Le racisme hante les Haïtiens qui migrent au Chili. Le journal TV5 Monde vient de publier un reportage de 3 minutes où l’on peut recueillir quelques témoignages de plusieurs migrants haïtiens qui disent avoir été au moins une fois victime de racisme.
Ernst Yngignack, alias Black Peat, un rappeur d’origine haïtienne raconte une scène qu’il a vécue une fois dans un train. « Un jour dans le métro, un homme m’a demandé de me lever alors qu’il y avait 4 sièges libres à côté de moi. J’ai dû me lever, je n’avais pas le choix ! Cet homme m’a humilié. Et pourquoi ? À cause de ma couleur de peau », explique-t-il dans le vidéo reportage.
Le 6 avril dernier, Tendencias, le journal le plus lu au Chili a publié les résultats d’un ensemble de 10 questions qu’il avait demandé à des Chiliens de répondre sur les Haïtiens. Parmi lesquels, on aperçoit cette interrogation raciste, dénoncée d’ailleurs par TV5 Monde : « Trouvez-vous que l’odeur des Haïtiens est différente des Chiliens ? ».
«Je dois lutter pour atteindre mon objectif, j’essaie donc de banaliser les autres choses négatives. On est obligés. Comme on peut le voir, là où on vit, c’est un peu misérable, mais on s’adapte», lit-on dans le témoignage d’Enock Pongnon. Professeur au chômage en Haïti, ce dernier a décidé de tenter l’aventure au Chili.
Edmie et Ed Laguerre, un frère et une sœur ont également raconté comment le Chili a changé leur condition socioéconomique. Ils détiennent respectivement une maitrise universitaire, mais sont restés au chômage en Haïti.
«Ici vous n’avez pas de famille, vous êtes loin de votre pays, il faut payer le loyer, il faut survivre, raconte Edmie. (…) Mais c’est mieux qu’en Haïti, et pas seulement pour moi. Je dirais que c’est le cas pour pas mal d’Haïtiens», raconte Edmie Laguerre qui travaille en tant que femme de ménage au Chili. Son frère, quant à lui, a voulu se perfectionner dans son domaine, mais n’a pas pu.
Les autorités chiliennes ont enregistré avant l’introduction du visa obligatoire l’année dernière une arrivée importante d’Haïtiens. Selon Rodrigo Delgado, maire du quartier Estación Central de Santiago, «beaucoup d’Haïtiens viennent directement de l’aéroport, et ils nous demandent où ils vont passer la nuit. Ils viennent parce que quelqu’un leur a dit que nous allions leur fournir un logement, mais évidemment, c’est complètement faux».
Pour ralentir le flux de ces migrants, Delgado a demandé au rappeur haïtien, Ernst Yngignack, d’expliquer les conditions de vie dans le pays à ses compatriotes en créole à travers une chanson.
En 2017, au moins 100,000 Haïtiens sont arrivés vers le Chili pour fuir les mauvaises conditions socioéconomiques de leur pays. Le président chilien, Sebastián Piñera a pris un ensemble de mesures permettant de réduire le flux des migrants haïtiens.