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Dirigeants de la même génération (40 et 46 ans), chantres du libre-échange et du multilatéralisme, MM. Trudeau et Macron veulent accorder leurs violons avant le début des hostilités. (Crédit photo : AFP)
Des discussions “difficiles” avec les États-Unis sont à prévoir au sommet du G7, qui s’ouvre vendredi au Québec, a prévenu mercredi le Canadien Justin Trudeau, qui veut afficher avec Emmanuel Macron un front commun dans la guerre commerciale opposant Washington à ses alliés.
Le président français, arrivé à Ottawa peu après 15H00 (19H00 GMT), doit retrouver le Premier ministre canadien pour resserrer leurs liens et “aligner” leurs positions face au président américain Donald Trump dont les mesures protectionnistes fracturent déjà le G7.
“Il va y avoir des conversations franches et parfois difficiles autour de la table du G7, particulièrement avec le président américain sur le commerce, sur les tarifs” douaniers imposés notamment à l’UE, le Canada et le Japon, a averti M. Trudeau, dont le pays exporte à plus de 70% vers les États-Unis.
“L’ordre économique mondial est sous attaque”, a même lancé le ministre canadien du Commerce international François Philippe Champagne. Le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, a voulu apaiser les esprits en évoquant de simples “différends commerciaux”. “Il peut y avoir des désaccords, comme lors d’une querelle familiale”, a-t-il dit.
Dirigeants de la même génération (40 et 46 ans), chantres du libre-échange et du multilatéralisme, MM. Trudeau et Macron veulent accorder leurs violons avant le début des hostilités.
Ils doivent se retrouver à 16H00 (20H00 GMT) au Parlement fédéral d’Ottawa pour une séance de travail à deux, suivie d’un entretien élargi avec cinq ministres, avant de retrouver leurs épouses Brigitte Macron et Sophie Grégoire Trudeau pour un dîner privé dans un chalet en bois, au bord d’un lac.
Lors de cette première session de travail, ils évoqueront les relations bilatérales “qui vont très bien” et souligneront “les défis que l’on va avoir autour de la table du G7 pour être sûr que l’on soit alignés”, a observé Justin Trudeau.
Ils auront ensuite l’occasion d’exposer leurs convergences de vue jeudi matin lors d’une conférence de presse.
L’Union européenne et le Canada avaient dans un premier temps obtenu un sursis mais à leur grande déception, Donald Trump leur a finalement appliqué les mêmes taxes qu’aux autres.
Depuis vendredi, Européens et Canadiens ont durci le ton face à Washington.
Emmanuel Macron a assuré qu’il “aura de nouveau au G7 une discussion utile et franche avec le président Trump”. “Cela n’enlève rien à l’amitié que nous avons l’un pour l’autre et à l’amitié qui lie nos deux pays”, a-t-il souligné.
Justin Trudeau avait lui aussi joué la carte de la cordialité avec son grand voisin et assurait en mars que le président américain lui avait promis d’épargner les Canadiens. Il est passé à l’attaque en annonçant des taxes de 16,6 milliards de dollars canadiens (11 milliards d’euros) sur des produits américains.
Autre pomme de discorde entre Ottawa et Washington, l’avenir de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna) qui lie Canada, Etats-Unis et Mexique : Washington envisage désormais des négociations séparées. Justin Trudeau y est opposé, se disant “convaincu que l’Aléna est extrêmement positif”.
Le président français se rendra ensuite à Montréal pour rencontrer le Premier ministre québécois Philippe Couillard, avec qui il devrait notamment parler francophonie, intelligence artificielle et échanges commerciaux et culturels.
Il poursuivra vers La Malbaie, petite ville à 140 km de Québec surplombant le fleuve Saint-Laurent, où se déroule vendredi et samedi, dans un grand hôtel ultra-sécurisé, le sommet du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie et Japon).
Le sommet risque aussi de refléter l’isolement de Washington sur plusieurs autres fronts, comme le multilatéralisme et la lutte contre le réchauffement climatique.
Les Européens sont également irrités et inquiets de la décision américaine de sortir de l’accord sur le nucléaire iranien, en faisant pression sur leurs entreprises pour qu’elles quittent l’Iran.
Au-delà des thèmes officiels prévus (croissance inclusive, avenir du travail et du commerce, paix et sécurité, égalité femmes-hommes, changement climatique), la difficulté sera de tomber d’accord sur un communiqué final avec les Etats-Unis.
Déjà en 2017, lors du précédent G7 en Italie, les Etats-Unis avaient refusé de signer la déclaration finale pour cause de retrait de l’accord de Paris sur le climat. Ils ont aussi refusé de signer la déclaration finale de la réunion annuelle de l’OCDE, la semaine dernière à Paris, rejetant les négociations multilatérales jugées inefficaces.
Le G7 Finances, tenu en fin de semaine dernière, n’a pas non plus donné lieu à une déclaration commune, prenant des airs de “G6 + 1”, selon le ministre français des Finances Bruno Le Maire.