23 juillet 2018 Rezo Nodwes
par James Marc Donald ORPHÉE
Dans le cadre de la régénération sociale du pays, il faut éradiquer ce phénomène de la transhumance politique pour créer une nouvelle typologie de mœurs politiques, pour éclairer le choix des électeurs, pour en finir avec les opportunistes, nos véreux politiciens sans vergogne et sauver le peuple de ses renégats prêts à tout pour s’enrichir au détriment du peuple haïtien
Lundi 23 juillet 2018 ((rezonodwes.com))– Le terme Transhumance vient de 2 (deux) mots latins ‘’trans’, signifiant de l’autre côté et ‘’humus’’ (la terre, le pays); Sa signification au sens stricto-sensu décrit une migration par période de bétail vers des prairies plus abondantes. Phénomène qu’on étudie dans les sciences ayant rapport direct avec l’environnement.
En réalité, ce phénomène , de manière originelle, est applicable au monde animal et qui désigne dans son acception primitive ou bestiale le mouvement naturel et vital d’un troupeau à la recherche de verts pâturages ou de sources de subsistance comme on le remarque chez les zèbres ou les buffles traversant les lacs ou les fleuve à leurs risques et périls
De ce point de vue, la transhumance animale peut être comprise comme un mouvement instinctif ou spontané de l’animal à trouver des moyens de subsistance pour assurer sa survie. En ce sens, cette migration animale ou transhumance est donc inscrite dans les gènes de l’animal et est loin d’être volontaire ou réfléchie.
Cependant, le terme de « transhumance » est utilisé dans l’univers politique pour élucider ce mouvement- du terme grec » trans » – qu’effectue un homme politique quittant une formation politique pour rejoindre directement ou indirectement une autre formation politique. Dans un premier temps, son choix peut être motivé par l’instinct de survie, comme c’est le cas pour la bête. À ce point, la transhumance de l’homme politique traduit un acte opportuniste, calculé, pensé, découlant d’une stratégie de positionnement politicien visant à assouvir la soif de pouvoir ou de privilèges » de l’animal politique » qui sommeille en lui.
La transhumance politique devient alors « trans-humanité » parce qu’elle a tendance à détruire l’humanité en nous par une espèce de corruption et de détournement des valeurs qui sous-tendent la vie commune, par un divorce avec la RES PUBLICA (la chose publique en latin) et par une consécration et une prédominance obsessionnelle des intérêts privés et mesquins sur l’intérêt de tous, par le triomphe des volontés particulières sur la volonté collective, au détriment de la volonté collective.
Ce phénomène de transhumance politique n’est pas rare dans l’histoire de l’humanité. Depuis la nuit des temps, il a été remarqué dans plusieurs contrées. Cependant sa récurrence, sa recrudescence et son intensité sont plus remarquées dans les pays où les institutions sont faibles ou fragiles, où les valeurs sont un crime, où c’est l’impunité qui règne.
En Haiti, la transhumance est, par un processus conscient et incendiaire, classée comme le sport favori de la classe politique de telle sorte qu’elle a réussi à faire voler en éclats les clivages idéologiques, à brouiller les convictions politiques, à anéantir les partis politiques, pour céder la place à un imbroglio politique impossible à démêler même par les politologues les plus chevronnés et les techniciens de la vie politique.
C’est pourquoi dans le paysage politique haïtien il est assez facile de voir un lavalassien se muer tour à tour en un « Phtkiste » et un Duvaliériste de première heure en un démocrate.
Il faut dire que ce n’est pas le changement de camp ou de parti politique qui pose problème. Car le champs politique n’est pas celui de la religion, où l’on doit rester ferme à ses convictions, même si les choses vont mal. Mais ce sont les alibis que les politiciens véreux haïtiens utilisent pour étayer leur changement de camp du genre: » kote pèp la bezwen nou, se la n ap ye… » Le président m’a appelé , c’était un devoir de lui répondre…. » En réalité, il s’agit d’alibis grotesques, de justifications creuses et de discours sophistiques dont ils sont les seuls à avoir le secret.
De plus, la transhumance politique haïtienne se traduit aussi par une feinte visant à créer un parti politique à l’orée des élections dans l’optique de faire preuve de bonne conscience ou de faire amande honorable auprès du peuple.
Ces caractéristiques de la transhumance politique décrivent bien le sénateur Joseph Lambert, qui ignorant tout de la politique comme science, se fait appeler Animal politique. Le pire est que cette dérision de l’Animal politique d’Aristote a été divulguée par une certaine presse haïtienne comme une bonne expression. Alors qu’il n’est que quelqu’un faisant de la transhumance politique.
De 1990 à nos jours, Joseph Lambert joue toutes les cartes rien que pour trouver les délices du pouvoir pour s’enrichir quitte à renier ses positions. Parlons du Lambert qui a comparé le président Martelly à un » Éléphant dans un magasin de porcelaine » et, quelques mois plus tard, il deviendra son conseiller patenté.
Rappelons nous de ce Lambert qui a déclaré que Jude Célestin avait gagné l’élection présidentielle de 2010 avec plus de 52 % des voix et qui, au final, s’est défait de sa déclaration pour un poste politique. Je prends seulement ces deux exemples forts. Il a changé de position parce qu’il voulait bénéficier des largesses du pouvoir et que celui-ci, à son tour, a tiré profit de ce partenariat de circonstance en jouant sur « la cupidité et la vulnérabilité » du premier.
Au lieu d’être un Animal politique, Joseph Lambert est plutôt, excusez du néologisme, un trans-humain. En tout cas, je veux dire celui qui est delà de l’humain. Ce n’est qu’un « monstre froid », pour reprendre les mots de Nietzsche, qui ne place guère les intérêts du peuple au premier plan. Sa fortune peut en témoigner.
Dans le cadre de la régénération sociale du pays, il faut éradiquer ce phénomène de la transhumance politique pour créer une nouvelle typologie de mœurs politiques, pour éclairer le choix des électeurs, pour en finir avec les opportunistes, nos véreux politiciens sans vergogne et sauver le peuple de ses renégats prêts à tout pour s’enrichir au détriment du peuple haïtien.
James Marc Donald ORPHÉE