa défense en qualifiant d’idiots les détracteurs de son collègue qui, à cette période, était en odeur de sainteté pour lui avoir accordé son vote.
La riposte cinglante de Ricard Pierre, révélant un contrat juteux pour une résidence officielle, a fait sortir de ses gongs le président Lambert qui a eu du mal à convaincre l’opinion publique de la nécessité pour le parlement de dépenser plus de sept millions de gourdes pour la location d’une propriété, restée d’ailleurs inhabitée six mois plus tard.
En s’agitant comme un diable dans un bénitier, le Père Conscrit a fini par faire découvrir un autre pot aux roses en voulant fustiger un internaute qui l’aurait critiqué pour avoir emprunté de l’argent au bénéfice d’une entreprise de location de voitures portant le nom de son fils Brad.
Mais une fois de plus, Joseph Lambert a tenté de se justifier en avançant qu’il est solvable et qu’il a parfaitement le droit de mettre le nom de son fils dans son entreprise.
Le hic, c’est que le prêt en question lui a été accordé, non pas à cause de sa solvabilité ou sur la base d’un projet sérieux,, mais à cause de sa position au sein du pouvoir. De plus, la mission du Fonds de Développement Industriel (FDI) est, comme le nom l’indique, de promouvoir le développement industriel dans le pays, alors que Lambert et son fils opèrent une entreprise de services, probablement sous contrat avec l’administration publique, en violation de l’article 131 de la constitution haïtienne.
Pour noyer le poisson, trop énorme, le sénateur est même allé jusqu’à demander à ses pairs de se lancer, eux aussi, comme entrepreneurs.
On aura tout vu, tout entendu!