«La Chine promet à la République Dominicaine 3,1 milliards de dollars d’investissements, d’aides financières et de prêts à faible taux incluant 400 millions pour une autoroute, 1,6 milliard pour des projets d’infrastructure et 300 millions pour une centrale au gaz naturel », a expliqué l`économiste haïtien Etzer Émile
Mardi 1er mai 2018 ((rezonodwes.com))– La République dominicaine a annoncé mardi l’établissement de relations diplomatiques avec la Chine et la rupture immédiate des liens avec Taiwan.
La décision de Santo Domingo représente un coup diplomatique dur pour Taipei, qui a vu son soutien international en Amérique centrale diminué ces dernières années sous la pression de la Chine. Ce changement, qui intervient peu après le Panama, montre le durcissement de la pression exercée par Pékin sur Taiwan, dont les dirigeants craignent un rapprochement entre les deux parties.
L’accord officialisant les liens entre la Chine et la République dominicaine a été signé par les détenteurs des affaires étrangères des deux pays, Wang Yi et Miguel Vargas, à Beijing. Grâce à ce document, Santo Domingo reconnaît « qu’il n’y a qu’une seule Chine dans le monde, que le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul représentant légal de ce pays et que Taiwan est une partie inaliénable du territoire chinois ». C’est, pour Pékin, une condition indispensable pour l’établissement de relations diplomatiques avec tout autre Etat.
«Une nouvelle étape stratégique avec un œil pour contribuer au progrès de notre pays ouvre », a déclaré le ministre dominicain des Affaires étrangères à Beijing, Efe. Avec cet accord, ce qui implique l’ouverture d’ambassades dans les deux pays dès que possible, la République Dominicaine ferme près de huit décennies de relations avec Taiwan. A Taipei, le ministère des Affaires étrangères a également donné fin à ses liens avec le pays des Caraïbes « pour la dignité nationale » et attribue le changement aux promesses de Pékin, de « vastes incitations financières. » Tous les projets de coopération et d’aide seront suspendus immédiatement, a indiqué l’agence dans un communiqué.
Taiwan a vu deux principaux alliés en Amérique centrale et dans les Caraïbes établir des relations avec la Chine en moins d’un an: le Panama et la République dominicaine. Le Costa Rica l’a fait en 2007. Taipei a perdu des partenaires officiels depuis 1971, date à laquelle il a été contraint d’abandonner son siège aux Nations Unies à Beijing. L’île autonome a tenté de prendre pied dans la communauté internationale, mais Pékin n’accepte pas que d’autres pays entretiennent des relations officielles avec Taipei parce qu’elle considère qu’elle fait partie de son territoire.
Et, surtout dans les périodes comme celle d’aujourd’hui – avec un gouvernement à Taiwan qui n’a pas la priorité de se rapprocher de Pékin – la Chine a utilisé son pouvoir économique et son influence mondiale pour isoler diplomatiquement l’île. Taiwan entretient désormais des relations formelles avec 19 pays: dix en Amérique latine et dans les Caraïbes, six en Océanie, deux en Afrique et un en Europe (le Vatican).
Le ministre dominicain des Affaires étrangères n’a pas précisé les projets qui ont été discutés avec la Chine, mais a parlé des opportunités « en termes de commerce, d’investissement, de financement, de tourisme et d’éducation ». À Taipei, le ministère des Affaires étrangères a qualifié ces engagements de «fausses promesses» et a accusé Beijing d’avoir utilisé la «diplomatie du dollar». Malgré l’absence de relations formelles, la Chine était l’année dernière le deuxième partenaire commercial de la République dominicaine et son commerce bilatéral a dépassé les 1.700 millions de dollars, selon les données des douanes chinoises.
Les liens entre la Chine et Taiwan se sont améliorées de manière significative pendant la durée de Ma Ying-jeou (2008-2016) dans la mesure où cette rencontre en 2015 avec le président chinois Xi Jinping. Au cours de cette période, Pékin a réduit ses pressions pour «arracher» des alliés à l’île. Ce pacte tacite a été rompu avec l’arrivée du président du Progressive Tsai Ing-wen, qui maintient la position beaucoup plus sceptique envers la Chine que son prédécesseur.
Taipei ne compte plus désormais que dix-neuf Etats le reconnaissant, parmi lesquels le Vatican, des pays du Pacifique, en Amérique latine (Honduras, Guatemala, Nicaragua…) ou en Afrique (Burkina Faso). Haïti, qui partage l’île d’Hispaniola avec la République dominicaine, reste fidèle à Taïwan.
En avril 2016, après la victoire électorale de Tsai et même avant son investiture, Pékin a annoncé l’établissement de relations avec la Gambie. Quelques mois plus tard, en décembre, c’était au petit archipel africain de Sao Tomé et Principe de faire le grand saut. Puis ce fut le tour de Panama et mardi celui de la République Dominicaine.