octobre 20, 2018
Sévèrement frappée par le séisme, depuis deux semaines, la commune de Gros-morne est à genou. Les stigmates de la catastrophe sont encore visibles sur toutes les maisons du centre-ville. Les victimes sont [on ne peut plus] traumatisées. Environ 80% d’entre elles sont dans la rue. L’administration communale qui devrait les accompagner n’est pas en mesure d’accomplir son devoir. Jusqu’à date, elle attend l’aide de l’éxecutif.
Les gens ont l’envie de reprendre leurs activités. Malheureusement, ils disent n’avoir aucun accompagnement. Se sentant abandonnés par les autorités constituées, presque tous les victimes se plaignent de leur sort. Elles ne sont pas nombreuses les personnes qui ont une tente. En raison du mauvais état des maisons, beaucoup de sinistrés dorment sur la chaussée. A la belle étoile ! Les conditions météorologiques ne jouent pas toujours en leur faveur. « Après une journée de soleil, des fois, nous passons la nuit sous la pluie », s’est désolée Mme Emmanuelle Charité, mère de trois enfants. Une partie de son toit s’est effondré. Sa famille a été échappée de justesse.
Les gros-mornais ne sont pas habitués avec les séismes de forte magnitude. Selon leurs déclarations, jusqu’à présent, ils n’ont bénéficié d’aucune assistance psychosociale. Ils ont la peur au ventre. Le pire, de temps à autre, les sinistrés disent ressentir des répliques. Le traumatisme est palpable sur leur visage. « Mon esprit n’est pas en paix. Je vibre sans arrêt », a témoigné une sexagénaire qui ne sait quoi faire pour retrouver son équilibre. « Même une génératrice en marche me dérange », a expliqué Shelda, une jeune commerçante qui digère plus le son des moteurs. Elle avoue avoir du mal à se rasséréner. D’autres victimes angoissées passent toute leur journée dans des églises afin d’implorer le pardon de Dieu.
Près de 80% de la population sont touchées par le tremblement de terre, a confirmé Mme Looligne Alexis, membre du conseil municipal. Elle s’est dite consciente des problèmes auxquels font face ses administrés. « Concrètement, pour aider les victimes, nous n’avons aucun moyen », a déploré la mairesse. Elle a indiqué que les promesses du Président de la République, Jovenel Moïse, et des organisations non gouvernementales (Ong) ne sont pas encore honorées. En ce qui a trait aux aides, Mme Alexis souhaite recevoir des matériels pouvant aider la mairie, dans le meilleur délai, à reloger les sinistrés. “Des psychologues nous seront également utiles”, a souligné la responsable.
La semaine écoulée, les victimes avaient manifesté dans la rue pour dénoncer la détérioration de leurs conditions de vie déjà précaires. Ils ont fustigé le silence de l’administration communale. Les protestataires s’en sont également pris au Chef de l’Etat, Jovenel Moïse. « Le Président était venu nous parler de ses projets de route et d’électricité 24/24. Tandis que nous dormons dans la rue », ont critiqué les manifestants. Très prochainement, ils menacent d’occuper le béton pour forcer les autorités à les assister.
JC